L’antre d’un fanatique de VHS d’horreur
Un Repentignois garde une collection de quelque 10 000 cassettes, dont environ 1000 titres d’épouvante


Louis-Philippe Messier
À Montréal ou tout près, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Lorsqu’il entend les mots DVD ou Netflix, Johnny grimace. Lui, veut des cassettes VHS, rien d’autre ! Ce monteur d’acier est prêt à faire des heures de route pour dénicher des titres rares qui valent parfois plusieurs centaines de dollars.
Johnny, c’est Jonathan Fillion, 43 ans, de Repentigny.
« Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’ai vu un film récent, je découvre constamment des vieux films des années 1970 ou 1980 en cassette que je n’ai pas encore écoutés, alors je n’ai jamais le temps pour les nouveautés », me confie ce fanatique du VHS pendant que je visite le sous-sol voué à son imposante vidéothèque.

Celle-ci à des allures de musée. De nombreux artefacts cinématographiques, principalement en rapport avec l’horreur, la décorent. L’humidité du lieu est maintenue au niveau minimal pour la préservation des VHS.
- Écoutez l'entrevue de Jonathan Fillion alias Johnny le fanatique de VHS d’horreur au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
En français
Si Johnny collectionne exclusivement des VHS en français (quelque 10 000), ce n’est pas seulement par amour pour sa langue maternelle, c’est aussi pour la rareté.
« Tous les VHS anglais sont disponibles pour 50 cennes, mais les versions doublées en français, surtout en québécois, sont très rares et elles se vendent parfois plusieurs dizaines ou centaines de dollars », m’explique-t-il.
Au pied de l’escalier : une statue grandeur nature de 6 pi et 2 po de Michael Myers, le personnage du tueur maniaque au masque blanc des films Halloween (ou La Nuit des masques dans sa traduction québécoise rarissime).
« Je garde ma poupée originale de Chucky dans une cage de métal cadenassée pour rassurer ma fille de 7 ans qui craignait qu’elle s’anime la nuit », dit-il.
Halloween perpétuelle
Il y a deux télévisions et six lecteurs VHS au sous-sol. Il y en a un au salon en haut et un dans la chambre de son enfant.
« Ma fille a écrit à l’école une lettre où elle exprime le souhait de recevoir plus de cassettes VHS, alors le prof a trouvé ça spécial », raconte en riant la conjointe de Johnny, Nathalie Gaudet.
« Jusqu’à maintenant, je suis parvenue à le limiter au sous-sol. Je ne veux pas que la vidéothèque déborde vers l’étage du haut, mais ça va sans doute finir par arriver », dit-elle, philosophe.
En raison de la prédilection du couple pour les films d’épouvante (environ 1000 cassettes), toute la maison semble décorée pour l’Halloween 365 jours par année.
Shack à Johnny

« J’aime tellement les VHS et les films d’horreur que j’ai eu envie de partager ma passion dans un groupe Facebook que j’ai appelé “Le Shack à Johnny”, c’est le nom que je donne à mon sous-sol. »
Heureuse coïncidence, Johnny est aussi le prénom du personnage principal d’un des meilleurs films d’horreur de tous les temps, The Shining, réalisé par Stanley Kubrick, avec Jack Nicholson.
Chaque jour dans son groupe, Johnny publie une photo du VHS qu’il va regarder dans la soirée.
Aux fins de ce reportage, je prévoyais écouter un classique en VHS dans son shack, peut-être Massacre à la tronçonneuse (ou à la scie), mais comme Johnny devait se lever à 4 h le lendemain pour son travail sur le chantier de la nouvelle tour de la Banque Nationale à Montréal, ça m’a paru plus raisonnable de laisser le gars dormir.
Dommage. J’avais apporté du maïs soufflé.