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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Je pense qu’on est un peu passé à côté de l’âme du film à l’époque de sa sortie»: la réalisatrice Chloé Robichaud remet au goût du jour la comédie culte «Deux femmes en or»

Laurence Leboeuf et Karine Gonthier-Hyndman dans une scène du film «Deux femmes en or»
Laurence Leboeuf et Karine Gonthier-Hyndman dans une scène du film «Deux femmes en or» Photo d'archives fournie par Maison 4:3
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Photo portrait de Maxime Demers

Maxime Demers

2025-05-30T22:00:00Z
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Sortie en salle il y a exactement 55 ans, la comédie érotique Deux femmes en or a fait grand bruit à l’époque en raison surtout de ses scènes de nudité. En revisitant ce classique du cinéma québécois, la réalisatrice Chloé Robichaud et la scénariste Catherine Léger ont voulu corriger le tir en faisant ressortir l’esprit rebelle et féministe de l’œuvre originale.

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«Il y a un propos fort derrière ce film et j’ai l’impression qu’on est un peu passé à côté à l’époque», déplore Chloé Robichaud en entrevue au Journal.

«Quand on y pense, le film se déroule en 1970 et suit deux personnages féminins qui s’approprient leur désir dans leurs propres termes. Il y avait un esprit vraiment rebelle derrière ça, un désir d’émancipation sexuelle. Je pense qu’on est un peu passé à côté de l’âme du film à l’époque de sa sortie».

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La scénariste Catherine Léger abonde dans le même sens: «Je trouve que c’est un film qui est pertinent à plusieurs égards et qui mérite sa place dans l’imaginaire collectif», observe-t-elle en soulignant qu’il était «avant-gardiste», en 1970, de mettre en scène des personnages féminins aussi forts et déstabilisants.

Inspirée en partie de la pièce de théâtre de Catherine Léger, présentée il y a deux ans à La Licorne, la nouvelle version de Deux femmes en or relate le quotidien de deux jeunes femmes, Violette (Laurence Leboeuf) et Florence (Karine Gonthier-Hyndman), qui s’ennuient avec des conjoints qui ne leur accordent pas beaucoup d’attention.

Pour briser la monotonie, elles décideront de vivre librement leur sexualité en multipliant les infidélités avec plusieurs amants.

«Il y a une déconnexion dans leur vie avec leur conjoint, mais aussi par rapport à elles-mêmes et à leurs propres désirs», observe Chloé Robichaud à propos des deux héroïnes de son film.

«Ça fait un petit bout de temps qu'elles ne se priorisent plus ou qu’elles ne se connaissent plus tellement, et elles cherchent à s'extirper de ce statu quo. Je dirais même que ça va au-delà des genres. Les personnages des conjoints sont un peu à la même place, dans un esprit de fuite, de déni ou de déconnexion.»

PHOTO ALEXIS GR
PHOTO ALEXIS GR

De Sam Breton à Claude Legault

Dans le film de 1970, le réalisateur Claude Fournier avait fait appel à plusieurs comédiens célèbres, comme Yvon Deschamps et Gilles Latulippe, pour jouer les amants des deux voisines de banlieue, incarnées par Monique Mercure et Louise Turcot.

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Chloé Robichaud s’est inspirée de cette idée pour confier elle aussi les rôles des amants à plusieurs acteurs et humoristes connus, dont Sam Breton, Arnaud Soly, Claude Legault et Maxime Le Flaguais.

«J’aime l’effet de surprise provoqué par ces caméos, mais je ne voulais pas que le spectateur ait l’impression qu’on se retrouve dans un sketch différent chaque fois qu’un humoriste apparaît à l’écran», nuance la cinéaste.

«Je suis donc allée chercher des humoristes qui allaient avoir l'écoute et la sensibilité nécessaire pour s'ajuster au ton du film. Comme Sam Breton, par exemple, qui était complètement investi et engagé dans le projet. Il n’arrêtait pas de dire qu’il voulait aider et qu'il était là pour servir le film. C’était très généreux de sa part.»

C’est la première fois de sa carrière que Chloé Robichaud plonge de façon aussi franche dans la comédie. À part son court métrage Chef de meute, une comédie noire, la réalisatrice de Sarah préfère la course et Les jours heureux avait surtout réalisé des drames jusqu’à maintenant.

«Il y a toujours eu de la comédie dans mes films, mais chaque fois, c’était comme si je me trempais juste l’orteil», souligne-t-elle en riant.

«J’avais hâte de plonger, mais je voulais d’abord trouver le bon univers et le bon ton pour me lancer. Je sentais que j'allais me sentir [à l'aise] avec l’écriture de Catherine [Léger], et j'ai adoré ça. J'ai le goût d'en refaire!»

  • Deux femmes en or, à l’affiche le 30 mai.
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