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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Migrants vénézuéliens: la Cour suprême américaine freine les déportations de Trump

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AFP

2025-04-19T12:18:21Z
2025-04-19T22:25:00Z
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Par une nouvelle intervention retentissante, la Cour suprême américaine a suspendu samedi l'expulsion manu militari d'un nouveau groupe de migrants vénézuéliens par l'administration Trump, qui invoque pour ce faire une loi jusqu'alors utilisée uniquement en temps de guerre.

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«Le gouvernement est tenu de n'expulser aucun membre de cette catégorie de détenus aux États-Unis jusqu'à nouvel ordre de ce tribunal», a statué la plus haute instance juridique américaine dans une décision publiée en pleine nuit et à laquelle se sont opposés deux de ses juges les plus conservateurs.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a érigé la lutte contre l'immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une «invasion» des États-Unis par des «criminels venus de l'étranger», et mettant en scène des expulsions de migrants.

Le républicain a ainsi ravivé une loi d'exception sur «les ennemis étrangers» datant de 1798 - et n'ayant été jusqu'alors utilisée qu'en temps de guerre uniquement - pour pouvoir arrêter des immigrés qu'il accuse d'appartenir à des gangs et les expulser manu militari vers le Salvador, où ils sont ensuite incarcérés dans une prison de haute sécurité.

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Un recours auquel se sont opposés plusieurs juges, et qui donne lieu à un véritable bras de fer entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire, qui s'est récemment cristallisé autour de «l'affaire Kilmar Abrego Garcia», un immigré salvadorien expulsé à tort par les États-Unis et désormais emprisonné.

«Danger imminent»

Bien qu'il ait reconnu une «erreur administrative» et ait été sommé par un juge de «faciliter» son retour, l'exécutif américain se montre inflexible et assure que ce père de famille marié à une Américaine «ne reviendra pas» dans le pays, l'accusant d'être un membre de gang, sans toutefois apporter de preuve.

Dans un recours adressé samedi après-midi à la Cour suprême, le gouvernement a enjoint les juges à revenir sur leur décision ou à l'autoriser dans le cas contraire à poursuivre ses expulsions sur d'autres bases juridiques.

Depuis la mi-mars, Washington a expulsé plus de 250 immigrés, en majorité vénézuéliens vers le Salvador en vertu de cette loi d'exception et d'un accord inédit signé avec ce pays d'Amérique centrale.

Une situation qui suscite la vive inquiétude de l'opposition et des ONG de défense des libertés, d'autant plus que Donald Trump est allé jusqu'à affirmer qu'il «adorerait» y envoyer similairement des citoyens américains ayant commis des crimes.

La suspension ordonnée par la Cour suprême fait suite à un recours déposé la veille par des avocats pour empêcher le départ selon eux imminent d'autres Vénézuéliens détenus dans un centre de rétention au Texas, dont certains avaient «été embarqués dans des bus vraisemblablement à destination de l'aéroport».

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Ils « étaient en danger imminent de passer leur vie dans une prison étrangère terrible sans jamais avoir eu la chance d'aller au tribunal », a assuré samedi l'un d'entre eux, Lee Gelernt dans un communiqué, se disant «soulagé» par cette décision. Leur sort reste toutefois en suspens, leur dossier ayant été pour l'heure renvoyé à une cour fédérale d'appel.

«Fusiller»

Les avocats de plusieurs Vénézuéliens déjà expulsés contestent vivement l'appartenance de leurs clients à un quelconque gang criminel et assurent qu'ils n'ont commis aucun crime et ont été principalement ciblés en raison de leurs tatouages.

Sans parvenir à infléchir le gouvernement. Les Vénézuéliens aujourd'hui détenus au Texas sont des «terroristes étrangers», a assuré samedi l'un des plus proches conseillers de la Maison-Blanche, Stephen Miller sur X.

L'influenceuse d'extrême droite Laura Loomer, proche du clan Trump, est allée jusqu'à assurer sur la même plateforme que le président était «magnanime» en renvoyant par avion les hommes et femmes entrés illégalement sur le sol américain, plutôt que de les «fusiller» à la frontière.

Mi-mars un juge fédéral de Washington avait suspendu toute reconduite à la frontière fondée exclusivement sur la loi de 1798. Mais selon lui, au moment même de cette décision, les immigrés concernés «se trouvaient à bord d'avions» en partance, et «au lieu de se conformer à la décision du tribunal, le gouvernement a poursuivi l'opération d'expulsions à la hâte».

Son interdiction a ensuite été levée début avril par la Cour suprême, qui a en revanche considéré que les personnes expulsées devaient pouvoir contester en justice leur expulsion.

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