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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

David Desharnais immortalisé par les Sags: «Personne ne pouvait se douter qu'il aurait du succès comme ça chez les pros»

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Photo portrait de Kevin Dubé

Kevin Dubé

2024-03-14T23:30:00Z
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Lorsqu'ils ont repêché David Desharnais en deuxième ronde du repêchage de la LHJMQ de 2003, les Saguenéens savaient qu'ils avaient fait un bon coup, mais ne se doutaient assurément pas que son chandail no. 15 serait un jour retiré par l'organisation après, notamment, avoir assumé le rôle de centre du premier trio du Canadien pendant un certain temps. 

C'est ce qui se produira, vendredi soir, alors que Desharnais deviendra le 13e immortel de l'histoire de l'organisation.

  • Écoutez le segment sportif avec Jean-François Baril via QUB :

En quatre saisons avec les Sags, Desharnais aura récolté 374 points en 262 parties de saison régulière ainsi que 43 points en 48 matchs en séries éliminatoires, avant de connaître une carrière de 524 matchs dans la LNH suivie de plus de 200 matchs en Europe, dans la KHL et en Suisse. Il a notamment fait sa marque avec le Canadien, pivotant leur premier trio pendant un certain temps en plus de signer un contrat de quatre ans qui lui a rapporté 14M$.

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Pas si mal pour un joueur qui avait toujours été jugé trop petit.

David Desharnais portant fièrement sa casquette des Saguenéens de Chicoutimi, à quelques jours de la cérémonie du retrait de son chandail par l'organisation.
David Desharnais portant fièrement sa casquette des Saguenéens de Chicoutimi, à quelques jours de la cérémonie du retrait de son chandail par l'organisation. Photo Stevens LeBlanc

Nouvellement retraité, Desharnais peine encore à réaliser que, bientôt, son maillot flottera à tout jamais dans les hauteurs du domicile des Sags. Mais il se rappelle chacun des moments passés dans la LHJMQ.

«Ça va tellement vite, le junior. Tu te bats du début à la fin et, quand tu commences à être confortable, c’est terminé et il faut que tu partes vers un autre défi. Mais je me souviens de chaque épisode, contrairement à chez les professionnels où mes souvenirs sont plus flous. Là-bas, tu te bats pour ta vie, pour ton salaire et ta place tandis que, dans le junior, tu es avec tes amis, tu vas à l’école, tu voyages en autobus et tu n’es pas encore en compétition l’un contre l’autre», a-t-il confié au Journal dans les derniers jours.

Un choix payant 

Jérôme Mésonéro ne regrette assurément pas d’avoir jeté son dévolu sur Desharnais avec le 20e choix au total du repêchage de 2003, alors qu’il œuvrait en tant que dépisteur-chef des Saguenéens.

Celui qui a amorcé sa carrière dans le hockey en tant qu’entraîneur midget dans la région de Lotbinière s’était rapidement familiarisé avec «le petit Desharnais au casque rouge» alors qu’il évoluait dans les rangs Atome et qu’il jouait souvent avant son équipe. 

Puis, une fois avec les Commandeurs de Lévis au niveau midget AAA, ce préjugé favorable a été confirmé par le dépisteur Claude Poulin, attitré à la région de Québec pour le compte des Sags à cette époque.

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«À chaque semaine, Claude me disait: “Desharnais a quelque chose de spécial.” Les recruteurs ont l’habitude de quitter quelques minutes avant la fin d’un match, question d’éviter les embouteillages dans le stationnement, mais Claude me disait: “il ne me laisse jamais partir! Le match n’est jamais terminé quand il est là”», a raconté Mésonéro, qui œuvre maintenant comme dépisteur pour l’Avalanche du Colorado. 

David Desharnais lorsqu'il portait les couleurs des Commandeurs de Lévis.
David Desharnais lorsqu'il portait les couleurs des Commandeurs de Lévis. Photo d'archives

De son côté, Desharnais nous a confié qu’il s’attendait à être repêché en quatrième ou cinquième ronde, en 2003.

Mésonéro confirme qu’il ne se serait jamais rendu là puisque les Sags, notamment, l’avaient en très haute estime.

Des débuts difficiles 

Desharnais était ensuite arrivé au camp d’entraînement avec de grandes attentes placées en lui. On voyait en lui un joueur ayant le potentiel de devenir l’un des meneurs offensifs de l’équipe à long terme.

Après s’être taillé une place avec l’équipe, il n’avait pas connu les débuts escomptés totalisant 11 points, dont quatre buts, à ses 28 premiers matchs. C’est alors que s’est amené un certain Richard Martel, en remplacement de l’entraîneur-chef René Matte, congédié.

