J’ai passé 1h au canal de Lachine avec un pêcheur à l’aimant et voici ce qu’on a trouvé


Jean-Michel Clermont-Goulet
La pêche à l’aimant, vous connaissez? Populaire en Europe, cette activité, qui consiste à sortir des objets métalliques de l'eau, compte de plus en plus d’adeptes au Québec, dont Frederick Hardy, avec qui on a passé une heure.
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«Tu vas voir, c’est super le fun», lance d’entrée de jeu Frederick Hardy qui s’adonne à la pêche à l’aimant depuis deux ans. C’est au bord du canal Lachine, non loin du Marché Atwater, qu’il nous avait donné rendez-vous.

Pour ma première partie de pêche, le Longueillois de 39 ans, qui travaille en protection des incendies, me prête de son équipement, qui peut coûter jusqu’à 400$. L’aimant avec lequel je vais pêcher peut tirer jusqu’à 2200 lb. Le sien peut supporter 3800 lb, rien de moins.

À vos aimants!
C’est le temps de s’élancer. En deux temps, trois mouvements, mon aimant touche le fond du canal. Je tire la corde pour faire ressortir ma première trouvaille qui ne pourrait pas être plus montréalaise: un pied de cône orange.

Cette première prise me satisfait. J’ai un gros sourire dans la face. Je me sens un peu comme un enfant à la pêche avec son paternel.
Frederick Hardy, lui-même papa d’une fillette de 5 ans, m’explique qu’il fait de la pêche à l’aimant principalement pour nettoyer les cours d’eau qui manquent d’amour. Son passe-temps lui permet aussi de prendre l’air, en plus de faire de l’activité physique.

Je le confirme d’ailleurs: pêcher à l’aimant demande un certain effort physique. Il faut forcer en tit-pépère pour remonter un gros morceau d’acier collé à ton petit aimant.
La pêche est aussi une manière pour celui qui a sa propre chaîne YouTube, Joker’s Magnet, de socialiser. Pendant l’heure que je passe avec Frederick Hardy, deux couples qui prennent une marche santé s’arrêtent pour nous piquer une jasette, impressionnés par notre travail.
Beaucoup de trouvailles
Une fois le pied du cône orange sur la terre ferme, je remets mon aimant à l’eau. Pendant l’heure qui suit, je ressors plein d’objets variés, dont de vieux clous et de vieilles tiges de métal du chemin de fer qui longe le canal.

Ce n’est rien pour impressionner Frederick Hardy, qui a déjà sorti sept vélos des eaux depuis mars. À l’endroit où nous nous trouvons, il a également déjà repêché un obus.
- Écoutez l'entrevue avec Frédéric Hardy, vedette Instagram de la pêche à l’aimant au Québec via QUB radio :
«Quand je l’ai trouvé, j’ai contacté la police, qui est venue, mais elle a fait affaire avec l’Armée canadienne pour vérifier si la charge était toujours explosive ou non», raconte-t-il, encore fier de sa trouvaille.
Il a également déjà sorti de l’eau des armes à feu.

«Dès que tu trouves une arme possiblement fonctionnelle et qu’elle a un numéro de série, tu dois le dire à la police et mentionner où elle a été trouvée», m’explique-t-il.
«S’il n’y a pas de numéro de série, c’est quelque chose que tu peux garder, mais il faut faire attention. Personnellement, je le mentionnerais quand même à la police», ajoute le pêcheur amateur.

Ce n’est pas tout: dans le canal de Lachine, il a aussi trouvé un boulet de canon et une statuette de taureau qu’il est en train de remettre à neuf.
Dans un cours d’eau de Saint-Jean-sur-le-Richelieu, il a trouvé un ancien parcomètre qui contenait encore quelques piastres.
Il ne peut pas tout garder
Bien que Frederick Hardy conserve certaines de ses trouvailles dans sa maison de Longueuil, il doit se départir de la majorité des objets.
«Tu essaies de garder ce que tu veux garder, mais pas trop de grosses choses, parce qu’à un moment donné, tu n’as plus de place», mentionne-t-il.
Évidemment, un pêcheur à l’aimant ne peut pas vraiment vivre de ses trouvailles. Le plus gros montant que Frederick s’est fait en revendant sa ferraille est de 80$ pour 870 lb d’acier.
Après mon heure de pêche, je repars pour ma part avec un vieux clou de chemin de fer, mais surtout avec la satisfaction d’avoir dépollué une infime partie du canal de Lachine. Même si je n’ai pas l’intention de passer tous mes samedis matin à pêcher à l’aimant, j'avoue avoir adoré l’expérience.