Le 51e État américain? Un rêve, pour certains Canadiens

AFP
Les menaces d'annexion de Donald Trump indignent bon nombre de Canadiens, mais pour Dave Bjorkman, c'est un «rêve qui deviendrait réalité».
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Ils sont une minorité comme lui, principalement issus de l'ouest canadien, partie traditionnellement plus conservatrice du pays, mais ils s'activent, motivés par les multiples déclarations du président américain sur le sujet.
«C'est incroyable. Je n'aurais jamais imaginé qu'après les élections, Donald Trump dirait: ‘’Le Canada, 51e État"», raconte Dave Bjorkman, qui a fondé un Parti des constitutionnalistes canadiens (non reconnu officiellement).
«Je me suis donc mis au travail. C'est le rêve: nous pouvons prendre le meilleur du Canada et l'appliquer aux États-Unis, et le meilleur des États-Unis peut être appliqué au Canada», explique-t-il.
Selon lui, l'économie américaine offre des possibilités alors que le Canada est entravé par une bureaucratie pesante. À l'inverse, son pays dispose d'un système de santé publique universel qui serait un modèle au sud de la frontière. Et les Canadiens seraient idiots de laisser passer la possibilité de devenir le 51e État.
Emballés par la proposition, certains adeptes de cette idée s'organisent.
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Ils sont quelques dizaines réunis dans un petit restaurant de bord de route à Mirror, dans la province de l'Alberta (ouest), à discuter des mérites d'une union politique avec les États-Unis.
Sur les murs, des affiches où les drapeaux américain et canadien sont mêlés, des pancartes «Protégeons la liberté d'expression, mettons fin à l'ingérence de l'État» mais aussi des maillots «51e Etat» ou des slogans de Donald Trump.
Seuls 9% des Canadiens souhaitent que leur pays rejoigne les États-Unis. Mais en Alberta, province politiquement conservatrice et coeur de l'industrie pétrolière canadienne, 23% des gens soutiennent Donald Trump, selon un sondage réalisé en mars par la firme Léger.
Pour Peter Downing, l'un des organisateurs de la réunion, l'annexion est une solution à un problème plus vaste: la fracture entre l'ouest et l'est du Canada.
«Nous devons nous séparer du Canada. Que vous soyez en faveur du 51e État, comme moi, ou que vous pensiez que l'Alberta devrait avoir son propre pays, ou n'importe quoi d'autre. Nous devons tous nous rassembler pour un référendum sur la séparation», estime ce travailleur du pétrole de 43 ans.
Une «menace pour l'unité nationale»
Les déclarations de Donald Trump dominent le débat au Canada actuellement et rebattent les cartes de la politique nationale, alors que le pays se rend aux urnes pour des législatives anticipées le 28 avril.
Si le mouvement indépendantiste du Québec francophone est bien identifié depuis des décennies, le séparatisme de l'ouest du pays est moins connu. Mais l'enjeu a refait surface à la faveur de la campagne électorale.
«La différence, cette fois-ci, c'est que nous avons Donald Trump de notre côté», lance Peter Downing.
«Un grand nombre d'habitants de l'ouest du pays ne supporteront tout simplement pas quatre années supplémentaires de gouvernement libéral», a estimé récemment Preston Manning, l'un des fondateurs idéologiques du Parti conservateur moderne.
Citant «la mauvaise gestion des affaires nationales» au cours de la décennie de pouvoir des libéraux sous l'ex-Premier ministre Justin Trudeau, il estime qu'une victoire de Mark Carney, le candidat libéral, serait «une menace pour l'unité nationale».
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Dans ces provinces conservatrices, la politique de protection de l'environnement, qui limite l'industrie pétrolière, préoccupe une région dont c'est la principale ressource. «Le soutien à la sécession de l'Ouest s'accroît donc», affirme Preston Manning.
Selon un sondage réalisé en avril par l'Angus Reid Institute, un tiers des habitants de l'Alberta et de la province voisine de la Saskatchewan sont favorables à l'idée de quitter le Canada si les libéraux, favoris dans les sondages nationaux, remportent un nouveau mandat.
Pour Natasha Crouser, fervente partisane du président américain, «ce qui est primordial, c'est de retrouver nos libertés: si cela signifie être le 51e État et rejoindre les États-Unis, c'est ce qu'il faut faire».