Accident d’autobus: des témoins ont tout fait pour sauver les enfants
Un homme a tenté de réanimer le garçon de 5 ans et une dame a pris soin d’un blessé

Jérémy Bernier
LYSTER | Des automobilistes qui ont été témoins de l’accident d’autobus qui a coûté la vie à un enfant de cinq ans, à Lyster, dans le Centre-du-Québec, ont tout fait pour venir en aide aux blessés mardi soir.
• À lire aussi: Un enfant perd la vie après une collision impliquant son autobus scolaire
« Je me repasse les images depuis hier, c’était atroce. Ils étaient tout petits, paniqués... », relate Nathalie Asselin, qui a été témoin de l’incident tragique, sur le 8e Rang Ouest.

Selon ses dires, un véhicule aurait croisé l’autobus, en sens inverse, quand ce dernier est arrivé à la hauteur du camion à nacelle qui était immobilisé en bordure de la chaussée pour faire des travaux.
Comme la voie est devenue subitement plus étroite et que « le soleil était aveuglant », le chauffeur aurait alors percuté le camion.
« Tout de suite, on a débarqué pour aller voir les enfants. En attendant les ambulanciers, j’ai pris soin du jeune [de 10 ans] qui était blessé pendant qu’un autre homme essayait de réanimer l’autre petit garçon [de 5 ans] », explique la préposée aux bénéficiaires.
Malheureusement, ce dernier a rendu son dernier soupir à l’hôpital quelques heures plus tard.
Mauvais souvenir
Ce drame fait remonter de mauvais souvenirs pour la dame de 54 ans qui a perdu son frère, Mario Asselin, un peu plus bas sur cette même route, en 2013.
Il est mort en percutant une machinerie agricole reliée à un tracteur qui a subitement viré à gauche alors qu’il tentait de le dépasser.
« Quand j’y repense, je me dis que ça aurait pu être ma petite-fille à la place du petit garçon. Elle doit commencer la maternelle 4 ans à l’automne, à la même école, et elle devait prendre cet autobus », souligne Mme Asselin.
« Jamais oublié »
Dans cette petite localité d’à peine 1600 habitants, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe, d’autant plus que le garçon décédé, l’autre passager de 10 ans blessé, et le chauffeur de l’autobus y vivent.

Une croix recouverte d’un vêtement appartenant au jeune défunt a d’ailleurs été érigée en sa mémoire, sur les lieux de la collision.
« Tu ne seras jamais oublié mon coco. Je t’aime mon bébé », peut-on lire sur un des messages inscrits, signé : « Maman ».
« Toute la population est en émoi », a laissé savoir la municipalité dans un communiqué, se déclarant « en deuil » et offrant son aide « de toutes les manières qu’elle le pourra ».

Grande tristesse
Une grande tristesse était aussi palpable à l’école primaire Bon-Pasteur, fréquentée par les victimes. Une cellule de crise y a d’ailleurs été mise en place pour soutenir élèves, parents et enseignants.
« C’est difficile, tout le monde se connaît ici. Quand on a parlé hier, à la maison, ma fille s’est mise à pleurer », raconte Yan Labonté, dont l’enfant va à la même école.
Ébranlés par la tragédie, les parents de l’écolier qui a péri n’ont pas souhaité faire de commentaires.
De son côté, le maire de Lyster, Yves Boissonneault, a décliné notre demande d’entrevue, nous renvoyant vers le communiqué émis par sa municipalité.
Questionné sur la route où s’est produite la collision, il a tout de même signalé qu’à première vue, « c’est vraiment un triste accident », et qu’il ne « croit pas » qu’il y ait des problèmes de sécurité à cet endroit.
– Avec la collaboration de Dominique Lelièvre
LA SÉCURITÉ DANS LES AUTOBUS SCOLAIRES
L’accident relance la question du port de la ceinture de sécurité dans les autobus scolaires. Ceux-ci respectent des normes de sécurité élevées et l’accident de Lyster est le premier à entraîner un décès au Québec depuis 1986.
- Les autobus protègent les enfants par la compartimentation : chaque siège est doté d’un dossier haut et rembourré conçu pour absorber de façon sécuritaire la force d’impact d’une collision lorsque l’enfant glisse vers l’avant et heurte le dossier du siège devant lui.
- Un comité de députés a ouvert une enquête sur la sécurité dans les autobus, dont les véhicules scolaires, dans la foulée de l’accident d’autocar des Broncos de Humboldt en Saskatchewan, qui avait fait 16 morts et 13 blessés. Leur rapport de 2019 ne recommande pas d’installer des ceintures de sécurité dans les autobus scolaires. « Une ceinture de sécurité portée de façon inappropriée ou mal ajustée peut causer des blessures plus graves que si elle n’était pas portée du tout », notent-ils.
La deuxième victime se porte mieux
Nicolas Saillant, Journal de Québec
D’abord considéré comme étant dans un état grave, le garçon de 10 ans également blessé dans l’accident d’autobus de Lyster devrait bien s’en tirer, selon son père, qui a indiqué que « tout va bien ».
L’écolier, qui était tout de même conscient à l’arrivée des secours, a été transporté à l’hôpital et placé « sous observation » aux soins intensifs toute la nuit, a expliqué son père.
« Ils voulaient vérifier parce que sa blessure, c’est à la tête », a-t-il indiqué. Vers midi, hier, l’enfant était toutefois hors de danger, a indiqué le paternel à son chevet.
Il a confié que le chauffeur de l’autobus est aussi bien connu de la famille. « C’est comme un ami », a-t-il dit en assurant avoir confiance en lui.
Aveuglé par le soleil ?

Plusieurs résidents de Lyster, où réside le chauffeur, partagent cet avis et adhèrent à la thèse de l’aveuglement par le soleil, comme l’ont relaté des témoins sur place.
« Il ne faut pas qu’il s’en veuille pour ça », a souhaité Jean-Pierre Bergeron, un résident du rang qui assure que le soleil « était vraiment aveuglant » mardi après-midi.
« Quand on est arrivés sur place, le chauffeur était sous le choc, il ne parlait pas. Il doit se sentir vraiment responsable, mais ce n’est pas sa faute », a dit Nathalie Asselin, une autre témoin.
Le président d’Autobus Ouellet, Julien Ouellet, qui possède le véhicule impliqué, a refusé de répondre à nos questions. Aucun facteur de nature criminelle n’est pour l’instant envisagé, selon la Sûreté du Québec.
– Avec la collaboration de Jérémy Bernier et de Dominique Lelièvre