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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

«On ne donne pas la parole aux vieux», dénonce Janette Bertrand dans son essai «Cent ans d'amour»

Janette Bertrand a écrit un nouveau livre à 99 ans.
Janette Bertrand a écrit un nouveau livre à 99 ans. Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-10-19T07:30:00Z
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Janette Bertrand a beaucoup de petits-enfants et leur répète ceci: «Il faut aimer ce que vous faites parce que ça ne sera plus du travail. Ça ne sera plus une pénitence: ça va être un plaisir!»

Son père a travaillé jusqu’à l’âge de 85 ans et lui disait: «C’est ma vie!» «Il n’était pas riche. Il avait un petit magasin dans l’est de Montréal. Mais il rencontrait du monde. Il était valorisé. Quand il a arrêté de travailler, trois ans après, il était fini.»

• À lire aussi: À 99 ans, Janette Bertrand dénonce les tabous liés à la vieillesse dans son nouveau livre «Cent ans d'amour»

«Qu’est-ce que tu fais quand tu ne sers pas à quelque chose? Tu te retournes vers ton nombril. Et c’est là que tu as mal partout!»

Pour elle, vieillir est un privilège. «Évidemment, ça coûte cher de douleurs. Il y a toutes sortes de petits bobos. J’en ai partout!»

Elle rencontre beaucoup de jeunes femmes qui ont une peur bleue de vieillir. «Elles pensent que vieillir, c’est la fin de tout. Or, c’est juste une étape, dans la vie. T’es chanceuse de l’avoir, sans ça, t’es mort!»

Prendre du recul

Janette Bertrand note que ce que sa longue vie lui a apporté de plus extraordinaire est la capacité de prendre du recul. «Tu comprends des choses qu’hélas, t’as pas compris avant. Tu fais des liens: “ah, c’est pour ça!” Et tu fais beaucoup de liens avec ton enfance. “Ah... c’est pour ça que je suis comme ça.”»

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«À 99 ans, j’ai encore peur, quand je monte dans le lit, qu’il y ait une main qui va me prendre. Parce que ma mère était extrêmement peureuse. Elle avait peur de tout, tout, tout. Elle m’a élevée comme ça, avoir peur de tout. Mais moi, je n’ai pas élevé mes enfants comme ça. Ils n’ont peur de rien.»

Transmettre le savoir

La quasi-centenaire note que les personnes âgées, même si elles ne sont pas allées à l’école longtemps, ont un savoir important à transmettre.

«Les jeunes savent beaucoup de choses sur la technologie mais ils ne savent rien de la vie: ils ne l’ont pas vécue. Moi, je peux parler des jeunes, parce que je l’ai déjà été. Mais un jeune ne peut pas parler des vieux, parce qu’il ne sait pas ce que c’est. Et on ne donne pas la parole aux vieux.»

En quête de modèles

Toujours dans l’action, Janette a créé «Les aînés en manque de modèles» pour la Fondation de l’Institut de gériatrie de Montréal, pour trouver ces modèles et les faire découvrir. Elle invite les gens à participer: figm.ca.

«Si vous connaissez des modèles et que vous voulez les partager avec d’autres, pour qu’ensemble, les vieux, on reprenne un peu d’estime de nous-mêmes!»

© Éditions Libre Expression
© Éditions Libre Expression

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