« Je n’ai pas peur de le dire, j’ai la fièvre de l’or »
Le géologue Robert Gagnon est passionné du métal jaune depuis son enfance

Olivier Bourque
L’or est sans doute le roi des métaux. Il exerce une fascination depuis des centaines d’années. Les pharaons se l’arrachaient, les Incas y voyaient un morceau de soleil, alors que les plus aventuriers se sont rués vers l’Ouest américain. Le Québec n’est pas en reste et certains prospecteurs de l’Abitibi vivent de cette passion dévorante.
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« Moi, j’ai la fièvre de l’or, ça ne s’enlève pas, ça. Ça me prend de l’or, faut que j’aille en voir, faut que j’aille en chercher », nous confie, haletant, Robert Gagnon, un géologue qui connaît le sous-sol abitibien comme sa poche.
L’homme est un vrai passionné des métaux avec une obsession pour le plus brillant d’entre eux. Il a fondé sa firme de conseils Explo-Lab et aussi une société minière junior, Pershimex, inscrite à la Bourse de croissance de Toronto.
« Je n’ai pas peur de le dire, ça fait longtemps que j’ai cette fièvre-là, je m’assume. C’est une maladie comme les autres, je ne sais pas comment la traiter », dit-il en riant.
Cette fascination et même cette obsession brûlante l’amènent même à couler ses propres lingots.
« Moi, j’ai la connaissance de A à Z, je vais chercher l’or sur le terrain, je l’amène jusqu’à mon laboratoire. Je le coule et le fonds », relate-t-il.
Apprivoiser l’or
Il considère toutefois que l’or doit être apprivoisé pendant plusieurs années, car le métal a déjà fait perdre la tête à plusieurs investisseurs.

« C’est un métal qui est dangereux, c’est un métal du diable, image-t-il. Mais si tu es capable de le contrôler, tu vas voir que le métal va t’amener de bonnes affaires ».
De son propre aveu, il s’agit d’une fascination qui est arrivée très rapidement dans sa vie.
« Faut reculer à ma jeunesse, j’ai toujours voulu faire cela. J’ai toujours voulu être entrepreneur et gérer les activités d’exploration. »
Son entreprise, toute Québécoise (avec pour la plupart des Abitibiens) détient les droits miniers sur la propriété Courville, à 60 km de Val-d’Or. Elle est en voie d’obtenir un permis pour 5000 tonnes afin de produire jusqu’à 2000 onces d’or.
« On pense être capable d’avoir des revenus de 4 à 5 millions, ce qui va créer notre encaisse. Après on sera bien placé pour explorer davantage et trouver un bon gisement », dit-il.
Qu’importe le prix
De son propre aveu, qu’importe le prix, il va toujours explorer le sous-sol à la recherche d’or.
« Je ne me suis jamais emballé avec la saveur du mois... le lithium, le graphite, non, moi, c’est l’or. Ça vaudra 40 $ l’once, je vais en chercher pareil », déclare-t-il.
Il affirme avoir commencé son exploration au moment où le prix était à 250 $ l’once. Avec une valeur qui atteint tout près de 2000 $, le géologue n’est toutefois pas près d’arrêter son exploration.
« L’or demeure une valeur refuge et avec l’instabilité que nous connaissons, ça va encore monter », croit-il.
Sa petite entreprise minière est déjà bien présente sur le terrain et va poursuivre son exploration lors des prochaines semaines. Lui-même ira faire la prospection avec son marteau et sa pioche.
« Quand on commence, je vais peut-être y aller 2-3 fois par semaine. La saison de prospection est courte. On prend des connaissances, des fois on trouve. Il y a toujours une portion de chance, mais si tu ne déterres pas, tu ne trouveras pas d’or », dit-il.
Selon lui, le régime minier en place au Québec a été amélioré et donne des chances égales aux grosses minières et aux sociétés juniors.
« On a un système de loi qui est juste, un peu tannant, mais on est capable de s’y acclimater. Faudrait juste alléger les processus, la bureaucratie. Mais c’est un système égalitaire. Les claims, c’est pareil pour tout le monde », dit-il.
L’entreprise détient environ 500 titres miniers d’exploration. Chacun coûte 50 $, mais ce sont les travaux d’exploration qui sont plus dispendieux.
« On doit faire 2000 $ de travaux aux deux ans par titre. Si t’es pas capable de faire tes travaux, c’est bien de valeur, tu vas perdre tes droits d’explorer, et là--dessus, c’est sévère, mais c’est équitable », dit-il.
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