Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

La guerre commerciale mondiale est déclarée

Partager

AFP

2025-04-09T16:41:45Z
Partager

Assaut des États-Unis, riposte massive de la Chine, réplique plus sophistiquée de l’Europe: la guerre commerciale est bel et bien déclarée mercredi, et Donald Trump appelle à «rester cool» pendant que l’économie mondialisée vacille sur ses fondations. 

• À lire aussi: Donald Trump: «Un showman qui arrive à créer l’illusion»?

• À lire aussi: Les États-Unis ne cherchent «pas la guerre» avec la Chine, assure Pete Hegseth

• À lire aussi: «N'attendez plus, faites-le maintenant!»: Trump appelle les entreprises à s'installer aux États-Unis en pleine escalade tarifaire

Alors que selon certains économistes, l'Amérique, chantre historique du libre-échange, est devenue dans la nuit le pays doté des plus hautes barrières douanières au monde, le président américain a assuré sur son réseau Truth Social que «tout allait bien se passer» et il a invité à profiter de la baisse des Bourses pour «acheter».

Les places européennes ont clôturé en fort recul, le pétrole dégringolait comme toutes les fois que l'activité mondiale est menacée d'un coup de frein, et Wall Street évoluait après l'ouverture en ordre dispersé.

Les analystes suivent aussi avec nervosité des ventes massives de bons du Trésor américain.

Les États-Unis ont commencé à minuit à prélever des surtaxes douanières sur les produits de 60 partenaires commerciaux, avec un traitement particulièrement brutal de la Chine, visée désormais par de nouveaux droits cumulés de 104%.

Publicité

Pour donner une idée plus concrète de ce coup de massue douanier: UBS Investment Research, dans une analyse largement reprise par la presse américaine, a calculé que le prix d’un iPhone de type 16 Pro Max de 256 GB, assemblé en Chine, pourrait passer de 1199 à 1549 dollars. Une hausse de 29%.

Getty Images via AFP
Getty Images via AFP

Donald Trump, malgré les critiques qui s'élèvent jusque chez ses proches alliés comme Elon Musk, assure avoir trouvé la recette pour à la fois résorber le déficit commercial et assainir les finances publiques ainsi que relocaliser de nombreuses activités industrielles.

La Chine a répliqué du tac au tac, annonçant mercredi qu'elle porterait ses surtaxes de rétorsion contre les produits américains à 84%, et non pas à 34% comme cela était initialement prévu, à partir de jeudi à 12 h 01, heure chinoise (midi et une, heure de Montréal).

«Nous continuerons à prendre des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes», a prévenu un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.

Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a averti les autres partenaires commerciaux que suivre la voie chinoise serait «suicidaire», au moment où Donald Trump assure, avec la vulgarité dont il est parfois capable, que de nombreux dirigeants étrangers lui «lèchent le cul» pour négocier des accords commerciaux «sur mesure».

Soja, riz

Visée depuis mi-mars par des droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium, et, depuis mercredi, par une taxe de 20% sur l’ensemble de ses marchandises, l’Union européenne a adopté mercredi ses premières mesures de riposte contre plus de 20 milliards d’euros de marchandise Made in USA.

Publicité

La liste, peaufinée depuis des semaines, comporte des produits agricoles comme le soja, la volaille, le riz. Elle prévoit également des droits allant jusqu'à 25% sur le bois, les motos, des produits plastiques et des équipements électriques.

D'autres mesures européennes pourraient être révélées la semaine prochaine.

Bruxelles s'est toutefois dite prête à suspendre ses droits de douane «à tout moment» en cas d'accord «juste et équilibré» avec Washington.

Le futur chancelier allemand, Friedrich Merz, a défendu «une réponse européenne commune», alors qu’il est soucieux du sort d’une industrie nationale en crise et fortement concurrencée par la Chine.

AFP
AFP

Cette guerre commerciale mondiale fait craindre une envolée de l’inflation et une chute de la consommation et de la croissance.

Elle pourrait, si elle se prolonge, bouleverser la mondialisation telle qu’on la connaît, avec ses chaînes de production éclatées pour de nombreux pays et ses porte-conteneurs géants, chargés de t-shirts bon marché ou de composants électroniques perfectionnés.

Et que dire des risques d’escalade diplomatique entre les deux premières puissances mondiales, dont la relation était déjà tendue?

La Chine a appelé mercredi ses citoyens à la «prudence» face aux «risques» d’un voyage touristique aux États-Unis.

La crainte d’un cycle sans fin de représailles pousse déjà certaines banques centrales à tenter de sauver les meubles. Celle de Nouvelle-Zélande a réduit ses taux d’intérêt de 25 points de base à 3,5%. La Banque centrale indienne, quant à elle, a abaissé ses taux d’intérêt à 6%.

Les craintes sur le commerce mondial ont poussé l’Italie à diviser par deux mercredi sa prévision de croissance pour 2025, soit à 0,6%. En France, elle devrait plafonner à 0,5%, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui tablait jusqu’à présent sur 0,8%.

Publicité
Publicité