Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

La présidence Trump ébranle l'État de droit

MEGA/WENN
Partager

AFP

2025-04-22T02:22:04Z
Partager

Il veut abolir le droit du sol, rêve d'expulser des criminels américains, se déchaîne contre les juges et rançonne des cabinets d'avocats. Depuis le début de son deuxième mandat, Donald Trump met à l'épreuve l'État de droit comme jamais dans l'histoire américaine. 

• À lire aussi: Le taux d’approbation de Trump à son plus bas depuis le début de son deuxième mandat

• À lire aussi: Harvard poursuit l’administration Trump en justice contre le gel de ses subventions

• À lire aussi: Faille de sécurité: Trump «soutient fermement» son ministre de la Défense

En 100 jours à la Maison-Blanche, le milliardaire républicain a donné l'impression de pousser le pays vers une crise constitutionnelle, de hauts responsables de son administration appelant carrément à ignorer des décisions de justice.

Au point qu'un juge fédéral a conclu que l'exécutif avait «délibérément bafoué» son interdiction d'expulser des immigrés en vertu d'une loi d'exception, concluant à une forte présomption «d'outrage au tribunal».

«Je n'ai jamais rien vu de tel», a dénoncé sur CNN un ancien juge fédéral, John Jones, à propos du comportement de l'administration.

Ce magistrat, nommé en son temps par l'ancien président républicain George W. Bush, a dénoncé «une impudence et un manque d'égards confondants» envers les juges.

Publicité

La question est de savoir jusqu'où des juges peuvent intervenir sur des affaires de politique nationale. Lorsque les tribunaux expliquent qu'ils ne font qu'exercer leur mission de contre-pouvoir, la présidence rétorque que des juges de gauche abusent de leur autorité en s'ingérant dans les prérogatives présidentielles.

«J'ai une équipe fantastique, qui fait un travail incroyable, mais elle est entravée à tout bout de champ, y compris par la Cour suprême», a tempêté lundi le milliardaire new-yorkais sur son réseau Truth Social.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Régimes sans foi ni loi»

En mai, la Cour suprême organise une audience sur le décret de Donald Trump visant à revenir sur le droit du sol, décret qui a été suspendu sur tout le territoire par plusieurs tribunaux.

À la demande de l'administration, l'audience portera sur le point de savoir si un tribunal fédéral peut prononcer des décisions bloquant la politique de l'exécutif au niveau national.

L'administration Trump fait face désormais à près de 190 contentieux juridiques. Certains sont remontés jusqu'à la Cour suprême, qui lui a parfois donné tort en dépit de sa majorité conservatrice.

Publicité

Sur le dossier des expulsions, Sonia Sotomayor, l'une des trois juges progressistes de la Cour, a évoqué le précédent historique de «régimes sans foi ni loi». «Mais le système juridique de notre pays est là pour empêcher leur avènement, pas pour le faciliter», a-t-elle martelé.

Outre l'expulsion d'étrangers sans papiers, Donald Trump s'est redit très intéressé par une éventuelle délocalisation au Salvador de l'incarcération de criminels américains violents, en recevant le président salvadorien Nayib Bukele.

Il a précisé avoir demandé à sa ministre de la Justice Pam Bondi d'étudier la faisabilité juridique de ce projet, jugé totalement inconstitutionnel par les experts.

«Ébauche de terreur d'État»

L'historien Timothy Snyder a vu dans cette rencontre «le début d'une politique américaine de terreur d'État qui doit être identifiée comme telle».

«Aussi horrible que cela soit, c'est encore une ébauche de terreur d'État, un test de la réaction des Américains», écrit-il sur son blogue, exhortant les citoyens à se mobiliser.

Donald Trump s'est aussi attaqué à des cabinets d'avocats liés à ses adversaires politiques ou à des procureurs ayant enquêté sur lui.

Par décret, il a privé leurs avocats de l'habilitation leur permettant de consulter des informations protégées, restreint leur accès aux bâtiments publics et aux fonctionnaires et rompu les contrats fédéraux avec ces cabinets.

Plusieurs cabinets ont porté le litige en justice. Mais une dizaine d'autres ont cédé, offrant en échange de l'abandon de ces sanctions leurs services juridiques à des causes chères à l'administration Trump, comme les anciens combattants, les militaires, les policiers et les membres des services de secours, pour un montant cumulé approchant un milliard de dollars.

La justice porte une part de responsabilité dans cette érosion de l'État de droit, en ayant laissé se créer une zone d'impunité «pour les responsables gouvernementaux qui abusent de leur pouvoir», estime sur X le juriste Clark Neily, du Cato Institute, de tendance libertarienne.

Et, écrit-il, «cette administration explore cet espace comme un singe défoncé à la cocaïne».

Publicité
Publicité