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À 30 ans, je me suis (enfin) libérée de la contraception qui a tué ma libido

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Photo portrait de Léa  Martin

Léa Martin

2025-05-13T14:28:20Z
2025-05-13T21:06:08Z
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TÉMOIGNAGE – Depuis que je suis active sexuellement, les contraceptifs hormonaux tuent ma libido. À presque 30 ans, et après dix ans d’expériences foireuses avec la contraception, j’ai décidé que j’en avais assez.

Novembre 2024. Après presque trois mois d’attente, je me fais enfin (!) enlever mon implant contraceptif.

Enfin, parce que cet implant m’a fait vivre l’enfer. Quelques semaines après me l’être fait installer, je savais déjà que je ne pourrais pas le garder.

D’abord, il y a eu les migraines à répétition et les kilos en plus. Ensuite, la perte quasi totale de désir sexuel, qui ferait rougir de jalousie une bonne sœur.

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Dans mon cas, le problème, ce n’est pas l’implant. C’est plutôt la contraception hormonale. Chaque fois que j’en essaie une nouvelle, elle gâche ma vie sexuelle.

C’est dommage, quand on pense que l’objectif de la contraception devrait être de me permettre de batifoler comme je veux, sans tomber enceinte.

Plus de dix ans d'errance

Depuis mes 17 ans, j’ai essayé des pilules contraceptives, l’anneau (Nuvaring) et l’implant (Nexplanon).

Chaque nouvelle méthode venait avec son lot d’effets secondaires: sautes d’humeur, anxiété, paranoïa, migraines, prise de poids, acné et perte partielle ou totale de libido...

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Je suis loin d’être la seule dans cette situation, m’a confirmé la sexologue Judith Sasseville.

«Il y a des personnes qui pensent qu’elles n’avaient juste pas de libido ou qu’elles étaient asexuelles. Puis, elles changent de moyen de contraception ou l’arrêtent pour avoir des enfants et elles réalisent que c’est le jour et la nuit», souligne-t-elle.

Elle déplore la pression qu’exercent certains médecins sur les jeunes femmes pour qu’elles choisissent un moyen de contraception plutôt qu’un autre, sans prendre le temps de comprendre ce qui leur conviendrait le mieux.

«Ce n’est pas très responsable mademoiselle»

Cette pression, je l’ai moi-même vécue.

En me faisant retirer mon implant contraceptif à 28 ans, je me suis fait juger par une médecin qui ne comprenait pas que je veuille me réapproprier mon corps et ma sexualité, en me mettant à risque, disait-elle, de tomber enceinte.

Quand je lui ai mentionné que je pouvais retourner «aux bonnes vieilles capotes», je me suis fait regarder comme si j’étais une extraterrestre. En gros, la médecin m’a fait la morale et m’a dit que j’étais irresponsable.

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Je lui ai répondu qu’à «mon grand âge» je savais comment on fait des bébés. Elle a quand même refusé de me laisser partir sans son foutu formulaire sur le stérilet.

Je sais qu’elle ne faisait que son travail en me proposant d’autres options de contraception. Mais après plus de dix ans à tester toutes sortes de moyens de méthodes, j’aurais aimé qu’on écoute un peu plus ce que j’avais à dire.

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Sur la quête de ma libido perdue

Revenons un instant à ma perte de libido. Je pense que c’est un sujet important, qui touche beaucoup de femmes et dont on ne parle pas assez.

Les femmes ont toutes sortes de raisons de ne plus avoir envie de forniquer: la charge mentale, les violences sexuelles, certains traumatismes, l’anxiété ou encore l’incompétence de leur partenaire à leur donner du plaisir.

Dans mon cas, la contraception a joué un gros rôle.

Pendant la pandémie, je n’avais pas de partenaire stable. J’ai donc décidé d’arrêter d’utiliser l’anneau (Nuvaring). Résultat: je n’ai jamais eu autant envie de faire l’amour!

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Quand je me suis mise en couple, on s’est dit, mon copain et moi, que ce serait sympa de laisser tomber le condom. C’est là que l’implant contraceptif — et sa promesse de ne pas tomber enceinte sans pilule — est arrivé dans ma vie.

Sur papier, ça fait rêver. Mais dans mon cas, l’implant s’est transformé en cauchemar.

J’avais constamment mal à la tête, je n’avais plus envie de faire l’amour et je souffrais de sécheresse vaginale.

C’est là que j’ai décidé d’en parler à mon acupunctrice, Eléonore Keyes, qui s’intéresse aux questions de fertilité et de santé de la femme.

«Je n’en vois pas 50 par années des raisons de consultation comme ça, mais ce n’est pas rare», m’a-t-elle annoncé.

Depuis que je la consulte, elle travaille différents points d'acupuncture qui, m’explique-t-elle, aident avec le stress, les douleurs et d’autres problèmes comme la lubrification vaginale. Déjà, après quelques séances, je sens que je suis sur la bonne voie!

Des options limitées

En plus des impacts sur ma vie sexuelle, certains des médicaments contraceptifs qu’on m’a prescrits au fil des années auraient pu me tuer.

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est une gynécologue spécialiste.

C’est parce que je suis atteinte du facteur V Leiden, un cadeau qui me vient de mon héritage européen et qui fait en sorte que je suis plus à risque de faire une thrombose, une formation de caillots sanguins dans une veine ou une artère.

À cause de cette condition, je dois éviter de prendre de l’œstrogène, une hormone présente dans beaucoup de pilules contraceptives. La gynécologue spécialiste que j’ai rencontrée ne pouvait donc pas croire qu’on m’ait prescrit l’anneau contraceptif (Nuvaring) et la pilule (Alesse) pendant si longtemps.

«Faites-moi plaisir et ne mettez plus jamais ça dans votre corps» m’a-t-elle imploré.

Ça arrive trop souvent!

Mon histoire n’a (malheureusement) rien d’unique.

Voilà pourquoi il faut continuer de parler de contraception et de sexualité au féminin, pour qu’enfin on arrête de se foutre du bien-être — physique, psychologique et sexuel — des femmes!

D’ici là, je vous souhaite une heureuse vie sexuelle!

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