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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

La France et ses intellectuels

Guy Rocher se désolait de voir que notre système d’éducation à trois vitesses est le plus inégalitaire au Canada. Une grave injustice louangée pourtant par nos gouvernements.
Guy Rocher se désolait de voir que notre système d’éducation à trois vitesses est le plus inégalitaire au Canada. Une grave injustice louangée pourtant par nos gouvernements. Photo d’archives
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Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2022-02-20T10:00:00Z
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Notre chroniqueur Mathieu Bock-Côté séjourne actuellement en France, d’où il observe l’actualité française d’un œil québécois.


La France est le pays des intellectuels. 

J’entends par là que les intellectuels ne sont pas cantonnés dans les marges de la vie publique, dans quelques revues confidentielles, ou dans les institutions d’enseignement supérieur. 

Ils sont au cœur de la cité. La vie des idées structure l’espace public, sur les différentes radios, à la télévision, dans les hebdomadaires et les quotidiens. 

Les intellectuels participent à la vie publique.

Télévision 

Pour le meilleur et pour le pire. 

Le meilleur quand ils parviennent à donner du sens aux débats politiques, en révélant la nature profonde des controverses dans lesquelles nous sommes engagés collectivement. 

Le pire quand ils polluent le débat public avec leurs névroses idéologiques, en remplaçant le débat sur les réalités par des débats sur les mots qu’on a le droit d’utiliser ou non. 

Qu’on me permette de prendre pour exemple ma collègue Sonia Mabrouk. 

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

Chaque matin, elle mène la grande entrevue de l’émission matinale sur la station de radio Europe 1. Elle y reçoit des hommes politiques, la plupart du temps. Mais elle reçoit aussi de temps en temps de grands intellectuels, pour donner un peu de relief aux événements qui ponctuent l’élection présidentielle. Le public adore. 

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Car il est nécessaire, justement, de prendre un peu de hauteur de temps en temps pour éviter de se laisser dévorer par le quotidien. Et le midi, sur CNEWS, où elle anime une émission de deux heures, elle en reçoit aussi pour les inviter à commenter l’actualité à travers un angle inattendu. 

Évidemment, il faut avoir les moyens intellectuels de les interviewer ! 

Heureusement, elle n’est pas la seule à faire cela à Paris ! 

Qu’en est-il chez nous ? Notre histoire n’est pas la même. Il y a une forme d’anti-intellectualisme dans la société québécoise. On soupçonne les intellectuels de mépriser le peuple, et ce n’est pas toujours faux. 

Souvent, lorsqu’ils interviennent, c’est dans ce safe space qu’est la radio publique fédérale, dans quelques émissions choisies, où le débat consiste à faire parler ensuite différentes nuances de gauche. Ils s’enferment dans un monde parallèle qu’ils sont les seuls à comprendre. 

Et pourtant, je suis convaincu d’une chose : le Québec a quelque chose à apprendre de la France en la matière. 

Notre pragmatisme fait notre force, certes, mais aussi notre faiblesse. Nous sommes un peuple concret, terre à terre. Mais quelquefois, trop concret, et trop terre à terre. 

Nous peinons à avoir une vision d’ensemble de notre société, de notre passé, de notre présent, de notre avenir. Conséquence de cela, nous en payons le prix dans nos débats démocratiques, comme on le voit quand une crise nous frappe.

Québec

Il n’en fut pas toujours ainsi. Fernand Dumont, Jacques Grand’Maison, Michel Brunet ont longtemps joué un rôle vital dans l’espace public. Aujourd’hui, Guy Rocher est le dernier héritier de cette tradition. 

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Il ne manque pourtant pas d’hommes et de femmes pour prendre la relève. 

Encore faut-il les inviter, leur faire une place.

En la matière, le Québec devrait s’inspirer de la France.  

À quand l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron ? 

On s’attend à ce qu’Emmanuel Macron se lance dans la campagne présidentielle d’ici deux semaines. Cela bouleversera évidemment la campagne présidentielle. Est-ce que le président candidat s’effondrera dans les sondages en entrant dans l’arène, comme le croient certains ? J’en doute. Continuera-t-il de les dominer comme c’est le cas en ce moment ? On verra. Alors que la situation ukrainienne devient de plus en plus inquiétante, il profite de sa posture internationale globalement avantageuse pour dominer la politique intérieure.  

Éric Zemmour en deuxième place 

Éric Zemmour pourrait bien dynamiter la vie politique française. Porteur d’une vision politique associée à la droite nationale-conservatrice, il menace à la fois la droite classique, de Valérie Pécresse, et la droite populiste, de Marine Le Pen. Les sondages l’annoncent désormais au deuxième tour de la présidentielle. Ce scénario était jugé impensable encore récemment. En ce moment, il domine les esprits. Certains y voient une révolution politico-idéologique, quel que soit le résultat de la présidentielle.   

Quand le monde regarde Ottawa

Le Canada, on le sait, ne passe pas pour un pays très tumultueux. Peut-être est-ce pour cela que le siège d’Ottawa a fasciné une partie de l’opinion publique française. Certains ont voulu y voir un peuple insurgé. D’autres y ont vu un délire qui justifiait une répression forte. On s’est notamment intéressé au gel des comptes bancaires des camionneurs. Il faut dire qu’en France, ce siège aurait probablement été cassé de manière beaucoup plus brutale.

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