James Hyndman aborde son célibat
«L'Appel» est disponible sur illico+
Alicia Bélanger-Bolduc
Le mystérieux James Hyndman s’ouvre sur sa carrière, mais aussi sur sa vie pleine de surprises. Ayant passé une jeunesse marquée par le communisme, sa vie est remplie d’histoires familiales intrigantes qui continuent de ponctuer son parcours. Aujourd’hui, il est de retour sur nos écrans pour notre plus grand bonheur dans la nouvelle série L’Appel.
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James, tu es l’avocat Richard Brunelle dans la série L’Appel. Parle-moi de ce personnage percutant...
Maitre Brunelle est l’avocat du criminel Mom Boucher à son deuxième procès, quand son jugement a été porté en appel. J’ai été frappé dès le départ par la qualité des textes de Luc Dionne, qui est vraiment allé chercher tous les verbatims du procès qu’on retrouve en grande partie dans le scénario. Je suis allé écouter des entrevues de cet avocat pour voir comment il avait été durant tout le processus et j’ai découvert que c’était un homme érudit, complètement à l’opposé de Mom Boucher. Il était assez flamboyant, arrogant et redoutablement efficace. J’ai eu beaucoup de plaisir à l’incarner.
Comment a été ton expérience sur le plateau?
C’était assez particulier parce que mes scènes sont un huis clos, c’est-à-dire que j’ai joué dans la même salle d’audience toutes mes journées de tournage pendant au moins 16 heures par jour. Je n’ai jamais autant travaillé pour un rôle! Quand j’ai reçu mon scénario, il faisait 300 pages de termes légaux que j’avais de la difficulté à suivre. J’ai dû le relire à plusieurs reprises pour bien le saisir. J’ai également eu un réel plaisir à travailler avec Julie Perreault, qui est une réalisatrice formidable, mais aussi une actrice qui comprend la complexité d’interpréter un personnage comme celui-ci.
Tu n’étais pas nécessairement prédestiné à faire carrière au Québec en tant qu’acteur. Qu’est-ce qui t'a amené à faire ce changement dans ta vie?
Après ma maîtrise en science politique au Québec, je suis parti à Paris étudier en théâtre. J’ai passé trois ans en France en ne faisant que des spectacles pour enfants, j’étais guide touristique dans les pays de l’Union soviétique et je donnais des cours d’anglais... Bref, je ne gagnais pas très bien ma vie et je ne faisais pas un sou dans mon domaine. À 26 ans, j’étais à la croisée des chemins. Comme je ne voulais pas être un expatrié pour le reste de ma carrière, j’ai décidé de revenir au Québec.
D’où venait ce désir de faire des études en science politique?
Je voulais devenir acteur, mais je crois qu’au départ j'ai choisi la voie de la science politique par peur de ne pas être à la hauteur de mes ambitions et de vivre un échec. J'avais toujours fait du théâtre et j'ai finalement passé une audition pour le Conservatoire d'art dramatique, en me disant que c'était la seule et unique chance que j’allais me donner. J'ai été accepté et, au bout du compte, je suis parti à Paris! (rires) Mes sept ans d'études universitaires m’ont beaucoup aidé dans ma façon d'apprendre mes textes. Je ne le regrette pas. Mais si c'était à refaire, je ne prendrais pas forcément le même chemin.
Tu es l’oncle de la comédienne Karine Gonthier-Hyndman. Viens-tu d’une famille d’acteurs?
Je suis le défonceur de portes de ma famille! Du côté de ma mère, j’ai cependant un arrière-grand-père, Olivier Asselin, qui a cofondé Le Devoir avec Robert Bourassa et qui est célèbre pour avoir giflé publiquement un ministre et avoir été emprisonné pour ce geste! (rires) Karine m’a vu vers 12 ans dans la série Diva, et je me souviens d’être allé à son école rencontrer ses amis. C’est au secondaire que cette idée de devenir actrice a pris racine, et j’ose croire que je lui ai donné l’impression que c’était possible. Je l’ai coachée par moments, mais c’est aussi beaucoup grâce à son talent et à sa persévérance qu’elle est rendue où elle est.

