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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

La beauté du football, selon Luc Brodeur-Jourdain

Luc Brodeur-Jourdain, entraîneur de la ligne offensive chez les Alouettes de Montréal.
Luc Brodeur-Jourdain, entraîneur de la ligne offensive chez les Alouettes de Montréal. Photo Alouettes de Montréal
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Photo portrait de Benoît Rioux

Benoît Rioux

2025-07-17T17:31:38Z
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Le Québécois Luc Brodeur-Jourdain, ancien joueur des Alouettes et maintenant entraîneur de la ligne offensive pour le club montréalais, n’a qu’à ressasser une anecdote du passé à ses matamores pour illustrer l’importance d’être discipliné sur un terrain de football. 

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Un tel rappel semblait de mise auprès des partants Pier-Olivier Lestage, Justin Lawrence, Donald Ventrelli et Jamar McGloster à l’aube du match prévu jeudi soir, au stade Percival-Molson, entre les Alouettes et les Argonauts de Toronto. Lors de la partie précédente, une amère défaite de 21 à 20 subie contre les Lions de la Colombie-Britannique, les esprits se sont échauffés, particulièrement en fin de rencontre. Lestage s’était d’ailleurs vu attribuer une pénalité coûteuse.

La ligne offensive des Alouettes, le samedi 5 juillet 2025, au stade Percival-Molson, lors de la récente défaite contre les Lions de la Colombie-Britannique.
La ligne offensive des Alouettes, le samedi 5 juillet 2025, au stade Percival-Molson, lors de la récente défaite contre les Lions de la Colombie-Britannique. Photo Martin Chevalier

«Encore aujourd’hui, j’ai le couteau entre les dents quand je vois Al Bradbury», laisse d’abord tomber Brodeur-Jourdain, quant à son histoire reliée à son passé de joueur.

Le 27 septembre 2015, lors d’un match de saison régulière à Regina, celui qu’on surnomme «LBJ» avait donc écopé de deux punitions successives de 15 verges dans une défaite de 33 à 21 des Alouettes contre les Roughriders de la Saskatchewan.

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Encore fâché

Le fameux Bradbury, aujourd’hui officiel associé aux révisions dans les bureaux de la LCF, à Toronto, était alors l’arbitre sur le terrain.

«Pendant un certain temps, dans la Ligue canadienne de football, il était recommandé aux arbitres de patienter un peu avant d’utiliser leur sifflet, vient raconter Brodeur-Jourdain. Moi, ça faisait des années que je jouais au football en donnant tout jusqu’au coup de sifflet. Je rentrais dans la pile de joueurs et je cognais.»

Luc Brodeur-Jourdain, à l’époque où il jouait pour les Alouettes, en 2017.
Luc Brodeur-Jourdain, à l’époque où il jouait pour les Alouettes, en 2017. Martin Chevalier / JdeM / Archives

«Lors d’un certain match contre les Roughriders, Bradbury m’avait décerné une pénalité de 15 verges pour rudesse excessive, ajoute-t-il. J’avais projeté les autres joueurs au sol, mais avant le coup de sifflet. Il avait plaidé que mon jugement aurait dû me permettre de ne pas commettre un tel geste, ce à quoi je lui avais répondu que nous n’étions pas au niveau pee-wee. C’est là qu’il m’a redonné une autre pénalité de 15 verges.»

Pour la suite de sa carrière de joueur, puis maintenant comme entraîneur, Brodeur-Jourdain a toujours été encore plus consciencieux des pénalités susceptibles d’être décernées.

«Mais je suis encore fâché contre Bradbury», complète-t-il.

Nuire au positionnement

Membre du personnel d’entraîneurs des Alouettes depuis 2019, Brodeur-Jourdain a désormais pour mandat de guider les joueurs sous sa supervision.

«Ce que je prône, c’est d’avoir de la hargne sur chaque jeu et de reprendre son calme dès que le coup de sifflet est arrivé, expose l’entraîneur de la ligne offensive. Chaque fois qu’il se produit un événement au cours d’un match, tu dois être totalement conscient de l’importance de chacune de tes actions.»

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«En prenant une pénalité, tu peux nuire au positionnement de ton équipe sur le terrain, ça peut te coûter des points et ça peut te coûter des matchs», rappelle-t-il.

Mordre dans son protecteur buccal

Pour l’avoir vécu, Brodeur-Jourdain convient qu’il n’est pas toujours facile pour un joueur de garder son calme.

«Il faut se contrôler, prendre sa hargne et parfois mordre dans son protecteur buccal, affirme l’homme de 42 ans originaire de Saint-Hyacinthe. Tu retournes ensuite rapidement au huddle [caucus, NDLR] et attends l’opportunité de faire payer l’adversaire sur le prochain jeu.»

«Il faut toujours penser au prochain match et, encore mieux, au prochain jeu. Tu as toujours de nouvelles opportunités qui se présentent sur le terrain. Sans opter pour un jeu salaud, c’est possible de frapper ton adversaire. S’il y a des événements qui se sont produits dans le passé, ç’a une valeur ajoutée.»

À ne pas inviter au même party!

Concernant les arbitres, ils font partie du jeu. Brodeur-Jourdain note l’importance de respecter leurs décisions, même si, 10 ans plus tard, il en veut encore à Al Bradbury. Il ne lui a d’ailleurs jamais reparlé, mais il n’est pas non plus allé jusqu’à lui servir un plaqué.

«Socialement, tu ne peux pas “enligner” quelqu’un et aller le frapper, d’ajouter le Québécois, en riant. Tu ne peux pas avoir ça dans notre société autrement qu’à travers le sport. Pour moi, ça fait partie de la beauté du football.»

Il suffit de frapper l’adversaire pendant le jeu, non pas après le coup de sifflet. Encore là, il faut faire attention à ses gestes et ses paroles.

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