La candidature de notre journaliste rejetée: ça prend quoi pour aider dans les classes?
Malgré des expériences jugées pertinentes, notre candidature a été rejetée

Jean-François Racine
Après le reportage d’une collègue sur le manque criant d’enseignants dans la région, il m’est venu l’idée de postuler pour aider des établissements de Québec, notamment en français. Ma candidature a été rejetée sans aucune explication.
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En donnant mon nom, l'objectif n'était pas du tout de faire un reportage, mais ce refus me désole.
L’appel de candidatures venait du Centre de services scolaire (CSS) des Premières-Seigneuries pour trouver des enseignants non légalement qualifiés.
Vingt ans d’écriture
Après avoir rédigé et publié plus de 10 000 articles en vingt ans, je croyais avoir le profil pour un contrat ou de la suppléance en français, deux ou trois demi-journées par semaine. Le milieu de l’éducation m’a toujours intéressé et je peux me déplacer. La Beauce, Québec, la Côte-de-Beaupré, peu importe.
À quelques jours de la rentrée, près de 1000 postes de professeurs restent à combler dans la Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches.
Le ministre de l’Éducation, qui «a besoin d’aide», en vient à espérer à tout le moins «un adulte» par classe, quitte à ce que cette personne n’ait aucune formation universitaire. À 43 ans et avec deux enfants, je dois sûrement avoir atteint l’âge adulte.
«Nous regrettons de vous informer que votre candidature n’a pas été retenue pour l’emploi de Enseignant(e) non légalement qualifié(e) au préscolaire-primaire et secondaire.».
Le courriel, qui semble automatisé, n’est pas signé. Il provient simplement du «Service des ressources humaines du Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries».
Au total, il manque quelque 8558 enseignants au Québec, a annoncé le ministre cette semaine.
Un peu d’expérience
Avant mon embauche au Journal de Québec, j’ai travaillé au Séminaire Saint-François et au Collège Saint-Charles-Garnier comme surveillant et suppléant en classe lorsque nécessaire.
J’ai de l’expérience, même si elle est lointaine, et un baccalauréat en droit de l’Université Laval. Ce n’est pas exactement «dans une discipline en lien avec la matière à enseigner», mais j’espère avoir acquis quelques connaissances en 20 ans d’écriture.
En 2021, j’ai même été convoqué en entrevue dans une école secondaire pour un remplacement urgent en français de première secondaire. Un mois après la rentrée, un groupe n’avait toujours pas de professeur.
Dans les 25 dernières années, j’ai été entraîneur de ski alpin de compétition, de cyclisme sur route et même de soccer auprès d’enfants et d’adolescents.
Avec un grand respect pour les enseignants de carrière, je pense pouvoir planifier, donner des cours et effectuer des évaluations. Je n’ai évidemment pas de dossier criminel.
Tournée des écoles
Depuis cinq ans, j’ai aussi donné environ 250 ateliers et conférences dans les écoles secondaires de la Mauricie, de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches et même du Bas-Saint-Laurent pour le nouveau Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information (CQÉMI).
La présentation vise à aider les jeunes à mieux s’informer et à développer leur esprit critique afin de combattre la désinformation et les fausses nouvelles. Le CQÉMI est né après le succès du programme #30secondes avant d’y croire, lancé en 2018 par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).
J’adore le contact avec les jeunes et je dois parfois refuser les demandes de certaines écoles faute de temps. Au début, cette implication se faisait même bénévolement. J’ose croire qu’il s’agit d’une expérience pertinente.
J’ai fait part de ma déception à ma collègue, qui avait écrit sur cet appel de candidatures.
Si l’équipe de recrutement avait des craintes que ma démarche puisse servir les intérêts d’un futur reportage, il suffisait d’un appel téléphonique ou d’une rencontre.
Dans cette démarche de nature privée au départ, ma question est maintenant celle d’un journaliste.
Ça prend quoi pour aider dans nos écoles?
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