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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

La fois où Richard Martel a failli échanger David Desharnais aux Remparts de Québec de Patrick Roy

Patrick Roy et Richard Martel, en 2006.
Patrick Roy et Richard Martel, en 2006. Photo d'archives
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Photo portrait de Kevin Dubé

Kevin Dubé

2024-03-15T04:00:00Z
2024-03-15T05:01:17Z
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Richard Martel a dirigé David Desharnais pour la presque totalité de sa carrière junior, avec les Saguenéens de Chicoutimi. En 2007, il est toutefois passé bien près d’échanger son joueur vedette de 20 ans à ses plus grands rivaux, les Remparts de Québec.

• À lire aussi: David Desharnais immortalisé par les Sags: «personne ne pouvait se douter qu'il aurait du succès comme ça chez les pros»

Les Remparts venaient tout juste de remporter la Coupe Memorial à Moncton en 2006 et, dès le repêchage suivant, Patrick Roy avait fait connaître à Martel son grand intérêt pour Desharnais et qu’il serait prêt à payer le gros prix pour l’obtenir.

Québec visait à nouveau les grands honneurs alors que quelques joueurs importants de l’édition championne de 2006 étaient de retour, dont Brent Aubin, Angelo Esposito, Félix Petit et Maxime Lacroix. L’équipe avait aussi mis la main sur les frères Ruslan et Roman Bashkirov, dont on disait beaucoup de bien.

«Il lui manquait un gars comme David Desharnais et je pense que, si on lui envoyait, d’autres échanges auraient été conclus. Il avait commencé à nous en parler au repêchage et avait donné un grand coup aux Fêtes», nous a raconté Martel.

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Pas une offre assez alléchante

De leur côté, les Sags étaient à la croisée des chemins. Les Maxime Boisclair, Stanislav Lascek, Marek Zagrapan et compagnie étaient partis et l’équipe devait maintenant préparer la relève.

Nul doute que Desharnais aurait permis à l’organisation d’obtenir un pactole intéressant pour l’avenir.

«Ç’a été chaud. Ça me prenait beaucoup si j’étais pour échanger David, mais j’avais l’impression que ce que Patrick me donnait, ce n’était pas assez. Il avait tout fait. De mon côté, je savais que, si je l’envoyais à Québec, ils allaient gagner la Coupe du Président. Je devais donc être convaincu que ce qu’il allait me donner allait valoir ça.»

David Desharnais, célébrant un but inscrit contre les Remparts de Québec le 24 novembre 2006. Il était loin de se douter que les Remparts tentaient par tous les moyens de faire son acquisition.
David Desharnais, célébrant un but inscrit contre les Remparts de Québec le 24 novembre 2006. Il était loin de se douter que les Remparts tentaient par tous les moyens de faire son acquisition. Photo d'archives Stevens Leblanc

Après de nombreuses tentatives, Martel avait finalement décidé de ne pas échanger Desharnais non seulement à Québec, mais nulle part ailleurs, et de se priver du retour qu’il aurait pu rapporter.

«Il y en a qui m’en ont voulu de ne pas l’avoir échangé pour la reconstruction, reconnaît-il. Avec du recul, je suis très heureux de savoir que David Desharnais va avoir son chandail retiré en tant que membre des Saguenéens à 100%. C’est ce que les grands joueurs font: ils commencent et finissent chez eux. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir gagné avec lui dans l’alignement.»

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Peu de mouvements

Les Remparts avaient finalement été peu actifs lors de la période des transactions des Fêtes, leur plus importante transaction étant l’acquisition du défenseur de 20 ans Billy Bezeau des Tigres de Victoriaville en retour d’un choix de cinquième ronde. Québec avait terminé au 10e rang du classement général et s’était incliné en cinq matchs en première ronde face aux Voltigeurs de Drummondville.

Les Sags aussi avaient subi un revers rapide en première ronde, en seulement quatre parties face aux éventuels finalistes, les Foreurs de Val-d’Or.

