Je n’aime pas les années 2020


Mathieu Bock-Côté
Les années 2020 sont à peine entamées que nous savons déjà qu’elles seront désastreuses.
Elles ont commencé par une pandémie. Le monde a tremblé à l’idée d’une nouvelle peste, qui a plutôt pris le visage d’une virulente grippe. L’humanité s’est confinée et masquée dans une grande frayeur médiévale.
Trois ans plus tard, nous avons réappris à vivre. Toutefois, les gouvernements se croient depuis investis de nouveaux pouvoirs en matière de contrôle social et sanitaire, qui risquent d’être mobilisés autrement de manière autoritaire dans la lutte par ailleurs nécessaire contre les changements climatiques.
Ukraine
Les années 2020 ont aussi marqué le début de la révolution woke, qui représente une authentique menace totalitaire. Cette révolution veut détruire notre civilisation, qu’elle assimile au racisme, au sexisme et à la transphobie.
Cette idéologie est au pouvoir dans les universités, les médias, et désormais, dans le monde de l’entreprise, qu’elle pénètre souvent par les départements de ressources humaines. Elle transforme la société en un camp de rééducation inédit sous le signe de la censure la plus débile. Le Canada fait figure de pays d’avant-garde dans cet asile global.
Les années 2020 ont aussi marqué, depuis février dernier, le retour de la guerre à grande échelle en Europe. L’invasion de l’Ukraine par la Russie représente une guerre classique de conquête territoriale comme on n’en imaginait plus. Les conséquences de cette guerre sont immenses pour le monde, et pour l’Europe en particulier. Preuve s’il en est que l’histoire est cyclique, et que même les continents que l’on croyait apaisés peuvent s’embraser.
Les années 2020 annoncent aussi une crise économique nous obligeant à congédier pour de bon notre fantasme d’une prospérité durable et croissante. Les derniers restes de la « mondialisation heureuse » se dissolvent devant nous. Les classes moyennes sont fragilisées, le corps social se disloque pendant qu’une « bourgeoisie mondialisée » se replie comme jamais sur ses privilèges.
Basculons au Québec.
D’un côté, le Québec vient enfin de se rendre compte de la vigueur du courant démographique et linguistique qui le conduira, d’ici quelques décennies, à sa propre disparition comme peuple. Les seuils d’immigration fixés par Justin Trudeau et le scandale absolu qu’est le chemin Roxham représentent notre destin.
De l’autre, il s’est réfugié, pour tenir tête à ce mouvement, dans un nationalisme exagérément tranquille, qui lui promet à demi-mot de disparaître sans douleur, en se faisant même croire qu’il aura combattu.
Rome
Notre peuple meurt, sait qu’il est en train de mourir, il sait aussi qu’il aurait besoin d’une thérapie assumée pour s’en sortir, et demande plutôt des anxiolytiques, des Tylenol et le droit de mourir dans la dignité.
Si je résumais mon sentiment, je dirais que nous sommes contemporains, en Occident, d’une dynamique historique équivalente à la chute de Rome. Un monde s’effondre et nous lui survivons comme des vaincus ou des résidus dans des pays prenant de plus en plus l’air de ruines.
Y a-t-il néanmoins quelques signes d’espoir ? Oui. J’essaierai de les recenser dans ma chronique de demain.