La belle-mère ne pensait pas que c’était dangereux
L’accusée du meurtre de la fillette de Granby a entamé un témoignage émotif

Antoine Lacroix
La belle-mère de la fillette de Granby n’avait jamais pensé qu’il était dangereux de l’enrouler de ruban adhésif et que l’enfant pouvait en mourir, a-t-elle affirmé en pleurs au jury lundi.
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« Pour moi, c’est la seule solution. [...] Je veux juste l’empêcher qu’elle se sauve. Ça paraît peut-être irréel pour vous, mais pour moi, à ce moment-là, si je revenais en arrière ça serait peut-être différent », a sangloté la femme de 38 ans, qui a décidé de témoigner pour sa défense dans son procès pour meurtre non prémédité et séquestration.

Avant elle, son avocat, Alexandre Biron, s’est adressé au jury de manière catégorique : jamais sa cliente n’a eu l’intention de causer la mort de la victime de 7 ans lors des événements du 29 avril 2019, bien que des « gestes regrettables » aient été posés.
Les médias doivent toutefois respecter des ordonnances des tribunaux qui empêchent de rapporter des parties de certains témoignages, tout comme l’identité de certaines personnes impliquées dans l’affaire.
« C’est à moi d’expliquer mon histoire, j’avais hâte », a dit d’emblée au jury l’accusée, d’un ton stressé.
Elle a alors amorcé son récit, relatant notamment comment elle en est venue à connaître la fillette, qui souffrait de problèmes en lien avec la nourriture.

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« Mignonne », mais en crise
L’enfant faisait « des crises » et adoptait « des comportements extrêmement difficiles », au point de se faire mal aux jointures et se « mutiler », a-t-elle affirmé
« Elle est petite, elle est mignonne, a toutefois décrit la femme, dans de rares mots tendres à son endroit. C’était ma “partner”, on était les deux filles dans la maison. »
C’est au moment de relater les événements qui ont mené à l’enroulement de la fillette avec du ruban adhésif que l’accusée est devenue émotive.
Corroborant les témoignages déjà entendus, la femme a confirmé que l’enfant a tenté à plusieurs reprises de s’échapper par la fenêtre de sa chambre et qu’une « barricade » de meubles avait été érigée.
Si l’idée de l’attacher avec du « tape » n’est pas venue d’elle et qu’elle a assuré ne pas avoir amorcé la contention, la belle-mère a confirmé au jury lui avoir saisi les jambes pendant un bref moment, durant la nuit du 28 au 29 avril.
Rencontre d’expert le jour même
Au matin, elle a entendu un « boom » et a réalisé que la fillette était en train de se détacher.
« J’ai juste pris le tape pis j’ai roulé autour du torse. [...] J’ai demandé de placer ses mains, pis j’ai serré au niveau de son torse. Je peux pas le dire le nombre de tours, peut-être une dizaine », a-t-elle affirmé, en pleurant, ajoutant qu’une consultation chez un pédopsychiatre était prévue cette journée-là à 15 h pour l’hospitaliser.
Elle l’a toutefois retrouvée « inerte » et le 911 a été composé à 11 h 30.
« Je veux pas que le meuble lui tombe dessus. Je sais que c’est une extrême décision, s’est-elle justifiée. Mais pour moi, y a pas de danger. Je ne pense pas qu’elle va mourir. »
Mais jamais elle n’a « bloqué les voies respiratoires », a-t-elle soutenu au jury plusieurs fois, leur jurant dire la vérité.
- Le contre-interrogatoire de la belle-mère s’amorce mardi.
- Écoutez le résumé du journaliste Antoine Lacroix sur QUB radio:
Ce que l’accusée a dit
« Je suis détenue depuis ce moment-là. J’ai pu entendre les témoignages. J’avais hâte vraiment de dire la vérité. Ce que je vous ai dit, c’est vrai, ce que j’ai commis comme gestes. [...] Je sais que c’est pas la solution. »
« J’aurais jamais jamais jamais pensé que les gestes que j’ai posés ça aurait causé son décès et je le regrette. C’est peut-être facile à dire si je pouvais revenir en arrière. Je m’excuse de tout ça. »
« Je [lui] dis d’arrêter de crier, d’arrêter de faire sa crise, qu’on va la détacher, mais faut qu’elle se calme, qu’elle arrête. »
« J’ai pas mis de tape sur la bouche, j’ai pas obstrué ses voies respiratoires. J’aurais jamais... j’arrive pas à accepter, j’arriverai jamais. »