«Je ne sais pas où Victoria peut s’arrêter» — Nathalie Tauziat, l’une des entraîneuses de Mboko
Mylène Richard
Tout au long de ce tournoi complètement fou pour Victoria Mboko, la nouvelle étoile du tennis a répété que «ça allait vite», et l’une de ses entraîneuses, Nathalie Tauziat, ne va pas la contredire.
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«Mais elle a le niveau de jeu. On s’était fixé le top 100 à la fin de l’année. Elle a un peu explosé les objectifs», a constaté mardi devant les médias Tauziat, à la veille de la demi-finale entre sa protégée et la Kazakhe Elena Rybakina, neuvième favorite à Montréal.
«Déjà, il va falloir qu’elle digère ce qu’elle a fait, ce qui ne sera pas évident», a poursuivi celle ayant perdu en demi-finale à Montréal en 1990 aux mains de l'Allemande Steffi Graf.
Mboko, revenue s’entraîner au pays à l’automne après un séjour en Belgique, occupait le 350e rang mondial en début de saison. Grâce à ses performances des derniers mois, mais surtout à ses victoires à l’Omnium Banque Nationale, où elle «joue son meilleur tennis», Victoria est assurée d’être dans le top 50.
Elle sera ainsi du tableau principal des Internationaux des États-Unis à la fin du mois. Pas besoin de passer par les qualifications.
«Je ne sais pas où Victoria peut s’arrêter», a lancé Tauziat, qui a déjà travaillé avec Eugenie Bouchard et Bianca Andreescu.
Un danger
En tant qu’ancienne troisième mondiale, Tauziat connaît les pièges à éviter et les dangers qui pourraient guetter Mboko.
«C’est un danger. Il y a plein de filles qui sont montées très haut, mais qui après n’ont pas réussi à garder cette stabilité, cette sérénité. Quand on joue bien, on gagne plus d’argent, il y a plus de gens autour, la vie change. Il faut qu’elle arrive à bien gérer», a commenté la Française de 57 ans, qui confirme que les regards sont tournés vers Victoria et qu’elle a reçu des invitations pour faire équipe en double.
«Parfois, des joueuses perdent les priorités de vue. Tu peux grimper rapidement, mais si tu ne continues pas de t’améliorer, tu peux redescendre très rapidement», a-t-elle ajouté.
«Il ne faut pas s’enflammer»
Même si vivre autant de succès à Montréal, «ce n’est peut-être pas normal», ça faisait partie des buts de l’Ontarienne, qui voulait se concentrer sur l’Omnium canadien et le US Open cet été.
«Il ne faut pas oublier qu’elle a 18 ans, bientôt 19 ans [le 26 août], qu’elle est très jeune. Il ne faut pas s’enflammer non plus. Il faut garder les pieds sur terre», a clamé sa coach.
Au fil des derniers jours, Mboko a appris beaucoup sur elle-même et sur le circuit, d’après Tauziat. Ce n’est pas évident de rebondir après avoir vécu autant d’émotions.
Pas facile non plus de se retrouver sur un central devant une foule animée. Ce nouveau public, qui en redemande, ne semble pas stresser «Vicky». Elle s’en nourrit.
Plus agressive
En plus d’être calme et à l’écoute, Mboko a aussi amélioré son tennis. Elle est plus agressive, elle «joue plus long». Elle panique moins, aussi, a remarqué Tauziat.
«Dans son match contre [Marie] Bouzkova, elle a eu l’humilité de revenir en tenant l’échange. Ce qu’elle n’aurait peut-être pas fait il y a un an», a analysé l’entraîneuse, vantant le calme de sa joueuse après avoir perdu la première manche 6-1.
«On lui a dit de tenir l’échange avant d’essayer un coup gagnant sur la première ou la deuxième balle, a-t-elle raconté. Elle a été capable d’attendre la bonne balle au bon moment. C’est peut-être une force de caractère qui lui manquait auparavant.»
Tauziat se croise maintenant les doigts afin que Victoria reste en santé. Si tel est le cas, elle pourrait faire vivre de grands moments d’émotion aux amateurs pour encore très longtemps.