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L'article provient de Le Journal de Québec

Langues officielles: un sommet de plaintes en 10 ans pour Air Canada

L’entreprise est toujours incapable d’offrir un service bilingue au pays

Le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, lorsqu’il a prononcé son discours en anglais à la CCMM, en novembre dernier. En mortaise, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.
Le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, lorsqu’il a prononcé son discours en anglais à la CCMM, en novembre dernier. En mortaise, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge. Photos d’archives et courtoisie, Sebastien Lavallée
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Francis Halin et Raphaël Pirro

2023-05-30T14:30:00Z
2023-05-30T19:42:05Z
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Air Canada a atteint un sommet de 276 plaintes à son endroit auprès du Commissariat aux Langues officielles cette année, soit trois fois plus qu’il y a dix ans, rapporte le commissaire Raymond Théberge.

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Ce dernier fait toutefois abstraction de l’année dernière, où le discours prononcé uniquement en anglais par le PDG Michael Rousseau devant la Chambre de commerce du Montréal en 2021 métropolitain avait provoqué un déluge exceptionnel de 2833 plaintes.

Mardi, Le Journal rapportait que même des formations données à Montréal pour devenir agent de bord au sein d’Air Canada ne sont offertes qu’en anglais.

Invitée à réagir au rapport, Air Canada s'est dite «fière d’offrir des services dans les deux langues officielles du Canada».

  • Écoutez l’entrevue avec Tania Longpré, doctorante, enseignante et consultante en francisation, à l’émission de Richard Martineau via QUB radio:

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«Peu de grandes entreprises canadiennes, dont aucun autre transporteur aérien, sont assujetties à cette exigence», a expliqué la société dans une déclaration au Journal, tout en relativisant les chiffres.

«Il est important de noter que pour l'année visée par le rapport, Air Canada a transporté 40 millions de passagers qui ont en moyenne 4-5 interactions avec nous», a-t-on conclu.

Ces plaintes ne semblent pas faire plus de mal qu’il ne faut à l’entreprise. L’année dernière, Michael Rousseau avait empoché 12,4 millions $, soit près de quatre fois plus que l’année précédente, alors que l’action d’Air Canada a gagné 13,37 % au cours des six derniers mois.

Problème «systémique» dans la fonction publique

Dans la même veine, le nombre de plaintes lié au bilinguisme dans l’affichage de postes au sein de la fonction publique fédérale a plus que triplé par rapport à l’année dernière, passant de 204 plaintes à 714 en l’espace d’un an.

  • Écoutez l'entrevue avec Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles, à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :

«Il s’agit d’un manquement sérieux», constate le commissaire Théberge.

Selon la loi sur les Langues officielles, les fonctionnaires fédéraux francophones ont le droit d’être supervisés, de s’exprimer dans les réunions ou encore de rédiger des documents en français.

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Or, il arrive souvent que les postes qui requièrent en théorie la maîtrise du français soient pourvus par des unilingues anglophones, ou alors que l’affichage de ces postes mette la maîtrise de l’anglais comme obligatoire et du français comme facultative.

Une institution fédérale qui ne prend pas au sérieux le critère du bilinguisme dans l’affichage de postes prendre le risque «d’affaiblir sa capacité à mettre en place un milieu de travail bilingue et à offrir des services en français et en anglais de qualité au public», a expliqué le commissaire.

Ce problème «systémique» a suffisamment tracassé le commissaire pour qu’il en fasse le sujet d’un rapport spécial en 2020, dans lequel il enjoignait le Secrétariat du Conseil du Trésor à «réviser ses politiques» pour mettre fin au problème «d’ici novembre 2022».

En réponse, le Secrétariat s’est attaqué au dossier en mettant sur pied un «groupe de travail» qui a déposé «une stratégie» en décembre 2022.

«J’aurais nettement préféré́ que cette date marque la fin de la mise en œuvre du plan [...] plutôt que le début», a écrit M. Théberge.

«Plusieurs de ces constats ne sont nullement nouveaux. Le recul du caractère prioritaire des langues officielles dans l'appareil fédéral, noté par le commissaire, ne l'est pas non plus», a réagi la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) du Canada, Liane Roy.

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