Jonathan Roy désire-t-il fonder une famille?

Nathalie Slight
Si le doute paralyse la plupart des gens, il représente un moteur puissant pour Jonathan Roy, puisqu’il lui permet de rêver grand, tout en gardant les deux pieds bien ancrés sur terre. À travers les chansons de son septième album, Symphony of Doubts, l’auteur-compositeur-interprète partage ses réflexions sur la vie, l’amour et notre société qui vit de grands bouleversements.
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Jonathan, ton album se nomme Symphony of Doubts. Quels doutes t’habitaient lors de la création de tes nouvelles chansons?
Pour la plupart des gens, les doutes ont une connotation négative. Pour ma part, j’essaie de les accepter, parce que mes doutes me permettent d’évoluer, de me questionner, de repousser mes limites et de me dépasser. Je suis persuadé que je suis un meilleur humain et un meilleur artiste parce que je doute. Mais attention: je ne doute pas de tout, tout le temps! Des fois, j’ai l'impression de tout comprendre de la vie, puis tout à coup, un événement survient et le doute surgit.
Dans ton album, tu abordes entre autres le thème de la division dans la chanson Divided...
Je trouve qu’on est présentement très polarisés en tant que peuple. Ce qui se passe au niveau de la politique, ça n’a aucun bon sens! Il y a les gens de gauche, les gens de droite, et presque personne entre les deux! Je trouve qu'il est important de me tenir informé, mais à un moment donné, il y a tellement de nouvelles négatives qu'il faut tirer la plogue, car c’est trop anxiogène.
(Jonathan précise sa pensée...)
À la télé, à la radio, sur Internet, on dirait que tout le monde se nourrit de négatif. Qu’est-ce qui fait cliquer les gens sur le Web? Les scandales, les séparations, les mauvaises nouvelles. Je suis une personne qui est sensible à ce qui l’entoure, et la négativité ambiante m’affecte. Voilà pourquoi je ressens parfois le besoin de prendre du recul.
Tu viens de passer un mois en Asie. Était-ce pour prendre du recul?
Oui. Cela dit, je ne suis pas obligé de partir de l’autre côté de la planète pour me ressourcer. Une simple marche dans le bois avec mon chien me permet de faire le plein de beau, de calme, de bonheur. Mais j’ai la chance de pouvoir m’offrir des escapades loin d’ici, et ça me fait beaucoup de bien.
Que retiens-tu de ton séjour à Bali?
La vie là-bas est moins centrée sur le succès et l'argent. Les gens vivent dans de petites cabanes dans le bois ou sur le bord de la mer. Il y a des bibittes, des rats, des trous dans le plancher des cabanes, mais vous savez quoi? La vie est simple, et tout le monde est souriant et heureux. Les voyages sont pour moi des moments figés dans le temps pendant lesquels je ralentis et je vois autre chose. En vivant sur une fermette ici au Québec, je me suis aussi construit une vie où je peux me ressourcer.
Ta carrière se porte super bien, tu partages ta vie avec une femme que tu aimes et vous vivez dans un véritable petit paradis à la campagne! Pourtant, la tristesse est un thème récurrent dans ton album. Pourquoi à ton avis?
L’inspiration, je la trouve dans les moments de bouleversements, de confusion, d'introspection. La chanson me permet d’exorciser mes émotions; c’est en quelque sorte une thérapie pour moi. Je pense, entre autres, à la pièce Will You Be Back Someday?.
De quoi parle cette chanson?
Je suis parti de l’idée suivante: je me demandais comment je réagirais si c’était fini entre Lily et moi. À l’époque, ça allait super bien avec ma femme. J’écrivais une histoire qui était hypothétique. Mais comme ça ne venait pas de mon cœur et de mes tripes, j’ai mis cette chanson de côté, car je n’arrivais pas à la terminer. Un an et demi plus tard, au moment où Lily et moi traversions une période de doute, j’ai repris cette chanson là où je l’avais laissée. Ç’a été assez dur à écrire, mais je suis fier du résultat.

Y a-t-il une chanson sur ton album qui t’est venue d’un seul coup?
Oui. I Know a Place. Je parle non pas d’un endroit physique, mais d’un endroit où je me réfugie dans ma tête, lorsque ça va moins bien. Ce n’est pas la première fois que j’aborde la santé mentale dans mes chansons. Plus on en parle, plus les gens qui traversent des choses difficiles vont avoir le réflexe de communiquer leurs émotions et de ne pas tout garder en dedans jusqu’à ce que ça explose.
Ta vie est faite d’extrêmes: un mois, tu fais de la plongée à Bali, et le mois suivant, tu entames une tournée à travers le Québec. Où trouves-tu ton équilibre entre ces deux extrêmes?
Pour moi, ce ne sont pas des extrêmes. Ce sont tout simplement deux endroits où je me sens bien. J’apprécie autant le calme d’une journée chez moi, à prendre un bain glacé, à marcher au grand air et à méditer que monter sur scène, présenter mes chansons, triper avec mon band et rencontrer les gens du public. Je me suis créé une vie qui me convient, où je suis entouré de gens que j’aime.
Parlant des gens de ton entourage, tu as enregistré ton album Symphony of Doubts avec tes musiciens!
Effectivement, oui. C’est la toute première fois en carrière que j’enregistre avec mon band. Depuis deux ans et demi, on fait de la tournée ensemble, autant de ce côté-ci de l’océan qu’en Europe. On a tellement une belle chimie ensemble que je voulais transposer ça sur mon album. J’ai aussi produit un clip pour la chanson Waiting for a Call, pour donner une idée de l’ambiance qui règne dans un de nos shows. Je suis admiratif du talent des autres, parce que chaque membre de mon équipe me challenge et me rend meilleur.
Te sens-tu sur ton X?
Pour être honnête, je me sens sur mon X depuis que j’ai décidé de dédier ma vie à la musique, à l’âge de 19 ans. Ensuite, chaque album représente un nouveau chapitre de ma vie, avec mes préoccupations du moment. Avec les années, j’ai plus de bagage, plus d’expériences, je me connais davantage et je suis bien entouré... Tout ça transparaît dans mes chansons.
En 2023, tu as accordé une entrevue au magazine 7 jours dans laquelle tu affirmais vouloir fonder une famille. Tu avais même parlé d’adoption!
Ça fait huit ans que ma femme et moi sommes ensemble. Au début de notre relation, nous étions tous les deux très focalisés sur nos carrières. Là, on est bien établis dans la vie et on a travaillé fort pour aménager une maison dans laquelle on se sent bien. Le désir de fonder une famille est toujours dans nos plans, même si on prend notre temps.
Jonathan lance son nouvel album, Symphony of Doubts, le 27 février au MTelus à Montréal.