Jean Charest, le plus vert des bleus

Mario Dumont
Jean Charest se lance dans sa course à la direction du Parti conservateur. Après un détour par Québec, il y voit une porte ouverte pour réaliser son rêve : devenir premier ministre du Canada.
Lui qui ne s’est pas défini comme conservateur depuis près d’un quart de siècle veut maintenant diriger les destinées du parti. Et il pourrait bien devenir le moins mauvais choix pour bien des gens qui voient en Pierre Poilievre un démagogue plus bruyant que réfléchi.
L’arrivée de Jean Charest marquerait un tournant pour le Parti conservateur du Canada dans quelques domaines. Cependant, sur le thème de l’environnement, elle représenterait carrément une révolution.
Alors que les conservateurs se demandaient encore à leur dernier congrès s’il faut reconnaître les changements climatiques causés par l’humain, Jean Charest parlait de ce thème il y a 30 ans. Avant que ce soit à la mode, il s’exprimait sur le sujet avec éloquence et compétence.
Il n’en parlait pas comme un écologiste radical. Il a toujours abordé le thème dans une perspective de conciliation de l’environnement et de l’économie. Néanmoins, il a été constant et cohérent dans ses positions sur le sujet. Pour séduire l’Alberta, il doit cependant aujourd’hui garder la porte ouverte à de nouveaux pipelines.
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Rio de Janeiro, 1992
Il était ministre de l’Environnement du Canada en 1992 lorsque s’est tenu le sommet de Rio. À cette époque, seuls quelques initiés connaissaient l’expression « changements climatiques ». À cette occasion, le Canada s’était placé en position de leadership en devenant le premier pays du G7 à soutenir la Convention de l’ONU sur les changements climatiques.
J’ai entendu plus d’une fois monsieur Charest raconter avec enthousiasme et émotions les détails de sa participation à ce sommet. Lui qui adore les relations internationales (et y excelle) décrit les tractations et les secrets de cette rencontre mondiale. Et il se fait une fierté de mentionner le rôle qu’il a joué pour le Canada.
Lors de ses mandats comme premier ministre du Québec, il a toujours été fidèle à son engagement sur la question. Il suivait religieusement les conférences sur le climat et essayait d’incorporer les objectifs climatiques à sa politique.
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Bourse du carbone
C’est lui qui a lancé l’idée d’une bourse du carbone qui fut complétée par ses successeurs. À un moment en 2007, il avait même souhaité que le Canada au complet se dote d’une bourse du carbone. Cette idée pourrait être ramenée dans son programme. Une bourse plutôt qu’une taxe, cela pourrait sonner plus conservateur.
À l’époque, Jean Charest était en porte-à-faux avec Stephen Harper. Sur le thème de l’environnement (et sur d’autres), Jean Charest ne se gênait pas pour critiquer Stephen Harper publiquement. L’autre s’en souvient et n’est pas trop tenté par la candidature de Charest !
Erin O’Toole avait forcé dans la gorge de son parti une politique sur les changements climatiques. Cela faisait partie des motifs pour le dégommer. Ce parti est-il prêt maintenant pour un chef plutôt vert ?
La course commence.
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