Jacques Villeneuve: «Le rêve d’une équipe, c’est d’avoir une femme qui va vite»

Mylène Richard
L’opinion de Jacques Villeneuve devant la F1 Academy est mitigée. Heureux de voir des pilotes féminines accéder plus facilement aux sports automobiles, il se demande quel est le principal objectif de cette série réservée aux femmes.
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Selon la directrice générale de la F1 Academy, Susie Wolff, le but est de voir une femme régulièrement au volant d’une Formule 1 d’ici 2030.
«Le rêve d’une équipe [de F1], c’est d’avoir une femme qui va vite, parce que c’est le double de commanditaires côté business», a avancé Jacques Villeneuve.
Pourtant, il n’y a eu que cinq femmes qui ont participé à une course officielle de F1 entre 1958 et 1992.
Pour atteindre l’objectif avoué de Wolff, Villeneuve se demande si le sport automobile doit être un sport mixte ou non.

Peu de participation
À son école de pilotage à Magny-Cours, en France, Villeneuve a vite réalisé qu’il y a d’abord un manque de participation féminine.
«Il y a une ou deux filles qui viennent par an. Déjà, il n’y en a pas assez. S’il y a 1000 gars pour une fille, ce sera plus facile de trouver du talent chez les 1000 gars», dit-il.
Wolff est d’accord avec cette affirmation, «puisqu’il est difficile même pour les hommes d’obtenir l’une des 20 places sur la grille de départ en F1 [22 la saison prochaine]». Elle observe cependant une nouvelle tendance.
«Je passe beaucoup de temps près des pistes car mon fils a commencé à piloter. Je n’ai jamais vu autant de filles courir. J’ai souvent été la seule. Maintenant, les filles me disent qu’elles s’en viennent en F1 Academy», a relaté Wolff samedi lors d’un panel féminin organisé lors du Grand Prix du Canada.
Toutes les femmes réunies croient que c’est en ayant des modèles à qui s’identifier que les jeunes filles rêveront d’une carrière dans le monde sportif.
Pour y parvenir, la présidente de l’équipe de soccer des Roses de Montréal, Annie Larouche, souhaite qu’on «donne aux athlètes féminines les mêmes outils, opportunités, budgets et visibilité que les hommes».

«C’est possible»
Déjà, il y a un pas dans la bonne direction, d’après Villeneuve, puisque les pilotes de la F1 Academy sont rémunérées, alors que «les garçons de leur âge [entre 16 et 25 ans] payent pour courir».
Pour l’ancien pilote québécois, il y a des différences physiques et psychologiques entre les hommes et les femmes. Un argument que la pilote française Doriane Pin et Wolff rejettent.
«Chaque fois qu’on met un casque sur la tête, on se bat pour la même chose, pour gagner des courses et des championnats», a soutenu celle qui s’est emparée de la tête du classement grâce à sa victoire samedi.
«J’en ai conduit une, Formule 1, et c’est possible», a assuré Wolff, qui a participé à une séance d’essais libres du Grand Prix de Grande-Bretagne en 2014, sur le prestigieux circuit de Silverstone.

Seulement deux ans
Pour l’instant, les femmes ne peuvent conduire leur Formule 4 en F1 Academy plus de deux ans, et d’après Villeneuve, ça prend plus que ça pour former un pilote de F1 et en faire une vedette.
«Est-ce qu’il faudrait continuer avec une Formule 3, une Formule 2 féminine? Pourquoi pas», propose-t-il.
Après leur passage en F1 Academy, certaines pilotes ont poursuivi leur cheminement avec les hommes dans des catégories supérieures et d’autres sont membres de programmes de développement pour des écuries de F1.

▶ À sa troisième saison, la F1 Academy s’est arrêtée à Montréal pour la première fois ce week-end. La Française Doriane Pin, l’Autrichienne Emma Felbermayr et l’Américaine Chloe Chambers ont signé des victoires sur le circuit Gilles-Villeneuve. La série sera de retour au moins jusqu’en 2028.