Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Tramway de Québec: l'«ingérence» du gouvernement Legault dénoncée

Illustration courtoisie Ville de Québec
Partager
Photo portrait de Jean-Luc Lavallée

Jean-Luc Lavallée

2022-03-23T16:23:45Z
2022-03-23T22:40:36Z
Partager

Des groupes environnementaux et des experts en urbanisme dénoncent en chœur «l’ingérence» du gouvernement Legault dans les compétences de la Ville de Québec, forcée à abandonner la rue partagée sur René-Lévesque pour le projet de tramway. 

• À lire aussi: Charge frontale du gouvernement Legault contre le maire Marchand et le projet de tramway

• À lire aussi: Le vide pour Québec

• À lire aussi: 750 logements sociaux de plus pour Québec

Scandalisé par ce plus récent rebondissement qui risque de retarder une fois de plus le projet, voire de le faire dérailler, Étienne Grandmont, d’Accès transports viables, déplore la «politisation» du dossier et l’intervention du gouvernement du Québec, qui impose de nouvelles conditions à la Ville de Québec avant de donner le feu vert au lancement des appels d’offres.  

«Ça nous choque. Les gens qui sont favorables au tramway sont exaspérés du travail de sabotage de la Coalition Avenir Québec. Ça n’a juste pas de bon sens. Depuis 2018, on dirait qu’ils ne font que poser des nouvelles conditions et ralentir le projet», a-t-il réagi en entrevue.  

«Ça me fait rire parce que le gouvernement du Québec n’arrête pas de demander des chèques sans condition au gouvernement fédéral, que ça soit pour les transferts en santé, les dépenses en culture, en éducation, etc. Mais de l’autre côté, le gouvernement du Québec, lui, aurait le droit d’influencer la façon dont le tramway va être déployé coin de rue par coin de rue [...] C’est du ressort municipal», a-t-il ajouté. 

Publicité

L’Alliance Transit, qui milite pour l’amélioration des transports collectifs au Québec et regroupe une soixantaine d’organismes, partage le discours de M. Grandmont, tout comme Christian Savard de Vivre en Ville. «Le Bureau de projet travaille depuis des années sur les différents types d’insertion. Le bureau du premier ministre ne peut pas décider des conditions sur un coin de table. C’est de la micro-gestion qui n’a pas lieu d’être.»       

  • Écoutez l’entrevue de Bruno Marchand au micro de Mario Dumont sur QUB radio:    

La CAQ tente de «torpiller» le projet 

Spécialiste en aménagement du territoire, la directrice du Département de géographie de l’Université Laval, Marie-Hélène Vandersmissen, est de plus en plus convaincue que le gouvernement Legault tente de «torpiller» le projet.

«C’est vraiment particulier et plutôt inapproprié comme demande! L’aménagement urbain est une prérogative des villes qui le planifient en fonction de lois et règlements adoptés par l’Assemblée nationale. Cela ressemble à de l’ingérence. Ce n’est pas le rôle du gouvernement du Québec d’intervenir de façon aussi locale», a-t-elle commenté.  

Publicité

Cette dernière estime que les raisons invoquées par la CAQ, qui s’appuie sur une étude de circulation récemment dévoilée dans nos pages, ne tiennent pas la route.

Elle défend par ailleurs le concept de rue partagée sur René-Lévesque, privilégié par l’administration Marchand. «Bien sûr, c’est audacieux dans le sens où cela bouleversera les habitudes des automobilistes [rouler plus lentement et porter attention aux autres modes de transport], ainsi que de tous les usagers. Mais c’est une approche de plus en plus utilisée, en Europe mais aussi en Amérique du Nord, pour rendre nos villes plus conviviales.»    

  • Écoutez Vincent Dessureault au micro de Geneviève Pettersen sur QUB radio:   

«Alors on fait quoi?» 

Le spécialiste en mobilité Jean Dubé estime lui aussi que le gouvernement Legault accorde bien peu d'importance «à ceux qui sont les mieux placés quant à la connaissance de leur territoire: les administrations locales.»  

«Ça me semble assez évident que la CAQ souhaite retarder l’avancement du projet de tramway. Pour quelle raison exactement? Il faut leur demander. Sûrement un peu de stratégie politique dans ça j’imagine», observe M. Dubé, professeur et chercheur de l’Université Laval.  

La Ville devra inévitablement retourner à la planche à dessin pour tenter de répondre aux nouvelles exigences du gouvernement, se désole-t-il. 

«On ne veut pas couper d’arbres? Pas de problème, on pense René-Lévesque autrement. Mais on ne veut pas retirer de place aux autos? Alors on fait quoi? Tant qu’on voudra le beurre, l’argent du beurre et le c** de la crémière en plus, le projet fera du surplace», a-t-il ajouté par courriel. 

Un projet qui a plusieurs «failles»

Professeure adjointe à l’École nationale d’administration publique (ENAP), Fanny Tremblay-Racicot n’a pas du tout la même lecture que les autres experts et juge que cette énième controverse illustre une fois de plus les «failles» du projet.  

«Ce projet-là est-il vraiment désirable? Pourquoi investir dans un projet de transport collectif s’il a pour effet de détériorer les conditions de circulation au centre-ville sans réduire la congestion sur le réseau autoroutier et s’il a un impact négligeable sur les parts modales du transport collectif?», s’interroge-t-elle.  

À VOIR AUSSI        

Publicité
Publicité