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Après l'Ukraine, Trump pourrait-il tenter d’extorquer le Canada pour accéder à nos minéraux?

AFP
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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2025-02-28T17:31:18Z
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Donald Trump a exagéré le montant de l’aide militaire américaine fournie à l’Ukraine pour la contraindre à signer une entente sur le partage de ses minéraux critiques avec les États-Unis. Le président pourrait-il utiliser une stratégie de chantage semblable pour tenter d’accéder aux ressources minérales canadiennes? Le Canada aurait-il les moyens de refuser? Un expert répond à nos questions.

Les négociations en marge de l'accord sur le partage des minerais ukrainiens sont tendues.

Début février, Donald Trump a annoncé qu’il désirait accéder à 50% des réserves de minéraux critiques et des terres rares de l’Ukraine. Le républicain a précisé qu’il souhaitait se faire rembourser 500 milliards de dollars pour «récupérer» l'aide militaire fournie par les États-Unis à l'Ukraine depuis trois ans. En réalité, Washington aurait plutôt investi 120 milliards de dollars pour aider Kiev à repousser les assauts russes, le plus souvent sous forme de prêts.

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En cas d'échec des négociations, l’administration Trump avait également menacé le pays de lui couper l’accès au système internet par satellite de Starlink, une entreprise d’Elon Musk, qui est d’une importance vitale pour l’Ukraine.

Lors du passage de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche vendredi, Donald Trump a encore une fois essayé de faire plier le président ukrainien en affirmant que ce dernier devrait être «reconnaissant» pour le support fourni par les Américain ces dernières années.

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Donald Trump et Volodymyr Zelensky
Donald Trump et Volodymyr Zelensky AFP

Une négo digne des organisations criminelles

«La stratégie [de négociation] de Donald Trump s’apparente à la stratégie d’extorsion de la mafia», analyse Arthur Silve, professeur d’économie et directeur des programmes de l’École supérieure d’études internationales de l’Université Laval.

«Il rappelle qu’il vous protège, en échange de quoi vous devez payer très cher, parfois beaucoup plus que le montant équivalent à cette protection. À cela s’ajoutent des menaces. C’est du bullying», ajoute-t-il.

L’expert précise aussi que les États-Unis n’ont pas fait une fleur à l’Ukraine en l’aidant à se défendre contre l’agresseur russe, comme tente aujourd’hui de le faire croire Donald Trump.

«C’était dans l’intérêt des États-Unis de défendre l’Ukraine, parce que c’était la façon la moins couteuse d’affaiblir militairement la Russie. Il ne faut pas croire qu’ils l’ont fait par gentillesse.»

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Un avant-goût de ce qui attend le Canada?

L’accord sur les minéraux ukrainien survient alors que Donald Trump répète son souhait d’annexer le Canada aux États-Unis. Cette ambition expansionniste pourrait être liée à l’intérêt du républicain pour les minéraux critiques présents dans le sol canadien, a évoqué Justin Trudeau le 7 février.

«Je suggère que non seulement l'administration Trump sait combien de minéraux critiques nous possédons, mais que c'est peut-être même la raison pour laquelle elle continue de parler de nous absorber et de faire de nous le 51e État», a-t-il déclaré.

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La question se pose donc: Donald Trump pourrait-il tenter d’accéder à nos ressources en utilisant les mêmes techniques de chantage utilisées avec l’Ukraine? Pourrait-il, par exemple, menacer de diminuer la protection militaire américaine de laquelle bénéficie le Canada?

«Le parallèle est tentant», mais il a ses limites», affirme Arthur Silve.

«Le Canada n’a pas un genou à terre comme l’Ukraine aujourd’hui. Les moyens de pression ne sont pas aussi importants. De plus, les États-Unis ont tout intérêt à continuer de défendre le Canada pour leur propre sécurité», souligne-t-il.

De toute manière, les Américains n’auraient pas besoin d’user d’extorsion pour accéder aux minerais canadiens, rappelle le professeur Silve.

«Les ressources canadiennes sont mal identifiées et elles se trouvent souvent dans des lieux très difficiles d’accès. Ça prendrait énormément de temps et de ressources pour que les Canadiens puissent les exploiter. On pourrait donc facilement imaginer que le Canada fasse appel à des multinationales étrangères, dont des entreprises américaines, pour y accéder», analyse-t-il.

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