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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

NFL: la «Bills Mafia» du Québec en feu

Les partisans québécois fiers de soutenir leur équipe en séries à Buffalo

Toujours muni de son casque de construction à l’effigie des Bills, Bob Genest se fait un plaisir, à chaque match à Buffalo, de transporter le drapeau du Québec pour que les partisans de la province se rassemblent.
Toujours muni de son casque de construction à l’effigie des Bills, Bob Genest se fait un plaisir, à chaque match à Buffalo, de transporter le drapeau du Québec pour que les partisans de la province se rassemblent. Photo Stéphane Cadorette
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Photo portrait de Stéphane Cadorette

Stéphane Cadorette

2023-01-15T18:21:55Z
2023-01-16T02:39:52Z
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ORCHARD PARK, NY | Le chapitre du Québec de la « Bills Mafia » était bien en vue près du Highmark Stadium avant le duel éliminatoire des Bills face aux Dolphins. Après tout, c’est loin d’être un crime que de vivre enfin la frénésie d’un match de séries à Buffalo.  

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Les partisans québécois des Bills ont vécu, après la période faste des années 1990, une longue traversée du désert de 17 ans sans participation aux séries. En 2017, l’équipe a enfin mis fin au supplice, mais le match n’avait pas lieu à la maison. Le scénario s’est répété en 2019.

En 2020 et en 2021, les Bills ont disputé trois matchs de séries à Buffalo, mais les mesures sanitaires entourant la COVID ont empêché les Québécois de traverser la frontière pour encourager leurs favoris.

Pour les partisans de la première heure, c’était donc jour de délivrance dimanche. Véritable légende au sein de la « Bills Mafia » du Québec, Bob Genest respirait le bonheur lors du tailgate matinal sur la rue Abbott, où il plante, depuis 33 ans, le drapeau du Québec avant chaque
match local.

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« Je suis partisan depuis 1989 et le dernier match de séries que j’ai vécu à Buffalo, ça remonte à 1996. Il y a de l’émotion, c’est sûr. Depuis toutes ces années que je viens à Buffalo, les Bills c’est comme ma famille. C’est une grosse partie de ma vie », a-t-il lancé.

Longue tradition

M. Genest est détenteur de 72 billets de saison, qu’il revend aux fervents de partout en province pour chaque match des Bills à Buffalo. 

« La demande est pas mal forte. La vente est plus facile quand tu as un bon club », a-t-il lâché, sourire en coin.

« Le plus beau dans tout ça, c’est que je venais ici il y a longtemps avec des gens qui amenaient leurs enfants. Aujourd’hui, ces enfants sont devenus des partisans qui amènent à leur tour leurs enfants. »

Une première 

Alain Poissant accompagne Bob Genest dans cette adulation des Bills depuis 13 ans. Il vivait donc une première en séries à Buffalo. Difficile de fermer l’œil avant un tel moment.

« Je ne dormais plus à 4 h 10. Ça fait 13 ans que j’ai mes billets de saison et que j’attends cette journée. 

« Il y en a qui me trouvent fou, mais ils vont se cacher dans le bois pour des fins de semaine de chasse. Moi, mon trip, c’est de prendre mon auto et de venir voir mon équipe », a-t-il dit, accompagné de son épouse, Julie, pour tous ces rendez-vous galants au stade.

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Optimisme prudent

Luc Courchesne en est un autre qui, à force de vivre l’expérience des avant-matchs endiablés de Buffalo, a été évangélisé depuis maintenant huit ans.

« J’ai pogné la piqûre même si j’ai connu quelques quarts-arrières pas trop habiles ! C’est incroyable l’ambiance ici. C’est une vraie fraternité. La Bills Mafia, ce n’est pas un mythe », a-t-il statué.

Quant à savoir si les Bills iront enfin jusqu’au bout, la prudence demeure de mise.

« Dans le temps qu’on est allé quatre saisons de suite au Super Bowl, c’était toujours supposé être notre année. Maintenant, j’y vais un match à la fois... mais avec Josh Allen, on est en business », ne peut s’empêcher de glisser Bob Genest.  

Une ville qui a soif d’un championnat 

La ville de Buffalo vibre absolument au rythme des Bills et ne s’est pas sentie aussi proche d’un championnat depuis longtemps.

John Wawrow, un Canadien de Windsor qui vit à Buffalo depuis 23 ans, en sait quelque chose. Journaliste affecté à la couverture des Bills pour l’Associated Press, il a vécu de près les déboires sportifs de sa ville d’adoption au fil des ans.

« Aux États-Unis, il n’y a que trois raisons pour lesquelles Buffalo est parfois d’intérêt national : les tempêtes de neige, les ailes de poulet et les Bills », a-t-il résumé lors d’un entretien.

« Ça me fait penser à bien des villes canadiennes en quête de reconnaissance. Il y a un certain complexe d’infériorité et le meilleur moyen d’obtenir de la reconnaissance, c’est souvent par le sport », a-t-il continué.

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Toujours en attente

John Wawrow est arrivé au moment où les Sabres s’inclinaient en finale de la Coupe Stanley dans la controverse, au printemps 1999. Au même moment, les Bills amorçaient un interminable déclin. 

Le portrait a bien changé.

« Une disette de 17 ans sans séries, c’est long pour des partisans loyaux comme ceux de Buffalo. Même dans la défaite, les gens venaient au stade, mais depuis quelques années, c’est vraiment redevenu cool d’être un fan des Bills », a-t-il expliqué.

L’équipe du Canada

Selon Wawrow, une importante proportion de 15 à 20 % des détenteurs d’abonnements de saison aux Bills seraient des Canadiens, selon les données les plus récentes qu’il
a obtenues.

« Si les Bills finissent par gagner le Super Bowl, ce sera une euphorie sans fin, à une échelle que je peine à imaginer. Ce serait une belle célébration transfrontalière, car pour beaucoup de Canadiens dans l’est du pays, les Bills sont leur équipe aussi », a-t-il rappelé. 

Derniers mois difficiles

Même si sa position de journaliste affecté au quotidien des Bills lui impose un devoir de réserve, Wawrow ne cache pas que les Bills sont un baume pour tout ce que Buffalo a traversé dans les derniers mois.

« Depuis le printemps, il y a eu une tuerie raciale ici, puis des tempêtes inimaginables qui ont entraîné plusieurs décès. L’incident Damar Hamlin a aussi touché les gens. On finit par se dire que ce serait cool que quelque chose de bien arrive. »

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