Jean-François Breau souhaite briser l’armure masculine en abordant la santé mentale des hommes
Nathalie Slight
Jean-François Breau ne se contente pas de faire vibrer les foules avec Salebarbes: il prête maintenant sa voix à une cause essentielle. En tant que porte-parole d’Hommes Québec, il s’engage à sensibiliser les hommes à l’importance de briser l’isolement émotionnel. Lui-même étant entouré d’amis, de frères et de collègues avec qui il peut partager ses émotions sans filtre, il souhaite que tous les hommes puissent bénéficier de ce soutien.
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Jean-François, comment as-tu été approché pour être porte-parole de l’organisme Hommes Québec?
Cette proposition est arrivée à un bon moment dans ma vie, parce que je n'ai pas de spectacles de prévu avec Salebarbes avant le mois de mai. Il y avait donc de la place dans mon horaire pour épouser cette cause-là qui me tient à cœur.
Pourquoi donc?
La campagne de sensibilisation d’Hommes Québec vise à convaincre les hommes d’intégrer des groupes de partage, d’assister à des conférences et à des événements thématiques, dans le but de briser leur isolement émotionnel. Sachant que le taux de suicide est trois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, ça vaut la peine de faire connaître cet organisme.

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Plusieurs hommes ont de la difficulté à communiquer leurs émotions. Est-ce le cas pour toi?
Non. J’ai eu la chance d'avoir un papa qui m’amenait faire des tours de char, juste pour jaser avec moi. S’il voyait que ça ne feelait pas, il s’arrangeait pour que je ne garde pas ça en dedans en m’amenant faire de la route. Mes parents ont toujours été là pour moi. Encore aujourd’hui, même si je suis papa de trois enfants, j’appelle Denis et Évelyne pour avoir leur avis.
Sont-ils de bon conseil?
Oui. Mais des fois, ils m’offrent une oreille attentive sans me proposer de solutions parce qu’ils sentent que j’ai juste besoin de ventiler. Mon père a été mon gérant durant plusieurs années. Au-delà de notre relation père-fils, nous avons une relation d’amitié.
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Essaies-tu de recréer cette même ouverture avec tes enfants Léa (9 ans), Laurence (4 ans) et Louis (2 ans)?
C’est effectivement une valeur que je désire transmettre à mon tour à mes enfants. Quand ma grande arrive à la maison, je lui demande toujours comment s'est passée sa journée. Des fois, elle me répond «Correcte», parce qu’elle n’a pas nécessairement envie de parler. Puis le lendemain, juste avant de sortir pour prendre l’autobus le matin, les émotions sortent! L’écoute, ce n’est pas juste quand on en a le temps, c’est en tout temps avec un enfant!
As-tu des amis sur qui tu peux compter pour jaser?
J’ai une belle relation avec mes deux frères, Marc-André et Charles-Antoine. On ne se parle pas assez à mon goût, mais on se texte régulièrement, on s’envoie toutes sortes de niaiseries. J'ai aussi de bons chums de gars. Je pense à mes amis du Nouveau-Brunswick, Christian, Sylvain et Jean-Éric, à qui je parle encore aujourd'hui. Ils n’évoluent pas dans le milieu artistique, alors discuter avec eux me sort de ma routine.

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Tu as aussi les membres du groupe Salebarbes!
Ce sont des partenaires de travail, des amis, des confidents. Nous sommes tous des pères de famille, rendus à la même place dans la vie. Alors, on jase de notre quotidien, on ne se juge pas, on se comprend. Ces gars-là sont une grande source de réconfort pour moi. Notre complicité se transporte au-delà de la scène, parce qu’on ne fait pas juste de la musique, on fait beaucoup de route ensemble.
Alors, vous ne jasez pas toujours de musique!
Ben non! (rires) Les gars ont des enfants plus vieux que moi. Alors, lorsqu’ils racontent une anecdote, je sais qu’un jour je passerai par là! Notre relation d’amitié est si précieuse que je me demande des fois si la musique n’est pas uniquement un prétexte pour passer du temps ensemble. Cet entourage-là me fait du bien et contribue à l’équilibre de ma santé mentale. Et j’ai l’impression que c’est la même chose pour eux.
(Après réflexion, Jean-François ajoute...)
Jonathan, Éloi, Kevin et George, ce sont des gars à qui je peux tout dire. Souvent, quand un ami nous demande «Comment ça va?», on a le réflexe de répondre «Bien», même si quelque chose nous chicote. Nous, les Salebarbes, on a le réflexe de dire: «Moyen, aujourd’hui, pour telle ou telle raison.» Quand on passe autant de temps entre boys, on laisse tomber notre armure.
Tu as de la chance d’avoir des hommes aussi ouverts autour de toi!
Effectivement. Je mesure encore plus ma chance depuis que je suis porte-parole d’Hommes Québec. Des fois, on traverse une épreuve et on a l’impression qu’on est le seul au monde à vivre ça. Juste le fait de parler à quelqu’un et de sentir qu’on n’est pas seul à vivre ça, c’est apaisant.
Pourquoi à ton avis?
Avec les cours de danse, les pratiques de soccer, le souper, les devoirs, la liste de tâches qui ne finit plus de finir, la vie va tellement vite! Le soir, on est tous crevés! Ce n’est pas vrai que je vais prendre le temps d’appeler un ami pour prendre de ses nouvelles un mercredi soir! Ce n'est pas par manque de volonté, c'est juste par manque de temps. Alors, il est important de se créer des moments pour jaser, pour écouter. Ça ne règle pas tout, mais ça enlève une partie de la pression.
Et c’est justement ce qu’offre Hommes Québec!
Exactement! Ce sont des tables rondes avec des groupes de 12 hommes maximum, soit en présentiel, soit en visioconférence. La rencontre débute toujours avec une minute de silence, question que tout le monde soit sur la même longueur d'onde. Ensuite, tu parles, tu écoutes, sans conseil, sans jugement. Ça favorise la solidarité et l’entraide en plus de créer des amitiés.
En terminant, qu’est-ce qui t’occupe en ce moment?
On prépare le prochain album de Salebarbes. Comme pour l’album précédent, on va s’isoler dans une maison, le Studio B-12 à Valcourt, pour créer nos chansons. Quand on est là-bas, on vit dans une bulle créative. On y va à coups d’une semaine à la fois, puis on revient ensuite dans nos familles. Autre belle nouvelle: notre album, à Marie-Eve et moi, Noël à deux, sort en vinyle pour la toute première fois!
Avez-vous un tourne-disque à la maison?
Bien sûr! Parfois, on fait jouer d’autres chansons de Noël à la maison, mais les enfants préfèrent la version de papa et maman. (rires)
Remerciement au restaurant Chez Cheval à Sainte-Julie de nous avoir reçus pour l’entrevue.
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