La directrice du Louvre admet un système de surveillance extérieure «très insuffisant»
AFP
La directrice du Musée du Louvre, qui a rouvert mercredi après le vol spectaculaire de joyaux commis en plein jour dimanche, a admis que le système de surveillance vidéo de l’extérieur du célèbre musée parisien était «très insuffisant».
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Laurence des Cars, silencieuse depuis le vol, a été auditionnée mercredi après-midi par la commission de la culture du Sénat et interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d’Apollon où a été commis le vol. Elle abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la couronne de France, qui compte environ 800 pièces.
La présidente-directrice du Louvre a admis que, si toutes les alarmes ont fonctionné, le système de surveillance vidéo de l’extérieur du Louvre et «très insuffisant» et ne couvrait pas le balcon par lequel sont entrés les auteurs du spectaculaire cambriolage de dimanche.

«Il y a quelques caméras périmétriques, mais qui sont vieillissantes [...], le parc est très insuffisant, ne couvre pas l’ensemble des façades du Louvre, et malheureusement du côté de la galerie d’Apollon» où a eu lieu le vol, «la seule caméra est posée en direction de l’ouest et donc ne couvrait pas le balcon concerné par l’effraction», a déclaré Mme des Cars, en assurant que le futur plan de sécurité permettrait de couvrir «l’ensemble des façades».
Celle qui était devenue en mai 2021 la première femme à accéder à la tête du Louvre, établissement de renommée mondiale qui a accueilli 9 millions de visiteurs en 2024 (dont 80 % d’étrangers), a dit souhaiter l’installation d’un «commissariat de police au sein du musée».
Réouverture
Elle a aussi estimé qu’une restauration de la précieuse couronne de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III, empereur de 1852 à 1870), réchappée du vol des joyaux de dimanche au musée, est «délicate», mais «possible».
Le président français Emmanuel Macron avait indiqué plus tôt, lors du traditionnel conseil des ministres, «que des mesures de sécurisation du Louvre étaient en cours de déploiement et il a demandé une accélération de ces mesures», a dit la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.

Cette demande du président intervient alors que le musée le plus visité au monde a rouvert.
«Je suis tellement heureuse de pouvoir le visiter, qu’il ait rouvert», s’est félicitée mercredi parmi les visiteurs Carla Henry Hopkins, une Américaine de 60 ans, qui dit avoir «confiance dans la sécurité du musée».
L’enquête se poursuit pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin.

Le vol a provoqué une forte émotion en France comme à l’étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.
L’enquête «progresse», a assuré le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez sur la télévision CNews et la radio Europe 1, précisant que «plus d’une centaine d’enquêteurs» sont mobilisés.
88 millions d’euros
La valeur des bijoux dérobés a été estimée à 88 millions d’euros, ce qui en fait un des plus importants vols d’objets d’art des dernières décennies.
Parmi les huit pièces emportées par les voleurs figurent le diadème de l’impératrice Eugénie et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français 1830 à 1848), et d’Hortense de Beauharnais (mère de Napoléon III).

Devant les députés, la ministre de la Culture Rachida Dati avait exclu mardi toute «faille de sécurité à l’intérieur» du musée, car les dispositifs «ont fonctionné». Elle a en revanche mis en cause l’absence de la sécurité «sur la voie publique», permettant aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et d’entrer par une fenêtre.
Candidate de droite à la mairie de Paris aux élections municipales de mars prochain, elle a reconnu qu’avait été «sous-estimée pendant trop longtemps la sécurité des œuvres d’art». «On a plutôt privilégié la sécurité des publics», selon elle.
Dans un prérapport consulté lundi par l’AFP, la Cour des comptes, institution chargée de vérifier l’emploi des fonds publics, déplore un «retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres» du musée.

Le problème de sécurité au Louvre ne date «pas d’hier» et était connu de l’administration, a assuré mercredi son président, Pierre Moscovici, sur la radio RTL.
Le fabricant allemand du monte-charge utilisé lors du cambriolage a quant à lui profité de l’émotion suscitée pour promouvoir son appareil sur les réseaux sociaux.
L’entreprise Böcker a publié une photo de son monte-charge, prise par l’AFP le jour du vol, déployé jusqu’au premier étage d’un coin du Louvre, voie d’entrée des cambrioleurs.
Avec la légende suivante: «Le Böcker Agilo peut transporter jusqu’à 400 kilos de trésors, à une vitesse de 42 mètres par minute, grâce à un moteur aussi silencieux qu’un murmure.»