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J’ai passé la nuit dans un labo du sommeil et voici comment ça s’est passé

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Photo portrait de Jean-Michel  Clermont-Goulet

Jean-Michel Clermont-Goulet

2023-06-02T11:00:00Z
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BILLET — Qui répondrait au téléphone lorsqu’un numéro masqué appelle à 21h15? Moi. Et c’était la chose à faire, puisque c’était un appel que j’attendais depuis un sacré bout de temps.

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Mais commençons par le début. Depuis plusieurs mois déjà, mon sommeil en prend pour son rhume. Je me réveille fatigué, bien souvent avec un léger mal de tête. C’est pourquoi ma médecin de famille a envoyé une requête non urgente à l’hôpital Charles-Le Moyne (HCLM), à Longueuil. 

«Soyez patient, M. Clermont-Goulet, parce que l’attente peut être longue», me disait-elle, en novembre dernier. 

L’attente a toutefois été moins longue que prévu. Par un soir de mai, une certaine Magalie, qui est inhalothérapeute en service au Laboratoire de sommeil de l’HCLM, m’a lâché un coup de fil. Elle m’explique qu’une patiente ne s’est pas pointée pour son rendez-vous nocturne. 

«Si vous pouvez être là dans la prochaine heure, ça serait parfait», me dit-elle au bout du fil, ajoutant que je suis la 17e personne à qui elle téléphone. 

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Je saute donc sur l’occasion et je quitte la maison. À 21h59, je suis dans l’ascenseur. Je monte verse le 6e étage de l’hôpital pour passer ma polysomnographie.

Avant le dodo

Après avoir «bordée» une autre patiente, Magalie vient me chercher et me dirige à la chambre où je passerai la nuit. Elle en profite pour me remettre un questionnaire sur mes habitudes de sommeil.

Ma chambre, le temps d'une nuitée à l'hôpital pour passer une polysomnographie.
Ma chambre, le temps d'une nuitée à l'hôpital pour passer une polysomnographie. PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures

Une fois les papiers remplis, le fun commence. L’inhalothérapeute joue à «Je te colle du stock dans les cheveux, sur le chest et dans la barbe». 

Avant de me brancher, Magalie me fait des marques au crayon sur le crâne. Elle m’enduit ensuite de la pâte collante pour tenir en place les électrodes qui lui permettront plus tard de savoir quand je dors et, si je dors, dans quel stade de sommeil je me trouve. 

Un aperçu de ce que j'avais l'air, une fois les électrodes installées ici et là sur le haut du corps.
Un aperçu de ce que j'avais l'air, une fois les électrodes installées ici et là sur le haut du corps.

Une fois la dizaine d’électrodes bien en place, Magalie me laisse seul quelques instants. Je prends alors quelques selfies dans le miroir et je me prépare à aller au lit. 

Magalie revient ensuite, alors que je suis étendu dans mon lit, et elle m’installe des électrodes sur les tibias, pour surveiller les mouvements de mes jambes, et deux ceintures bien serrées au niveau du ventre et du thorax, pour analyser ma respiration.

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PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures
PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures

«On fait un test complet pour voir l’architecture de ton sommeil et s’il y a autre chose que la respiration qui peut déranger», m’explique l’inhalothérapeute. 

Il faut savoir que bien que la majorité des patients qui se pointent au labo consultent pour de l’apnée du sommeil, certains s’y rendent aussi pour des troubles du rêve ou du somnambulisme, notamment.

La nuitée

Après 45 minutes à m’installer, je suis enfin prêt à dormir. Mais j’ai peur de ne pas réussir à trouver sommeil. 

Magalie me rassure : si je suis toujours éveillé au bout d’une heure, elle pourra m’offrir une dose de zopiclone. C’est un somnifère «qui permet de partir et d’oublier où vous êtes et tous les fils qui vous suivent», précise-t-elle. «L’important, pour moi, c’est que vous dormiez bien», ajoute-t-elle.

Magalie, l'inhalothérapeute en fonction, s'est portée volontaire pour me photographier à travers la lentille de la caméra de ma chambre qui m'observera durant la nuit.
Magalie, l'inhalothérapeute en fonction, s'est portée volontaire pour me photographier à travers la lentille de la caméra de ma chambre qui m'observera durant la nuit. PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures

Après avoir fait quelques tests physiques (fermer les yeux, ouvrir les yeux, regarder à gauche et à droite, bouger les pieds, etc.), on ferme enfin la lumière. Il est 23h33.

Je ne m’endors pas tout de suite. Je mets ça sur le dos de l’adrénaline – dormir à l’hôpital, c’est différent qu’à la maison –, mais aussi du bruit de la ventilation. Le temps me paraît long. 

Alléluia! Je m’endors enfin. Je me réveillerai quelquefois durant la nuit, mais rien de dramatique.  

Réveil

Il est 5h45. Magalie me réveille doucement. Ma polysomnographie est terminée et l’experte me retire (sans douceur) toutes les électrodes de sur la tête et sur le corps. Je crie intérieurement et me rhabille. 

Je ne me sens pas trop fatigué, mais j’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup dormi. Je suis aussi persuadé d’avoir mis une éternité à tomber dans les bras de Morphée, comme je l'indique dans le questionnaire matinal qu'on m'a remis. 

Questionnaire matinal que tout patient doit remplir à son réveil.
Questionnaire matinal que tout patient doit remplir à son réveil. PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures

Mais pas du tout. 

«Tu t’es endormi dans les temps moyens [soit entre 15 et 20 minutes]. Par contre, tu as eu quelques blocages durant ta nuit, mais rien de grave», m’assure Magalie. 

Rassuré, je souris. Je salue ensuite Magalie et je sors de l’hôpital. J’aurai les résultats de ma polysomnographie d’ici deux mois. Il est 6h11. 

Moi et ma face de «je viens de vivre quelque chose d'unique en son genre», en sortant de l'Hôpital Charles-Lemoyne à Longueuil.
Moi et ma face de «je viens de vivre quelque chose d'unique en son genre», en sortant de l'Hôpital Charles-Lemoyne à Longueuil. PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures

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