Avec Pierre Poilievre, le Parti conservateur s’est doté d’un chef aux solides assises québécoises grâce à sa carte cachée : son épouse, une immigrante du Venezuela qui a grandi à Montréal.

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Depuis Brian Mulroney, aucun chef n’avait eu de véritable ancrage au Québec, une province clef pour gagner une élection générale. Et l’équipe Poilievre tenait à le montrer dès les premières minutes de son mandat.

C’est son épouse Anaida Poilievre Galindo qui a présenté le chef tout juste élu à la foule à Ottawa, samedi, jonglant entre le français, l’espagnol, et l’anglais.

« On voulait lancer le message que Pierre est proche du Québec, qu’il a marié une Québécoise et qu’il a sa belle-famille ici, à Montréal », indique le sénateur Claude Carignan, qui a travaillé avec la jeune femme de 2014 à 2015.

M^me Poilievre Galindo se présente comme « la petite fille de Pointe-aux-Trembles », fille de réfugiés vénézuéliens, d’un père banquier devenu travailleur agricole, et maintenant entrepreneur.

La famille a fui le Venezuela, en 1995, quand le pays était plongé dans une crise bancaire et inflationniste sans précédent.

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Dans son discours, maintes fois répété au cours de la campagne de son époux au Québec, elle a longuement insisté sur les origines modestes de son couple.

« Nos familles ont vécu d’un chèque de paie à l’autre », a-t-elle dit.

S’éloigner de Donald Trump

Au-delà du portrait de famille parfaite que veut projeter le couple, parent de deux jeunes enfants, il y a une stratégie claire : chasser l’étiquette de Donald Trump canadien qui colle à Pierre Poilievre.

« Quand tu vois avec qui il partage sa vie, tu te dis “ben voyons donc”, l’étiquette Trump ne lui va pas du tout, indique Jean-Martin Masse, qui a dirigé M^me Poilievre Galindo au cabinet de M. Carignan. Tu ne peux pas vivre avec une immigrante et être un raciste qui veut construire des murs. »

Être marié à une immigrante d’origine modeste n’a cependant pas empêché l’ex-président américain devenu l’idole de l’extrême droite de prôner un mur à la frontière du Mexique pour stopper l’immigration illégale, et de déclarer que les Mexicains étaient tous des violeurs.

Stratégie politique

Mais contrairement au couple Trump, le couple Poilievre Galindo n’est pas novice en politique. Tous les deux y baignent depuis la jeune vingtaine. 

Arrivée sur la colline parlementaire en 2008, à 21 ans, M^me Poilievre Galindo a notamment été directrice des politiques au bureau du sénateur Carignan et conseillère du député conservateur antiavortement Michael Cooper.

Construire et livrer des messages stratégiques convaincants, c’est sa spécialité.