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Voici comment le gel de l'aide militaire décrété par Trump menace la survie de l'Ukraine

La façon dont Donald Trump a traité Volodymyr Zelensky lors d’une rencontre au Bureau ovale vendredi dernier a choqué de nombreux Ukrainiens.
La façon dont Donald Trump a traité Volodymyr Zelensky lors d’une rencontre au Bureau ovale vendredi dernier a choqué de nombreux Ukrainiens. AFP
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Gabriel Ouimet

2025-03-04T19:35:03Z
2025-03-04T22:28:11Z
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Donald Trump a suspendu l’aide militaire américaine à l’Ukraine quelques jours après sa rencontre tendue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Quelles seront les conséquences de cette décision sur le champ de bataille? L’Europe a-t-elle les moyens de défendre Kiev sans les Américains? Un expert répond à nos questions.

Les États-Unis ont fourni à eux seuls près de la moitié de l’aide militaire à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, selon l’Institut Kiel pour l’économie mondiale.

Le gel annoncé par Donald Trump lundi soir menace ainsi la livraison de plus d’un milliard de dollars d'armes et de munitions, selon des médias américains. Les conséquences pourraient vite se faire ressentir sur le terrain, souligne Dominique Arel, professeur à la Chaire d’études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa.

«La suspension de la livraison de munitions antiaériennes américaines rend les villes et les infrastructures ukrainiennes plus vulnérables aux attaques de missiles et de drones. Il y a aussi toute la question du renseignement en temps réel sur laquelle les États-Unis sont difficilement remplaçables», détaille-t-il.

Depuis le début de la guerre, l'Ukraine a également reçu des armes de pointe, plus de trois millions d'obus d'artillerie, des dizaines de milliers de roquettes guidés et de missiles antichars ainsi que des véhicules blindés. Les États-Unis lui fournissent également des pièces détachées et des services d'entretiens de l'équipement.

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À long terme, un désinvestissement complet des États-Unis pourrait donc s’avérer «catastrophique», prévient Dominique Arel.

«Dans les derniers mois, la ligne de front ne bouge pas beaucoup, mais quand elle bouge, c’est au détriment de l’Ukraine. La Russie grignote du territoire. Le scénario catastrophe serait donc qu’une partie de la ligne de front s’écroule à l’avantage de la Russie si l’Europe et l’Ukraine ne parviennent pas à lui tenir tête sans les États-Unis.»

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L’Europe en état d’alerte

Mardi, au lendemain de l’annonce de la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine, la Commission européenne a dévoilé un plan visant à mobiliser près de 800 milliards d’euros (1210 milliards de dollars canadiens) pour soutenir Kiev et à réarmer l’Europe.

«L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte», a affirmé sa présidente Ursula von der Leyen, dans une lettre adressée aux dirigeants européens.

«L’avenir d’une Ukraine libre et souveraine, d’une Europe en sécurité et prospère, est en jeu», a-t-elle martelé.

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Des pays du Vieux Continent ont indiqué être prêts à envoyer des troupes en Ukraine si les Américains s’engageaient à les appuyer de manière à dissuader Vladimir Poutine de poursuivre ses attaques.

Le problème, c’est que Donald Trump ne semble pas intéressé par cette proposition.

Le président a fait d’importantes concessions à la Russie dans les dernières semaines, faisant voler en éclat des décennies d’efforts diplomatiques destinés à assurer la sécurité de l’Europe, rappelle Dominique Arel.

«Les États-Unis ont changé de camp en acceptant de négocier d’égal à égal avec la Russie et en répétant ce que Vladimir Poutine dit depuis des mois, soit que l’Ukraine est responsable de la guerre et qu’elle ne veut pas la paix. L'Europe ne peut plus pleinement compter sur les Américains. C’est un revirement fondamental qu’on n’a pas vu depuis la Deuxième Guerre mondiale», indique-t-il.

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