La fillette aurait pu bouger sa tête
Un expert témoigne au procès pour meurtre

Antoine Lacroix
La fillette de Granby aurait été en mesure de bouger la tête, même si elle était enroulée de ruban, a témoigné au jury un expert en polymère au procès de la belle-mère accusée de son meurtre.
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L’enseignant à Polytechnique Montréal Charles Dubois a été appelé à venir témoigner par la défense, avec le mandat de se pencher sur le rôle qu’a eu à jouer le ruban adhésif dans la mort de cette enfant qui avait 7 ans lorsqu’elle est décédée.
Il a donc réalisé de nombreuses analyses sur l’amas de ruban adhésif et la roulette qui avaient été trouvés sur la scène de crime, pour établir ses propriétés mécaniques, comme son adhérence et sa résistance.
Selon l’ingénieur, la petite avait d’abord été enroulée dans « au moins » cinq épaisseurs de ruban adhésif, mais « probablement plus à certains endroits ». Deux autres couches ont ensuite été ajoutées, cette fois-ci de la tête aux pieds.
Le professeur Dubois a aussi estimé qu’un enfant moyen âgé de 5 à 11 ans aurait eu la force nécessaire pour étirer, décoller et déplacer le ruban adhésif qui avait été mis sur sa tête.
Également, la fillette aurait été capable de bouger sa tête malgré le ruban adhésif, mais « au niveau du tronc, la capacité de contention était élevée », selon l’expert.

Rapport mis en doute
La méthodologie du professeur Dubois a toutefois été remise en doute lors du contre-interrogatoire, par le procureur de la Couronne, Jean-Sébastien Bussières.
Il lui a reproché de ne pas avoir tenu compte de l’état de santé de la fillette, qui était rachitique pour son âge, dans ses analyses.
L’avocat a aussi déploré que le rapport n’a pas pris en considération l’adhésion du ruban sur les cheveux de l’enfant, mais seulement sur la peau et sur la chemise verte qu’elle portait.
Le professeur a aussi reconnu que la sueur de la fillette aurait affecté l’adhérence de la colle, ce qu’il n’avait pas comme donnée.
« Finalement, il y a beaucoup de variables que vous n’aviez pas dans vos données », a lancé Me Bussières.
« Vous appelez ça des variables, moi j’appelle ça des inconnues », a répondu Charles Dubois, ajoutant qu’il tirait ses données pour un « groupe d’âge cible ».
Le procès tire à sa fin
Le procès de la belle-mère de Granby, accusée de meurtre non prémédité et de séquestration, tire à sa fin.
La défense doit présenter aux membres du jury son dernier témoin jeudi. La prochaine étape sera les plaidoiries.