La mairesse de Saguenay aurait offert un poste à un opposant contre son retrait: «Si tu ne te présentes pas, je pourrais t’engager»

Accusée d’avoir offert des avantages à des opposants dans la course à la mairie de Saguenay en 2021 en échange du retrait de leur candidature, la mairesse Julie Dufour subit cette semaine un attendu procès qui pourrait l’empêcher de se représenter aux prochaines élections.

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Élections Québec reproche à M^me Dufour d’avoir cherché à influencer des adversaires politiques lors de la campagne de 2021, en contravention à la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités.

Selon les trois chefs d’accusation portés contre la politicienne, elle aurait souhaité que Jean-Marc Crevier, Serge Simard et Jacinthe Vaillancourt s’abstiennent de poser leur candidature à la mairie en leur «promettant quelques charge, emploi ou autre avantage».

Offre «plus payante» 

Jean-Marc Crevier a expliqué au tribunal avoir rencontré Julie Dufour dans son bureau au début de l’année 2021. Alors conseillère, elle aurait abordé la question de l’ancienne carrière de son collègue, lui qui a longuement travaillé dans le monde syndical. Elle lui aurait alors proposé le marché que le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) lui reproche.

«Elle m’a dit: “Avec toute l’expérience que tu as, si tu ne te présentes pas et que j’étais élue, je pourrais t’embaucher deux ou trois jours par semaine pour négocier avec les employés de la Ville”», a expliqué Jean-Marc Crevier, précisant que M^me Dufour avait insisté sur le salaire, qui pourrait être «plus payant que d’être conseiller municipal».

M. Crevier a confirmé que c’est l’ancienne mairesse de Saguenay Josée Néron qui était à l’origine de la plainte. Il avait abordé l’affaire avec M^me Néron, affirmant initialement ne pas vouloir faire de vagues avec l’offre présumée.

Appelée à la barre, l’ancienne mairesse a confirmé qu’avec le temps, M. Crevier avait fini par souhaiter que «les gens sachent à qui ils ont affaire».

«Il m’a dit: “Si quelqu’un dépose la requête, je ne nierai pas”», a expliqué M^me Néron mardi, ajoutant avoir choisi de «porter le flambeau».

La mairesse nie

Si Julie Dufour était déclarée coupable de ces manœuvres frauduleuses au terme de son procès devant le juge Louis Duguay, la mairesse de Saguenay pourrait perdre son droit de se présenter aux élections pour cinq ans. Elle pourrait également écoper d’une amende allant de 5000$ à 20 000$ par chef d’accusation.

Son avocat, M^e Charles Levasseur, n’a pas confirmé en ouverture de procès si sa cliente allait témoigner dans le cadre de sa défense. Mais témoignage ou pas, Julie Dufour nie complètement les allégations qui pèsent contre elle.

«Les conversations ne seront pas niées, mais l’offre en tant que telle, c’est une dénégation générale», a annoncé M^e Levasseur d’entrée de jeu.

Lors des contre-interrogatoires des premiers témoins, ce dernier a évoqué de possibles discussions entre les personnes rencontrées par Julie Dufour ou des intermédiaires, soulevant même avec l’enquêteur d’Élections Québec une possible «collusion» contre sa cliente.

M^me Dufour a maintes fois évoqué une «stratégie revancharde» d’opposants politiques qui cherchent à lui nuire.

Semaine de procès

Le procès prévu pour quatre jours se poursuivra mercredi avec le contre-interrogatoire de Jean-Marc Crevier. Serge Simard et Jacinthe Vaillancourt doivent aussi être appelés à la barre.

M^e Laurie Mongrain et M^e Natacha Dupuis-Carrier représentent le DGEQ dans ce dossier.