Le caribou est toujours menacé en Gaspésie
Le déclin s’expliquerait principalement par les coupes forestières

Jean-François Racine
La population de caribous de la Gaspésie a fondu de près de 80 % depuis 15 ans, si bien que la harde ne compterait plus que 33 bêtes, selon le plus récent décompte du gouvernement.
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En 2007, on comptait environ 189 caribous, puis 110 en 2010. « Ces populations vivent aujourd’hui exclusivement en enclos, ce qui dénote un manque de vision par rapport à la protection de l’habitat de ces espèces-là », a souligné Martin-Hugues St-Laurent, professeur en écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski.
« Si on veut rétablir la population de caribous de la Gaspésie, il faut arrêter les coupes autour du parc », a renchéri Pascal Bergeron, porte-parole de l’organisme Environnement Vert Plus.
Au cours des dernières décennies, l’habitat du caribou a été complètement bouleversé. Selon Pascal Bergeron, le déclin s’explique principalement par les coupes forestières. L’organisme a d’ailleurs dévoilé les données de 2022.
Un déclin stable
De 2019 à 2022, entre 29 et 34 bêtes ont été aperçues, ce qui indique une population relativement stable, bien que déclinante.
Les mesures de conservation prises ces dernières années ont permis de ralentir le déclin.
« Dans les 30 dernières années, on a récolté à peu près 55 % des forêts matures qu’il y avait autour du parc de la Gaspésie pour les convertir en jeunes coupes forestières. Ça a fait diminuer la qualité de l’habitat du caribou », a spécifié M. St-Laurent.
La destruction de l’habitat crée un déséquilibre entre les caribous et leurs prédateurs. L’ours et le coyote ont gagné beaucoup de terrain dans les dernières années, ce qui a poussé le gouvernement à instaurer une gestion des prédateurs pour assurer la pérennité de l’espèce.
« Le parc de la Gaspésie est une aire protégée, mais ce n’est plus suffisamment grand pour que la population puisse croître. Il faut agrandir ce territoire », a suggéré Pascal Bergeron.
Cette année, le ministère de l’Environnement a décidé de créer des enclos de maternité. Ainsi, les femelles gestantes seront capturées pour ensuite mettre bas dans ces enclos et seront relâchées quelques mois plus tard avec leurs faons.
« C’est une bonne solution, puisque le statu quo nous mène à l’extinction relativement rapidement », a lancé M. St-Laurent.
Mais selon le scientifique, cela ne suffit pas.
Mesures plus intenses
La livraison de la stratégie du gouvernement pour les caribous forestiers et montagnards est attendue depuis des années et prévue pour juin 2023.
Environnement Vert Plus exige la divulgation plus rapide et adéquate des inventaires annuels et la mise en place de mesures de conservation plus intenses, notamment l’arrêt complet des coupes dans l’aire de répartition du caribou de la Gaspésie et la mise sur pied d’un programme d’élevage en captivité puis de remise en liberté pour les populations risquant le plus l’extinction.
« Aucun emploi, aucun profit ne mérite qu’on sacrifie ce que la nature a mis tant de temps à élaborer », disent-ils.
– Avec TVA Nouvelles
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