L'Allemagne dénonce les «mensonges historiques» du Kremlin sur l'Ukraine et épingle Trump

AFP
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a dénoncé jeudi les «mensonges historiques» du Kremlin qui cherche à justifier son invasion de l'Ukraine au nom de la lutte contre le nazisme, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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La guerre d'invasion menée par la Russie de Vladimir Poutine «n'a rien à voir avec la lutte contre le nazisme», mais «n'est rien d'autre qu'une couverture» pour une «folie impériale» et des «crimes atroces», a déclaré le chef de l'État dans un discours commémoratif prononcé au Bundestag, la chambre basse du Parlement.
Le chef d'État allemand a également eu des mots très durs pour les États-Unis de Donald Trump auxquels il reproche de remettre en cause l'ordre et les valeurs établis après les horreurs de la guerre.
«Le fait que les États-Unis, qui ont largement contribué à façonner cet ordre, s'en détournent aujourd'hui est un choc d'une ampleur sans précédent», selon M. Steinmeier.
«Il s'agit ni plus ni moins d'une double rupture historique – la guerre d'agression menée par la Russie, la rupture des valeurs américaines – qui marque la fin du long XXe siècle», a affirmé le chef de l'État.
Il a exprimé sa «profonde gratitude» envers les «soldats alliés - américains, anglais - et les «mouvements de résistance européenne» qui ont libéré l'Allemagne de la terreur nazie, et souligné «le rôle crucial de l'Armée rouge» qui a perdu «au moins 13 millions de soldats et autant de civils» et «libéré» le camp d'extermination d’Auschwitz.
«C'est précisément pour cette raison que nous nous opposons fermement aux falsifications historiques actuelles du Kremlin», a-t-il martelé.
«Même si cela sera à nouveau affirmé demain lors des célébrations de la victoire à Moscou, la guerre contre l'Ukraine n'est pas la continuation de la lutte contre le fascisme», a insisté le chef de l'État.
Le Kremlin organise vendredi à Moscou de grandes célébrations, en présence de dirigeants étrangers, alors que Vladimir Poutine entretient le culte patriotique de la victoire de 1945 et soutient que l'invasion à grande échelle de l'Ukraine est un prolongement de la guerre contre Hitler.
«Comment rester libres ?»
L'ambassadeur russe à Berlin n'a pas été invité à la cérémonie du Bundestag se tenant lors d'un jour exceptionnellement férié dans la capitale allemande.
Dans son discours, le président allemand a également souligné l'importance de défendre la mémoire du 8 mai 1945 contre les extrémismes qui «veulent tourner la page» de la mémoire collective et banaliser la Shoah. «Ce serait trahir les leçons du passé», a-t-il averti.
Son intervention a laissé de marbre les députés d'extrême droite du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), désormais premier groupe d'opposition au Bundestag et dont la plupart des élus n'ont pas applaudi le chef de l'État.
En Allemagne et en Europe, «la fascination pour l'autoritarisme et les sirènes populistes gagnent à nouveau du terrain», s'est inquiété M. Steinmeier.
Aux États-Unis, a-t-il ajouté, «nous constatons avec effroi que même la plus ancienne démocratie du monde peut rapidement être mise en danger lorsque la justice est bafouée, la séparation des pouvoirs supprimée et la liberté scientifique attaquée».
«Aujourd'hui, nous ne devons donc plus nous demander : le 8 mai nous a-t-il libérés ? Mais nous nous demandons : comment pouvons-nous rester libres ?», a constaté le président allemand.