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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

La Vie absolue: une comédie sur l’au-delà

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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-07-09T04:00:00Z
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Écrivain à succès, Didier van Cauwelaert fait revivre un des personnages de son roman La Vie interdite, 25 ans plus tard, dans une comédie d’enfer où les quiproquos sont aussi nombreux que les secrets et les passions. Dans La Vie absolue, Jacques revit. Ou plutôt, l’esprit de Jacques revit. Et contemple ce que tout un chacun fait, dans un petit village de province, autour de sa mémoire et de son héritage. 

Après avoir appris que l’homme qui l’a élevée était un criminel, Morgane veut prouver que Jacques Lormeau, l’ancien quincaillier d’Aix-les-Bains, décédé depuis peu, est son vrai père.

La veuve de Jacques, Fabienne, a produit un faux document pour laisser une chance à Morgane et l’aider à établir la vérité sur sa filiation. Le corps de Jacques est exhumé. Avec la complicité de son fils, un hackeur de talent, Fabienne trafique le résultat du test d’ADN pour favoriser Morgane.

L’esprit de Jacques se retrouve, bien malgré lui, tiré du repos éternel pour être mêlé aux passions, aux ragots, aux secrets, aux mensonges et aux mesquineries des vivants. 

Une suite

Didier van Cauwelaert propose ainsi une suite à La Vie interdite, un roman qui a connu un énorme succès lors de sa parution en 1997. 

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« Ça fait longtemps qu’il habite dans ma tête. C’est vrai que depuis La Vie interdite, beaucoup de lectrices et de lecteurs m’avaient demandé la suite : que devient Jacques dans l’au-delà ? Qu’est-ce qui était arrivé ? Et en fait, je n’en savais rien ! » commente-t-il, en entrevue.

« Je ne savais pas qu’est-ce qui pouvait le faire revenir, de la conscience au monde terrestre. Et un jour m’est venue l’idée de la chose la plus brutale qui soit : l’exhumation pour recherche de paternité. »

Dans La Vie interdite, Jacques était mort à la première page et il racontait tout ce qui se passait. « Ça se terminait au moment où, enfin, les problèmes laissés par son départ sont réglés. Guillaume, le gendarme qui écrit le roman sur lui, terminait son roman et l’a “relâché”. Et là, Jacques a quitté l’univers terrestre en sentant que sa mémoire se dissolvait dans l’au-delà, sans savoir ce qui l’attendait », résume l’auteur.

Essayer de comprendre l’au-delà, de se projeter, était un travail d’écriture très intéressant. « Je commence toujours par l’imagination, par le ressenti, par la projection. Et ensuite, je vérifie certaines choses. Les messages de Frederic Myers, par exemple, ont rejoint mon inspiration. »

Didier van Cauwelaert croit qu’il n’y a pas de menu imposé, de l’autre côté. « C’est vraiment à la carte. Et on choisit ce dont on a besoin pour son évolution. »

Que pense-t-il de ce qui se passera après sa propre mort ? « J’imagine assez bien d’alimenter l’inspiration, l’écrivain. De continuer à travailler. Je ne me vois pas me reposer. Je pense que l’imaginaire continue à agir en renfort. En tout cas, je suis ouvert à tout ! »

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La vie sur terre

Il confie n’avoir jamais eu peur de sa propre mort. « Ce qui est inquiétant, c’est la vie : ne pas perdre son cap quand on est parmi les vivants. Ne pas laisser les déceptions, les trahisons, les désenchantements, les révoltes vous détourner de la raison pour laquelle vous étiez sur terre. »

« C’est important de ne pas laisser l’égoïsme ou la recherche de réussite occulter les échanges avec les autres et les missions d’aide qu’on a. Le problème, il est sur terre. Il n’est pas dans l’au-delà. » 


♦ Didier van Cauwelaert a obtenu le prix Goncourt pour Un aller simple en 1994.

♦ Il cumule les prix littéraires et les succès de librairie depuis.

♦ Il a écrit plusieurs best-sellers, dont Jules, Le retour de Jules, Le pouvoir des animaux.

EXTRAIT

Photo fournie par les Éditions Albin Michel
Photo fournie par les Éditions Albin Michel

« C’est une sensation déroutante de se retrouver parmi les siens quand on n’est plus de leur monde. Ici repose Jacques Lormeau (1962-1996). Il m’a fallu un certain temps pour renouer avec cette identité révolue, mais je comprends désormais l’urgence qui m’a ramené à mon point de départ. Trente-trois personnes sont debout en demi-cercles autour de la tombe. À mesure que leurs émotions me réinsèrent dans mon ancien contexte, les noms me reviennent, les souvenirs reprennent corps, les perceptions s’affinent. »

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