Laurent Paquin célèbre ses 30 ans de carrière: «Je ne croyais pas à mes chances en humour»
L’humoriste touche-à-tout pensait faire une carrière en journalisme


Raphaël Gendron-Martin
Au début des années 1990, le jeune Laurent Paquin pensait faire une carrière sérieuse en journalisme. Il avait commencé des études dans ce domaine, avant que l’appel de l’humour ne soit trop fort pour l’ignorer. Trente ans plus tard, après avoir lancé cinq spectacles de stand-up tous très bien accueillis et participé à une multitude d’autres projets artistiques, l’humoriste de 53 ans ne regrette pas d’avoir emprunté cette voie.
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Alors qu’il entame la dernière portion de sa tournée Crocodile distrait – son quatrième spectacle consécutif à franchir le cap des 100 000 billets vendus –, Laurent Paquin est revenu avec Le Journal sur ses 30 premières années de carrière.
C’est en juillet 1995, à l’âge de 23 ans, qu’il a obtenu son diplôme de l’École nationale de l’humour. Dans sa classe cette année-là se trouvait l’une des plus fortes cohortes que l’ÉNH n’ait jamais connues: Martin Matte, Mike Ward, Daniel Grenier et Francis Cloutier (Les Chick’n Swell), Martin Perizzolo, Guylaine Guay et Julien Tremblay.

«C’était une gang un peu délinquante, se souvient Laurent. On avait des cours où il fallait faire de l’impro, d’autres où on apprenait à faire des gestes, de la rythmique, de la danse. Tu disais à Martin Matte d’improviser un personnage... C’était comme particulier! Tout le monde voulait juste faire du stand-up.»
Cégeps en spectacle
Quelques années plus tôt, Laurent avait pris la direction du Cégep de Jonquière, convaincu qu’il allait faire une carrière en journalisme. Accepté dans le programme Art et technologie des médias, il s’était dirigé vers l’option radio.
Parallèlement, son intérêt pour l’humour l’avait poussé à présenter un numéro comique au concours Cégeps en spectacle. «J’avais gagné en faisant un chansonnier granola qui avait des petites lunettes rondes à la John Lennon», se souvient Laurent.
Malgré cet appel de la scène, il s’était trouvé des petits boulots sérieux en lisant les nouvelles et en faisant des reportages dans des stations de radio régionales.
Comme jouer dans une ligue de garage
«Je ne croyais pas à mes chances en humour, confie-t-il. Je faisais ça comme un p’tit cul qui s’amuse à l’école, au secondaire, puis au cégep. Quand on me disait: t’es bon, tu devrais faire ça, je n’y croyais pas. [...] Je me disais que ça prenait bien plus que ça pour faire de l’humour. J’avais l’impression d’être comme un gars qui joue au hockey dans une ligue de garage. Je ne jouerais jamais dans la Ligue nationale.»
Quand il a annoncé à ses collègues de radio qu’il quittait son emploi pour aller étudier à l’École nationale de l’humour, en septembre 1994, ceux-ci ont été plutôt surpris. «Ils m’ont dit: toi, t’es drôle? Les gens ne savaient pas que je pouvais être drôle. Ça me faire rire d’y penser aujourd’hui.»

Le verre à moitié vide
Trente ans plus tard, force est d’admettre que Laurent Paquin a bien fait de suivre ses instincts. Même si ses échecs se sont faits plutôt rares durant ces trois décennies, l’humoriste admet ne pas avoir le bonheur facile. «J’ai tendance à voir le verre à moitié vide», reconnaît-il.
Il explique que même si ses projets connaissent du succès et que tout semble aller bien, il a souvent l’impression que tout va mal. «C’est peut-être pour ça que je suis bon aussi, parce que tout n’est pas à mon goût. Je travaille quand même là-dessus.»
«J’ai une psy que je vois assez régulièrement, poursuit-il. Des fois, elle me dit: je sens que tu es plus ouvert aux bonnes choses qu’avant. Je dis: merci, je m’améliore un peu. C’est aussi qu’en vieillissant, je m’en sacre un peu plus! [rires]»