«Quand je suis arrivé à Chicoutimi, tout le monde me disait que j’avais un joyau entre les mains, a raconté le député conservateur. Pourtant, il n’avait pas les chiffres pour le prouver. J’avais dirigé Alexandre Blais à Baie-Comeau, qui avait joué avec David dans le midget, mais qui avait été repêché en cinquième ronde et il avait le double de ses points. J’étais mêlé.» 

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Richard Martel
Richard Martel Photo d'archives, Didier Debusschère

Desharnais se souvient bien de la suite: «il avait passé chacun des joueurs un après l’autre et rendu à mon tour, il m’avait dit: “tu as combien de buts, toi? Et Blais, lui? [il en comptait 14, contre 4 pour Desharnais]”.»

Les choses avaient ensuite débloqué pour Desharnais à qui Martel avait donné les occasions de mettre son talent en avant-plan, le réunissant à Maxime Boisclair et Stanislav Lascek. Il avait finalement terminé la saison avec 40 points à ses 42 dernières parties.

«À partir de ce moment-là, les Sags n’ont plus été la même équipe. À 17 ans, il était notre moteur offensif et comme entraîneur, tu sais que tu vas avoir toute une formation pendant trois ans. Un joueur comme David, ça rend un entraîneur meilleur», ajoute Martel. 

Des défaites crève-cœur 

Menés par Desharnais, entre autres, ainsi que Boisclair, Lascek et Marek Zagrapan, entre autres, les Sags termineront ensuite au quatrième rang de la LHJMQ en 2004-2005, puis troisièmes la saison suivante, à égalité avec les Remparts de Québec et à un seul point des Wildcats de Moncton et du tout premier rang.

Mais, les deux fois, leur parcours s’est arrêté abruptement en séries.

«La première fois, on a perdu contre Sidney Crosby et Rimouski et l’année d’après, on était supposé tout gagner mais on avait perdu contre Gatineau qui avait Claude Giroux et David Krejci. Avec du recul, on n’a pas perdu contre des deux de piques!», mentionne le nouvel immortel des Sags.

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David Desharnais, en larmes, au terme de son dernier match dans la LHJMQ le 28 mars 2007.
David Desharnais, en larmes, au terme de son dernier match dans la LHJMQ le 28 mars 2007. Photo d'archives

Desharnais a par la suite continué de déjouer les pronostics, atteignant la LNH, contre toute attente.

«Tout le monde savait qu'il était bon mais personne ne pouvait se douter qu'il aurait du succès comme ça chez les pros, mentionne Richard Martel. Il a fait marcher Max Pacioretty dès la Ligue américaine de hockey. Il avait une vision incroyable et au-delà de ça, il avait le respect de tout le monde. Il dégageait quelque chose et les joueurs le sentaient. C'est un gars qui était là pour la vraie game de hockey.»

La cérémonie aura lieu vendredi soir, avant le match face aux Remparts de Québec.

David Desharnais en trois questions 

Photo d'archives
Photo d'archives

Q. Est-ce que des liens d’amitié tissés au cours de tes quatre années à Chicoutimi durent encore aujourd’hui?

R. Oui, plusieurs. Francis Verreault-Paul en est un, c’est mon plus grand chum. On est arrivé ensemble et on a créé un lien rapidement. Richard [Martel] nous mettait souvent l’un contre l’autre durant les entraînements parce qu’il aimait ça quand on voulait s’arracher la tête (rire). Quand je suis arrivé à Montréal avec le Canadien, il jouait à McGill. On a partagé ces moments-là ensemble. Dans la LNH, tu ne sais jamais en qui tu peux avoir confiance et avoir un ami qui jouait dans la même ville, c’était super. On a pu partager ce qu’on vivait l’un et l’autre.

Q. Tu as vécu de nombreuses rivalités dans la LNH, notamment avec les Bruins de Boston. Est-ce que, toute proportion gardée, celle avec les Remparts de Québec était comparable?

R. Absolument! Une rivalité, c’est une rivalité. Il y avait 15 000 personnes dans le Colisée quand on venait à Québec et le centre Georges-Vézina était plein à craquer quand Patrick [Roy] et les Remparts débarquaient. Ç’a été des années incroyables et je remercie mes adversaires puisque les haïr t’aide à performer à ton mieux (rire).

Q. Qui est la personne qui t’a le plus aidé, dans l’ombre?

R. Mon entraîneur personnel Raymond Veillette. Je l’ai joint après mon année de 17 ans et si ce n’était pas de lui, je n’aurais pas joué où j’ai joué. Il m’a beaucoup influencé et m’a permis de m’entraîner avec des gars qui étaient déjà chez les professionnels comme Patrice Bergron, Francis Bouillon et Antoine Vermette. Ça m’a appris la discipline qu’il fallait avoir. Une fois que je me suis joint à eux, ma carrière a pris un autre niveau. Dès l’année suivante, je voyais la différence. 

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