La contraception hormonale délaissée: ce qu’il faut savoir


Léa Martin
Le recul de la contraception hormonale
Entre 2015 et 2024, le nombre de personnes utilisant la pilule contraceptive, l’anneau vaginal, le stérilet hormonal et les injections contraceptives (comme Depo-Provera) a diminué de plus de 50% dans la province, selon les données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
• À lire aussi: J’ai tourné le dos à la contraception qui a tué ma libido
La libido, mais aussi la santé mentale et physique
Des femmes interrogées par 24 heures en 2023 ont affirmé avoir délaissé la pilule, notamment en raison d’une baisse de libido.
«J’ai arrêté, car je voulais voir comment mon corps, mes sautes d’humeur, mais, surtout, comment ma libido était sans hormones. En fait, ma libido n’était pas présente lorsque j’étais sur la pilule», racontait Frédérique, 29 ans.
Une étude menée en 2011 par des chercheurs et des chercheuses du Missouri auprès de 2000 femmes abonde dans le même sens: un peu plus d’une participante sur cinq a affirmé avoir ressenti une perte de désir sexuel dans les six mois après l’adoption d’une nouvelle méthode contraceptive.
• À lire aussi: Gratuité de la contraception au Québec: «Je ne vois aucune raison de la part du gouvernement de ne pas aller de l'avant», estime Ruba Ghazal
D’autres raisons ont été mentionnées à 24 heures pour arrêter la pilule (ou un autre type de contraception hormonale): migraines, vomissements, sautes d’humeur et thrombophlébites, des caillots de sang qui se forment dans les veines des jambes ou des bras.
De tels effets secondaires sont répandus.
Selon un article publié en 2016 dans le Journal de l’association médicale canadienne, qui cite des chiffres de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), pas moins de 51% des femmes utilisant un contraceptif hormonal ont en effet signalé des effets indésirables.
Par ailleurs, des femmes ont aussi confié à 24 heures avoir délaissé la contraception hormonale parce qu’elles n’en pouvaient plus de porter à elles seules ce fardeau de la contraception dans leur couple.
Des effets sur le cerveau
Les contraceptifs oraux combinés (COC) [qui contiennent de la progestérone et de l’estrogène] pourraient amincir le cortex préfrontal ventromédian, une partie du cerveau impliquée dans la régulation des émotions et de la peur.
• À lire aussi: Le congé menstruel, est-ce une bonne idée?
C’est ce qu’avance la doctorante en psychologie de l’UQAM Alexandra Brouillard, qui a mené une étude auprès de 180 adultes âgés de 23 à 35 ans.
«L’objectif de nos travaux n’est pas de contrer la prise de COC, mais il est important d’être conscientisé au fait que la pilule peut avoir un effet sur le cerveau. Les effets semblent réversibles, mais à ce stade-ci, il faut poursuivre les recherches dans ce domaine avant de bien comprendre leurs effets sur la santé cérébrale», souligne la chercheuse dans un article de l’UQAM.
Avec les informations d’Anne-Sophie Poiré