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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Ukraine: la position d’équilibriste de Washington de plus en plus difficile

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2022-04-09T19:37:13Z
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La position d’équilibriste des États-Unis, qui apportent une aide militaire considérable à l’Ukraine tout en faisant tout pour éviter une extension du conflit à d’autres pays, devient de plus en plus difficile à tenir, au moment où les images d’exactions attribuées à l’armée russe se multiplient. 

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Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les États-Unis ont inondé l’Ukraine d’armement léger, comme des missiles antichars Javelin, portables à l’épaule, mais ils ont toujours refusé de lui remettre de l'armement lourd, notamment des avions de combat, faisant valoir que cela «pourrait être perçu comme une surenchère» et accroître le risque d’un conflit nucléaire avec la Russie.

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Et ils invoquent régulièrement des technologies américaines qui ne sont pas familières aux Ukrainiens pour justifier l’éventail limité de l'armement qu’ils fournissent, faisant plutôt appel aux pays de l’ancien bloc soviétique qui disposent encore d’armement de fabrication russe.

Mais, après les revers militaires de l’armée russe et les crimes de guerre qui lui sont attribués, le Pentagone se retrouve sous la pression des élus, aussi bien républicains que démocrates, celle d'en faire davantage afin d’aider Kyïv à repousser la Russie.

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«Il me semble que notre stratégie paraît souvent un peu schizophrénique: nous voulons que les Ukrainiens gagnent contre la Russie, mais nous craignons que faire perdre Poutine ne provoque une escalade», a ainsi noté, jeudi, l’influent sénateur démocrate Richard Blumenthal, au cours d’une audition au Congrès des plus hauts responsables de l’armée américaine. 

«Est-ce qu’on se demande si Vladimir Poutine n’a jamais craint que ses massacres de femmes et d’enfants soient une escalade?» a renchéri le sénateur républicain Kevin Cramer, qui regrettait notamment que le Pentagone n’eût pas facilité la livraison de MIG-29 à Kyïv.

Formation et logistique

Hormis une fermeture de l’espace aérien assurée par l’OTAN mais faisant risquer un affrontement direct avec l’aviation russe, les options du Pentagone sont de fait limitées: l'armement lourd des États-Unis n'est pas compatible avec celui dont dispose l’armée ukrainienne, et former des militaires ukrainiens à leur maniement les retirerait du champ de bataille durant plusieurs semaines, au moment où se prépare un assaut russe majeur contre les régions du Donbass, que Moscou ne contrôle pas.

Les chars Abrams, par exemple, sont propulsés par un turbomoteur très gourmand en carburant qui nécessite un soutien logistique énorme, et leur ciblage au laser demande une formation approfondie, explique-t-on au Pentagone. 

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L’avion de combat A-10 «Warthog», que M. Blumenthal a cité comme un ajout possible à l’aide militaire envoyée à l’Ukraine, est connu pour sa résistance et sa capacité de rentrer à la base avec de gros dégâts. Mais les pilotes devraient être formés pendant plusieurs semaines, de même que, surtout, toute une chaîne logistique devrait être créée pour assurer son entretien.

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En réponse aux critiques des élus, la Maison-Blanche a publié une liste exhaustive des équipements fournis à l’Ukraine jusqu'ici: 1400 systèmes antiaériens Stinger, 5000 missiles antichars Javelin, 7000 armes antichars d’autres modèles, plusieurs centaines de drones kamikazes Switchblade, 7000 fusils d’assaut, 50 millions de balles et munitions diverses, 45 000 lots de gilets pare-balles et casques, des roquettes à guidage laser, des drones Puma, des radars antiartillerie et antidrones, des blindés légers, des systèmes de communication sécurisée et des protections antimines.

Vendredi, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, s’est offusqué de ces critiques. 

«L’idée que nous n’en faisons pas assez ni assez vite nous irrite profondément», a-t-il dit. 

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, le président Joe Biden a débloqué 2,4 milliards de dollars pour l’assistance militaire à Kyïv, «ce qui est presque autant que le budget de la défense de l’Ukraine», a-t-il ajouté. 

Rappelant qu’outre l'armement fourni à Kyïv, les États-Unis ont porté leurs effectifs militaires en Europe de 80 000 à 100 000 à la mi-février et envoyé une batterie antiaérienne Patriot en Slovaquie pour compenser le système de fabrication russe S-300 que Bratislava a remis à Kyïv, M. Kirby a souligné que cet effort était «sans précédent».

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«Aucun autre pays n’a la logistique pour faire ça. Aucun autre pays n’a les ressources pour faire ça», a-t-il noté. «En même temps, nous gardons à l’esprit que la Russie est une puissance nucléaire.»

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