Le nombre de commerces vacants explose: rien ne va plus sur la rue Sainte-Catherine
Pendant ce temps, la santé de la plupart des autres artères commerciales de la province s’améliore


Martin Jolicoeur
La rue Sainte-Catherine, la plus importante artère commerciale au Québec, continue de montrer des signes importants de difficulté.
• À lire aussi : Immobilier : la présence au bureau se détériore dans la région de Montréal
En dépit des investissements des dernières années, le nombre de vitrines et espaces commerciaux vacants continue de croître de manière quasi incontrôlée.
En juillet dernier, le taux de locaux commerciaux vacants a atteint un sommet historique, à 18,2 %. Concrètement, pas moins de 105 des 578 espaces commerciaux le long des 11 kilomètres de cette artère mythique étaient inoccupés, à louer ou carrément abandonnés.

« C’est comme si on était en train de tuer le patient qu’on voulait sauver », déplore Christian-Pierre Côté, président de Côté Mercier Service de données, une entreprise de Québec spécialisée dans l’évaluation commerciale.
- Écoutez l'entrevue avec Michel Leblanc de la CCMM via QUB radio :
La situation s’améliore
Dans une étude exhaustive rendue publique ce matin, l’entreprise rend compte de la santé de 63 artères commerciales principales de 11 régions administratives différentes du Québec.
Ses auteurs concluent que de manière générale, on assiste à une amélioration de la santé des artères commerciales de la province. Ces dernières auraient particulièrement bénéficié de l’aide financière distribuée aux Québécois pour les aider à faire face à l’inflation.
Résultat, explique M. Côté, alors que plusieurs commerçants ont fait des affaires d’or, les taux d’inoccupation de la majorité des artères de la province se sont améliorés pour s’établir aujourd’hui à 3,8 %, en moyenne.
Deux mondes
La situation se présente toute autrement sur la rue Sainte-Catherine, artère emblématique de Montréal, empreinte à de nombreuses transformations. Les commerçants souffrent entre autres de travaux majeurs qui pourraient s’allonger, croit-on, au-delà de 2030.
« On ne peut être satisfaits, mais encouragés devant les progrès réalisés, explique Glenn Castanheira, PDG de Montréal centre-ville. Car, malgré tout, l’achalandage et les ventes au pied carré continuent de croître. »

Si le taux de locaux vacants se maintient à des niveaux élevés dans l’ouest (14,4 %), en raison notamment d’un retour timide des travailleurs dans les tours à bureaux du centre-ville, il se détériore complètement à l’est de la rue Saint-Laurent.
Dans cette dernière portion, où s’entrechoquent de multiples réalités économiques et problématiques psychosociales, le taux de locaux vacants a crû de 73 % en seulement deux ans. Il s’établissait en juillet à 21,5 %, comparativement à 17,1 % en 2022, et à 12,4 % en 2021.
« Dans ce secteur, on fait face à plusieurs propriétaires qui, à court de recours ou solutions, ont décidé de jeter l’éponge. Ils ont cessé d’investir et ne cherchent plus à louer, analyse M. Côté.
- Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h 05 via QUB radio :
Des exemples de réussites
Heureusement, d’autres artères affichent une bien meilleure mine dans la métropole. C’est le cas entre autres de l’avenue Mont-Royal, entièrement piétonne pendant l’été, et de la rue Masson, dans Rosemont. Seulement 3,2 % des vitrines y sont vacantes.

« Des familles se sont établies et leurs enfants sont devenus grands. La rue Masson est leur village, c’est ici qu’ils aiment vivre et dépenser. Ils ne vont en ville que s’ils ne trouvent pas d’abord sur la rue », se réjouit Claude Roy, propriétaire de la librairie Limasson, présent sur cette rue depuis pas moins de 45 ans.
Il en va de même de plusieurs artères de la région de Québec, où l’avenue Cartier et la 3e Avenue affichent des taux de locaux commerciaux vacants parmi les plus bas de la province. Situation favorable qui pourrait très bien être annonciatrice d’importantes majorations des loyers pour les commerçants.
Limoilou en exemple
Dans Limoilou, l’évolution de la 3e Avenue affiche un parcours quasi sans fautes, estime M. Côté. À l’opposé, la rue Saint-Joseph, dans le quartier Saint-Roch, demeure problématique. Son taux de locaux vacants atteint les 11,9 %.
De son côté, les artères du Saguenay–Lac-Saint-Jean affichent une amélioration avec une réduction globale de l’inoccupation de 7,3 % à 3,5 % en un an. La rue Saint-Dominique, à Jonquière, continue toutefois de détonner, avec des taux d’inoccupation de 7,2 %, et de locaux vacants de 13 %.
Le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord présentent encore des taux de locaux commerciaux vacants excessifs, malgré une amélioration. De toutes les régions, seules la Montérégie et Lanaudière ont assisté à une détérioration de leur situation. Le taux d’inoccupation des grandes artères de la Montérégie s’établit à 5,3 % (comparativement à 5 % en 2022), tandis que celui des artères de Lanaudière s’établit à 4,4 % (contre 4,2 % l’an dernier).
– Avec la contribution de Julien McEvoy.
PROPORTION DE LOCAUX COMMERCIAUX VACANTS À MONTRÉAL ET DANS LA CAPITALE

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.