Katherine Girard raconte la vie mouvementée de son arrière-grand-mère dans une série historique débutant au Lac-Saint-Jean en 1917, «Helena»
Nouvelle série historique


Marie-France Bornais
En retrouvant des notes prises il y a plus de 20 ans lors d’une discussion avec sa grand-mère Esther, Katherine Girard, professeur de littérature au cégep de Drummondville et écrivaine talentueuse, sensible, empathique, a eu l’idée de raconter la vie très romanesque de son arrière-grand-mère Helena. Le premier tome de la série Helena, «Les rêves piégés», plonge les lecteurs au Lac-Saint-Jean, au début du 20e siècle, à une époque où les défis et les épreuves se multipliaient.

Nous sommes au Lac-Saint-Jean, en 1917. Helena Gaudreau a 17 ans et son père a décidé qu’elle se mariera avec son ami d’enfance et voisin Liguori. La protagoniste ne sent pas du tout son cœur battre pour ce prétendant, mais réalise assez vite que, pour elle, c’est la seule voie de sortie possible.
Helena rêve de liberté, mais ce n’est pas vraiment ce qu’elle va trouver, entre trois mariages, 14 naissances, des enterrements, la grippe espagnole, les guerres mondiales, le krach de 1929 et le tremblement de terre de 1925.
Malgré tout, Helena se raccroche à un souvenir: celui de François, un homme qu’elle n’a pas oublié. Et qui un jour va recroiser son chemin.
Un roman
En relisant ses notes, Katherine Girard a choisi d’écrire non pas la biographie de son arrière-grand-mère, mais plutôt un roman, où certains personnages fictifs apparaissent et où des événements sortis tout droit de son imagination viennent émailler le récit.
«Ma grand-mère, Esther, tenait sa mère en haute estime, car elle avait un vécu assez intense, raconte Katherine en entrevue. Quand j’étudiais en littérature, ma grand-mère m’a dit que ce serait une bonne idée d’écrire sur mon arrière-grand-mère parce que son histoire était haute en couleur. Elle m’avait tout raconté et j’avais pris des notes. Ces notes, je les avais archivées dans une boîte et, au fil des déménagements, je les avais perdues et oubliées.»
Il y a quelques années, elle a retrouvé les notes et s’est sentie prête à écrire. «Quand j’ai commencé mes recherches, mon beau-père Gérald m’a aidée. Il m’a fait tout l’arbre généalogique du père et de la mère d’Helena Gaudreau, mon arrière-grand-mère, vraiment détaillé. J’ai su les naissances et les décès d’à peu près tout le monde dans cette très grande famille.»
Quelques mois plus tard, elle est tombée sur un groupe Facebook privé, Les descendants d’Harry Gaudreau et de Georgianna Gauthier, qui étaient les parents d’Helena.
«Je me suis abonnée, et on a commencé à mettre des archives, des faits, à faire des recherches. On a découvert plein d’affaires, et ça m’a nourrie beaucoup. Toutes les étoiles se sont alignées pour que ça arrive à ce moment-là, l’écriture.»
Perdre trois maris
Helena a vraiment traversé beaucoup d’épreuves. «Elle a vécu un violent tremblement de terre en 1925, ses trois maris sont décédés de façon tragique. Elle a eu des enfants et en a perdu plusieurs, de toutes sortes de manières. Elle venait d’une grosse famille, elle-même a eu plein d’enfants. Et j’en ai fait une personne féministe avant l’heure.»
Pour la romancière, c’était très important de créer un personnage fort. «J’ai écrit les trois tomes entre 2022 et 2025 et je me disais: comment est-ce qu’on peut survivre à tout ça? Les guerres, les maladies, la tuberculose, à tout ce qui arrive? Ça n’arrête plus!»
Ancrage historique
Dans le premier tome, beaucoup d’aventures surviennent dans la vie d’Helena. «C’est pas juste une description de la vie de l’époque: il se passe des affaires, et plusieurs de ces choses-là sont arrivées pour vrai.»
«Moi, je l’ai romancée, parce que je ne connaissais pas la personnalité d’Helena et je ne connaissais pas la personnalité de ses sœurs, de ses frères. J’ai inventé tout ça. Mais l’ancrage historique est réel.»
Helena – Tome 1: Les rêves piégés
Katherine Girard
Éditions Hurtubise
360 pages
- Katherine Girard enseigne la littérature au cégep de Drummondville.
- Elle a publié plusieurs romans aux éditions Monarque et Scarab.
- Elle a aussi publié L’enfant d’avril, un récit témoignant des maladies héréditaires du Saguenay–Lac-Saint-Jean, parce qu’elle avait avorté d’un bébé à 23 semaines.
- Elle vient du Lac-Saint-Jean et habite à Odanak depuis 20 ans.
- Le deuxième tome de la série, Les bonheurs vacillants, paraîtra le 28 août.
«–Helena, tu vas m’obéir!
Helena, 17 ans, se tenait bien droite, relevant fièrement sa menue poitrine et son menton en direction de son père. Ses grands yeux noirs et ses cheveux ébouriffés lui donnaient un air de sauvagesse que n’appréciait guère Harry. Elle essuya la sueur qui perlait sur son front et s’écria:
–Mais je ne l’aime pas, pas comme ça, papa!
–Ma fille...»
–Katherine Girard, Helena – Tome 1: Les rêves piégés, Éditions Hurtubise
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