La guerre d’usure est enclenchée
L’intervention policière entamée hier pour déloger les manifestants pourrait durer des jours


Antoine Lacroix
OTTAWA | La guerre d’usure entre les policiers qui gagnent du terrain et les manifestants du « convoi pour la liberté » s’est enclenchée hier, les forçant lentement mais sûrement à se replier vers le parlement.
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« On a perdu une bataille, mais pas la guerre. On leur fait perdre leur temps le plus possible. Ça va leur prendre des jours “clairer” la place », a affirmé un camionneur québécois qui s’est fait déloger de son camion, stationné au coin de la promenade Sussex et de la rue Rideau.

Après négociations avec les autorités pour partir sans se faire remorquer son poids lourd, ce dernier comptait se déplacer plus loin et continuer de participer à la démonstration de force des opposants aux mesures sanitaires.
C’est de manière méthodique que les centaines d’agents, de différents corps de police, ont pu maîtriser un petit camp de manifestants qui avaient pris leurs aises depuis près de trois semaines.

Toutes les 15 minutes, ils avançaient de quelques mètres, faisant reculer les protestataires, ce qui a donné lieu à plusieurs empoignades et arrestations.
Vitres brisées
Voulant résister jusqu’à la toute fin, plusieurs camionneurs ont décidé de s’enfermer dans leur véhicule, si bien que la police a décidé de les sortir de force, en brisant leurs vitres.

« J’ai pas peur de me faire arrêter, qu’ils s’amènent, moi je reste ici jusqu’à la fin. Ils vont devoir nous relâcher de toute façon, y’a pas assez de place en prison pour nous tous », a soutenu Marc, un manifestant du Québec, qui est passé de la parole aux actes, alors que Le Journal a été témoin de son arrestation.
« Ils peuvent m’arrêter, je connais mes droits et j’ai rien fait de mal. Je n’ai vu personne ici faire quelque chose de mal, c’est une manifestation pacifique », a déploré Ali, un Montréalais.

Toute la journée hier, la police d’Ottawa a diffusé des avertissements comme quoi les gens qui refuseraient de quitter pouvaient se faire passer les menottes.
« On leur donne toutes les chances possibles afin qu’ils puissent partir d’eux-mêmes, sans se faire arrêter », a confié de son côté un policier sur le terrain.
Quelques jours
Pendant que des manifestants ont tenté tant bien que mal d’empêcher la progression des autorités, d’autres ont préparé la résistance devant le parlement en érigeant des barricades de neige.

Selon nos informations, l’intervention policière qui regroupe plusieurs centaines d’agents pourrait se prolonger jusqu’à dimanche. Les policiers ont encore quelques centaines de mètres à gagner pour en finir avec le convoi de la liberté.
La souricière de la police
LE JOURNAL | Des points de contrôle ont été installés à Ottawa pour restreindre la circulation dans la « zone rouge » du siège ne faisant que quelques kilomètres. L’objectif est aussi d’empêcher d’autres manifestants d’accéder au centre-ville. La zone encerclée (voir carte) représente le point chaud où les manifestants sont encore encerclés par des centaines de policiers.
– Avec Roxane Trudel, Guillaume St-Pierre, Anne-Sophie Poiré et Raphaël Pirro