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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

La belle-mère ne pensait pas que c’était dangereux

L’accusée du meurtre de la fillette de Granby a entamé un témoignage émotif

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Photo portrait de Antoine Lacroix

Antoine Lacroix

2021-11-15T14:33:41Z
2021-11-16T03:58:42Z
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La belle-mère de la fillette de Granby n’avait jamais pensé qu’il était dangereux de l’enrouler de ruban adhésif et que l’enfant pouvait en mourir, a-t-elle affirmé en pleurs au jury lundi.

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« Pour moi, c’est la seule solution. [...] Je veux juste l’empêcher qu’elle se sauve. Ça paraît peut-être irréel pour vous, mais pour moi, à ce moment-là, si je revenais en arrière ça serait peut-être différent », a sangloté la femme de 38 ans, qui a décidé de témoigner pour sa défense dans son procès pour meurtre non prémédité et séquestration.

Un rideau de billes noires et blanches a été installé devant la porte de la chambre de la fillette afin qu’il émette du bruit lorsque l’enfant tentait d’aller se « gaver la nuit », a expliqué sa belle-mère.
Un rideau de billes noires et blanches a été installé devant la porte de la chambre de la fillette afin qu’il émette du bruit lorsque l’enfant tentait d’aller se « gaver la nuit », a expliqué sa belle-mère. Photo courtoisie

Avant elle, son avocat, Alexandre Biron, s’est adressé au jury de manière catégorique : jamais sa cliente n’a eu l’intention de causer la mort de la victime de 7 ans lors des événements du 29 avril 2019, bien que des « gestes regrettables » aient été posés.

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Les médias doivent toutefois respecter des ordonnances des tribunaux qui empêchent de rapporter des parties de certains témoignages, tout comme l’identité de certaines personnes impliquées dans l’affaire.

« C’est à moi d’expliquer mon histoire, j’avais hâte », a dit d’emblée au jury l’accusée, d’un ton stressé. 

Elle a alors amorcé son récit, relatant notamment comment elle en est venue à connaître la fillette, qui souffrait de problèmes en lien avec la nourriture. 

On peut voir une roulette de ruban adhésif qui aurait été utilisée pour l’enrouler.
On peut voir une roulette de ruban adhésif qui aurait été utilisée pour l’enrouler. Photo courtoisie
  • Écoutez la chronique judiciaire de l’ex-juge Nicole Gibeault sur QUB radio   

« Mignonne », mais en crise

L’enfant faisait « des crises » et adoptait « des comportements extrêmement difficiles », au point de se faire mal aux jointures et se « mutiler », a-t-elle affirmé 

« Elle est petite, elle est mignonne, a toutefois décrit la femme, dans de rares mots tendres à son endroit. C’était ma “partner”, on était les deux filles dans la maison. »

C’est au moment de relater les événements qui ont mené à l’enroulement de la fillette avec du ruban adhésif que l’accusée est devenue émotive.

Corroborant les témoignages déjà entendus, la femme a confirmé que l’enfant a tenté à plusieurs reprises de s’échapper par la fenêtre de sa chambre et qu’une « barricade » de meubles avait été érigée. 

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Si l’idée de l’attacher avec du « tape » n’est pas venue d’elle et qu’elle a assuré ne pas avoir amorcé la contention, la belle-mère a confirmé au jury lui avoir saisi les jambes pendant un bref moment, durant la nuit du 28 au 29 avril.

Rencontre d’expert le jour même

Au matin, elle a entendu un « boom » et a réalisé que la fillette était en train de se détacher. 

« J’ai juste pris le tape pis j’ai roulé autour du torse. [...] J’ai demandé de placer ses mains, pis j’ai serré au niveau de son torse. Je peux pas le dire le nombre de tours, peut-être une dizaine », a-t-elle affirmé, en pleurant, ajoutant qu’une consultation chez un pédopsychiatre était prévue cette journée-là à 15 h pour l’hospitaliser. 

Elle l’a toutefois retrouvée « inerte » et le 911 a été composé à 11 h 30. 

« Je veux pas que le meuble lui tombe dessus. Je sais que c’est une extrême décision, s’est-elle justifiée. Mais pour moi, y a pas de danger. Je ne pense pas qu’elle va mourir. »

Mais jamais elle n’a « bloqué les voies respiratoires », a-t-elle soutenu au jury plusieurs fois, leur jurant dire la vérité.   

  • Le contre-interrogatoire de la belle-mère s’amorce mardi.   
  • Écoutez le résumé du journaliste Antoine Lacroix sur QUB radio:

Ce que l’accusée a dit  

« Je suis détenue depuis ce moment-là. J’ai pu entendre les témoignages. J’avais hâte vraiment de dire la vérité. Ce que je vous ai dit, c’est vrai, ce que j’ai commis comme gestes. [...] Je sais que c’est pas la solution. »

« J’aurais jamais jamais jamais pensé que les gestes que j’ai posés ça aurait causé son décès et je le regrette. C’est peut-être facile à dire si je pouvais revenir en arrière. Je m’excuse de tout ça. »

« Je [lui] dis d’arrêter de crier, d’arrêter de faire sa crise, qu’on va la détacher, mais faut qu’elle se calme, qu’elle arrête. »

« J’ai pas mis de tape sur la bouche, j’ai pas obstrué ses voies respiratoires. J’aurais jamais... j’arrive pas à accepter, j’arriverai jamais. »

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