«La CAQ, on ne l’a pas trop dans nos cœurs», affirme la cheffe du Conseil de la Nation Anishnabe


Nicolas Lachance
Les citoyens de la Nation Anishnabe de Lac-Simon ont eu de piètres relations avec le gouvernement de la CAQ lors des quatre dernières années, a soutenu la cheffe de la communauté lors d’une visite de la caravane libérale vendredi.
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En après-midi vendredi, la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), Dominique Anglade, a visité le CPE de Lac-Simon. Une très rare visite pour un chef de parti politique.
Sur place, la cheffe de la communauté, Adrienne Jérôme, l’a accueillie à bras ouverts, soulignant être «très déçue de la CAQ».
«La CAQ, on ne l’a pas trop dans nos cœurs», a-t-elle signalé aux journalistes.
Elle critique principalement le travail du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour.
«On n’a jamais eu de bonnes relations avec le ministre Dufour. Le ministre Dufour n’a jamais répondu vraiment à nos besoins, surtout dans le dossier [de la sauvegarde du] caribou», a-t-elle relaté. «Ç’a été vraiment une très mauvaise relation. Il ne s’est jamais pointé aux rencontres.»

Sa relation avec le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, est meilleure, dit-elle, mais sans plus.
«C’est comme [un] ami, mais pas plus. Il ne fait pas plus», a-t-elle décrit. Elle considère qu’il «n’a pas levé de petit doigt» dans le dossier de la loi fédérale C-92, sur la reconnaissance des droits et de la compétence des peuples autochtones. Idem pour leur revendication du projet de loi 96 sur la langue française, alors que les leaders autochtones avaient demandé une exemption.
Selon elle, la communauté était mieux servie par les libéraux.
«Avec monsieur [Geoffrey] Kelly, j’avais une bonne relation. Il ne me laissait jamais comme ça, il me répondait [...] Il essayait de pousser», a-t-elle indiqué.
Plusieurs enjeux
En ce moment, la communauté est aux prises avec plusieurs problèmes, surtout en ce qui a trait aux logements.
«La priorité dans ma communauté, c’est vraiment le manque de logements. On est presque 3000 de population avec 300 et quelques logements à Lac-Simon. C’est comme 10 par logement, et on a presque 80 naissances par année. On a des jeunes qui atteignent 18 ans chaque année», explique Mme Jérôme.
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Le CPE de Lac-Simon a été ouvert il y a quelques semaines. Un combat qui aura duré 10 ans pour cette communauté qui vit une croissance démographique.
Faible participation
Mme Jérôme admet que le taux de participation est très faible au sein de la communauté.
«La communauté ne suit pas vraiment les élections du Québec. Très peu vont voter même s’il y a un bureau de scrutin», a-t-elle dit.
Ce qui pourrait aider, croit-elle, c’est que le Québec adopte la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones afin qu’elle soit «implantée» au Québec et que les peuples aient plus d’autonomie.
«Avec tout ça, les gens se demandent pourquoi on voterait pour Québec.»
Elle estime que le passage de Mme Anglade peut toutefois «avoir un impact».
«La visite de Mme Anglade est importante», ajoute le membre du Conseil du Lac-Simon Lucien Wabanonik. «Mais l’important, c’est comment elle va transformer ça en engagements et en collaborant.»
Mme Anglade n’a pas voulu se prononcer sur la Déclaration des Nations unies. Un engagement qui pourrait avoir des conséquences sur le plan juridique au Québec.
«La première étape, ce sera le dialogue», a-t-elle indiqué, refusant de dire si oui ou non elle l’a signerait. «Les grands principes de la Déclaration des Nations unies, on est d’accord. Mais dans l’applicabilité, c’est certain qu’il va falloir qu’on ait des conversations de nation à nation.»
Elle note cependant que les besoins de la Nation Anishnabe de Lac-Simon sont criants.
L’un des premiers gestes qu’elle poserait une fois élue serait de signer le Principe de Joyce. Ce principe «vise à garantir à tous les Autochtones un droit d'accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé».
Le candidat libéral dans la circonscription d’Abitibi-Est est Jean-Michel Matte.
Pour la première fois, les affiches électorales du PLQ dans la région sont écrites en algonquin. Il s’agit du seul parti qui a décidé de poser ce geste.