Kamala Harris, choix incontournable des démocrates pour affronter Trump


Pierre Martin
Après le retrait de Joe Biden et son appui à sa vice-présidente, il semble acquis que les autres candidats potentiels lui laisseront le champ libre.
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Si le débat catastrophique du 27 juin n’avait été qu’un accident de parcours, Joe Biden aurait pu avoir de bonnes raisons de rester.
Il a toutefois été incapable de réparer les pots cassés. Dimanche, le président a d’abord annoncé à ses concitoyens son retrait de la course. Il a ensuite encouragé les démocrates à se ranger derrière sa vice-présidente.
Une promesse de pont
Kamala Harris était-elle la seule option viable? Non. Est-elle la meilleure candidate imaginable? Impossible à savoir.
Lors de son élection en 2020, Joe Biden disait vouloir avant tout épargner à son pays et au monde un deuxième mandat de Trump. Il promettait de bâtir un pont vers une nouvelle génération de leaders. Il aura bâti beaucoup de ponts pendant son mandat, mais pas celui-là.
Idéalement, les démocrates auraient eu au moins deux ans pour trouver la meilleure personne parmi une brochette de politiciens plus jeunes et très doués, dont les gouverneurs Wes Moore, Gavin Newsom, Josh Shapiro et Gretchen Whitmer, son secrétaire aux Transports, Pete Buttigieg, plusieurs élus ambitieux du Congrès et, évidemment, la vice-présidente Kamala Harris.
On pourra débattre jusqu’à la fin des temps du résultat de cette course imaginaire, mais elle n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu.
La voie libre pour Harris
Pendant le suspense sur le retrait de Biden, on a proposé une «mini-primaire» ou une «convention ouverte» pour permettre à ces successeurs potentiels de se mettre en valeur. Pourtant, plusieurs ont déjà concédé la course à Harris. Pourquoi?
D’abord, le momentum dont elle dispose naturellement en tant que vice-présidente – renforcé par l’appui immédiat de Biden – est extrêmement difficile à renverser. Comme la vaste majorité des délégués était acquise à Biden, il est normal que sa recommandation ait un poids démesuré. D’ailleurs, les chefs de délégations de plusieurs États ont déjà annoncé que leurs délégués voteraient en bloc pour Harris. Ce pourrait n’être qu’une question de jours avant qu’elle obtienne une majorité.
Politiquement, il est clair que plusieurs aspirants ont préféré ne pas contester Harris pour éviter de s’aliéner les femmes afro-américaines, un bloc solide de votes démocrates. Plus pragmatiquement, ils savaient aussi que seule Harris pouvait disposer sans trop de complications de la cagnotte électorale destinée à la campagne qui porte son nom.
Finalement, la victoire contre Trump – aussi existentielle soit-elle – demeure très incertaine. Il est donc logique pour des politiciens jeunes et ambitieux de miser sur 2028.
Procureure vs criminel
Pour toutes ces raisons et d’autres encore, Kamala Harris sera vraisemblablement le choix quasi incontesté des démocrates pour tenter de barrer la route à Donald Trump. Ce n’est pas idéal du point de vue de la légitimité démocratique et elle n’est peut-être pas la meilleure candidate, mais l’image d’unité qui se dégagera du processus la servira bien.
Cette élection prendra une tournure plutôt intéressante quand une femme énergique et articulée – ex-procureure par surcroît – affrontera un criminel reconnu coupable ou accusé de multiples félonies, de fraudes, d’agressions sexuelles et même d’une tentative de coup d’État. Ça promet.