Si tu me parlais du reste de ta famille... Tu as eu une jeunesse assez atypique!
J’ai grandi dans une fratrie de quatre garçons. Un de mes frères était atteint de trisomie 21; il est maintenant décédé. Mon père était diplomate, ce qui a fait que j’ai vécu un peu partout dans le monde. Je suis né à l’étranger. Puis, on est revenus au Québec pendant un moment, mais j’ai passé mon adolescence à Moscou et à Cuba. J’ai donc évolué dans un univers communiste pendant environ quatre ans. Mais nous jouissions de conditions de privilégiés, donc nous étions en sécurité. J’ai vécu beaucoup d’expériences marquantes, mais je suis reconnaissant envers mes parents d’avoir arrêté de voyager, parce que le déracinement permanent chez les jeunes, ça laisse des traces.
Tu es aussi auteur de trois romans. D’où vient cette passion pour les livres?
J’ai toujours beaucoup aimé la lecture. J’étais un enfant très solitaire et hypersensible. J'ai vite éprouvé un grand amour pour les livres, qui étaient également un refuge, puisque dans les histoires qu'ils racontent, on se fait des amis qui nous accompagnent tous les jours. De 11 à 15 ans, j’étais dans des pays où il n’y avait pas vraiment de télévision et je passais beaucoup de temps seul. C’était donc l’unique moyen de me divertir. Par la suite, j’ai aussi fait un métier de la lecture publique, principalement au Théâtre de Quat’Sous et à la Place des Arts. Cette facette a approfondi mon rapport avec les écrivains, ce qui m’a donné le goût de faire partie de cet univers. C’était un rêve secret depuis toujours.
Ton dernier roman, Faux rebonds, parle de tennis. Es-tu un grand fan de ce sport?
Le tennis, c'est une passion de toute une vie, presque une religion pour ma famille et moi. J'ai grandi dans un environnement où j'ai eu l’occasion de jouer à ce sport tous les jours avec mes parents et mes oncles. Au départ, on m'a proposé d'écrire une chronique pour une revue de tennis, que j’avais centrée sur la littérature du sport. Je leur ai présenté l'histoire d’un de mes grands-oncles, qui était capitaine de bateau pendant la Seconde Guerre mondiale et qui, après avoir été envoyé en Angleterre, a été arbitre à Wimbledon. Ce texte m'a inspiré pour mon livre, car je trouvais que le tennis, contrairement à d’autres disciplines comme la course ou le vélo, n'avait pas été exploré par les grands auteurs.
On t’a vu justement moins souvent à l’écran dans les dernières années. Est-ce que c’est l’écriture qui a pris cette place?
Je me suis intéressé, oui à la littérature, mais j’ai aussi fait de la mise en scène et j’ai développé des projets de télévision. Alors, j’ai dû refuser certains rôles qu’on m’avait offerts. Je voulais uniquement accepter des personnages qui me stimulaient, comme dans L’Appel et Fragments, puisque je savais que j’allais pouvoir donner le meilleur de moi-même.
Comment va ton fils, Samuel?
Il a maintenant 10 ans. C’est le rôle de ma vie. Suivre un enfant et l'accompagner dans son cheminement, l’aimer, l’éduquer et l’aider à se construire, ça représente beaucoup de défis, mais j’ai un réel plaisir à jouer ce rôle. Il a une personnalité très forte et très affinée. Il a une mère qui a un studio de danse, il aime donc beaucoup cette discipline, et il est très bien entouré. Ce qui me rend aussi très fier, c’est de voir qu’il a une maturité impressionnante. Il me surprend toujours.
Es-tu toujours avec la mère de Samuel qui a été ta conjointe de longue date?
Je suis à présent célibataire et un père de famille monoparentale depuis quelque temps. Je suis quand même à la recherche de l’amour et, si ça pouvait m’arriver, je serais très heureux de partager ma vie à nouveau avec quelqu’un.