«Il ne sait pas à quel point il a été bon pour l’organisation»

Photo d'archives
Photo d'archives

David Desharnais a marqué l’histoire des Saguenéens de Chicoutimi et ce n’est pas pour rien que l’organisation en fera son 13e immortel, vendredi soir. Ça, tout le monde le sait autour de lui, sauf lui.

C’est du moins ce qui est ressorti de nos conversations avec ceux qui l’ont connu à un moment ou un autre de son périple dans la LHJMQ. Malgré tout le succès qu’il a connu, Desharnais est demeuré humble au possible sur ses réalisations.

«Il ne sait pas à quel point il a été bon pour l’organisation des Saguenéens, mais aussi à quel point il a aidé du monde dans le hockey. On remplissait le Centre Georges-Vézina à répétition à son époque et même le Colisée Pepsi quand on allait à Québec», se remémore le recruteur-chef des Sags à l’époque, Jérôme Mésonéro.

Son partenaire de trios, qui a inscrit 70 buts en 70 matchs à ses côtés en 2005-2006, Maxime Boisclair, ne pourrait être plus en accord.

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«C’est un gars tellement humble qui n’aime pas trop faire parler de lui. Il ne réalise probablement pas l’impact qu’il a eu. Si j’avais un mot pour le résumer, ce serait valeur. C’est un gars qui a été un exemple pour tout le monde dans sa façon de se comporter autant sur qu’en dehors de la glace et il a montré le chemin aux jeunes qui ont suivi. Au-delà des statistiques, c’est là qu’il a laissé sa trace.»

Un joueur sous-estimé malgré tout

Pour son entraîneur de l’époque, Richard Martel, Desharnais n’a probablement jamais été réellement conscient du talent qu’il possédait.

«Il est très humble. Je ne sais pas s’il savait qu’il était si bon que ça. Je me souviens très bien qu’il croyait que sans Boisclair et Lascek, il était un moins bon joueur. Je ne suis pas certain qu’il connaissait sa vraie valeur. David a joué dans la LNH! Plusieurs ont fait un saut quand il est arrivé là. Quand il jouait junior, on parlait toujours de Maxime Talbot ou Sidney Crosby et ces gars ont un peu porté ombrage à David, mais il n’était pas loin d’eux.

Toujours aussi humble

À quelques jours de l’événement, Desharnais peinait encore à réaliser pleinement l’ampleur de ce qu’il a accompli avec les Sags ainsi que ce que représente l’hommage qui lui sera rendu, lorsque Le Journal s’est entretenu avec lui.

Fraîchement retraité, il commence à peine à faire le récapitulatif de son improbable carrière. Et, malgré tout, il demeure, encore une fois, très humble.

«Quand tu joues, tu es concentré et tu dois performer et être toujours à 100%. Tu n’as pas le temps de penser au passé et à ce que tu as accompli. Puis, tu arrêtes, et tu te mets à jouer dans des ligues et tu te rends compte que tu as des qualités pas pires sur la glace par rapport à certains et qu’ils sont impressionnés. Quand tu joues, tu tiens ça pour acquis.

«On ne le fait pas pour ça, mais tant mieux si j’ai pu marquer une organisation et une génération.»

Et il semble que ce soit le cas.

David Desharnais avec les Saguenéens en chiffres

Saison par saison

2003-2004 70 matchs, 23 buts, 28 passes, 51 points

2004-2005 68 matchs, 32 buts, 65 passes, 97 points

2005-2006 63 matchs, 33 buts, 85 passes, 118 points

2006-2007 61 matchs, 38 buts, 70 passes, 108 points

Total

126 buts 12e dans l’histoire des Saguenéens

248 passes 5e dans l’histoire des Saguenéens

374 points 7e dans l’histoire des Saguenéens

* Il est le seul joueur de l’histoire à avoir remporté le trophée Frank-J.-Selke (joueur le plus gentilhomme) trois fois de suite.

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