[BALADO] Joleil, 9 ans pour toujours: 30 ans après le meurtre sordide de l’enfant, sa mère refuse qu’on l’oublie

Il y a 30 ans, un des meurtres d’enfant les plus crapuleux secouait le Québec: celui de Joleil Campeau, enlevée, agressée et tuée à Laval par un prédateur sexuel qui n’a été pincé que 16 ans plus tard.

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«Le 12 juin 1995, Joleil Campeau a eu 9 ans pour toujours.»

Ces mots sont ceux de la juge qui a condamné son meurtrier.

Hier, Donna Sénécal, la mère de la petite Joleil, a soufflé 68 bougies. Aujourd’hui, elle célèbre un autre anniversaire, beaucoup plus triste: celui du décès de sa fille unique, 30 ans plus tôt.

Le 12 juin 1995, la petite a eu le malheur de croiser le chemin d’Éric Daudelin en se rendant chez une copine, dans le quartier d’Auteuil, à Laval. L’homme sortait de prison pour agression sexuelle.

Lorsqu’il l’a aperçue, il en a fait sa proie. Il l’a enlevée, agressée et assassinée. Son corps a été retrouvé dans un ruisseau quatre jours plus tard.

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Célébrer sa vie

Pour souligner le trentième anniversaire de ce drame, Donna Sénécal ne veut pas célébrer la mort de Joleil, mais plutôt sa vie «avec un grand V».

«Je ne peux pas dire que je ne souffre plus. J’ai une souffrance sans nom. Après son décès, j’ai dû me refaire une nouvelle vie. Et Joleil en fait partie. Elle est là, il faut qu’elle soit là », lance-t-elle.

Elle a tout fait pour donner un avenir à sa petite fille «puissante, joyeuse et lumineuse», même après sa mort.

«Joleil a eu 9 ans pour toujours, mais sa vie, elle a 39 ans. Et moi, je serai sa mère pour toujours», souffle-t-elle.

Après le décès de sa fille, elle a tenté d’avoir d’autres enfants, mais a accumulé les fausses couches.

Elle a ensuite quitté son emploi en secrétariat médical et est devenue... éducatrice à l’enfance.

Aider les mal-aimés

Elle a récemment été poussée vers une retraite forcée pour des soucis de santé. Et soudainement, la mort de Joleil est revenue la hanter.

«Je me suis retrouvée assise sur mon sofa, sans enfants à m’occuper, sans ma fille», raconte-t-elle.

Au début de sa nouvelle carrière auprès des tout-petits, elle n’a pas prononcé le nom de Joleil en public pendant 10 ans. Pour ne pas s’attirer la pitié ou par peur que l’on croit qu’elle ne cherchait qu’à retrouver sa fille à travers les enfants des autres.

Elle a plutôt voulu faire ce travail pour aider les jeunes à prendre le bon chemin.

«Pour tous ces mal-aimés qui font du tort parce qu’ils ne connaissent pas autre chose», dit-elle.

Elle ajoute: «J’ai voulu éviter un autre Éric Daudelin».

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