Ingérence chinoise: Trudeau s’en prend au Service de renseignement

Anne Caroline Desplanques
Dans l’eau chaude quant à l’ingérence chinoise dans les élections, Justin Trudeau reproche au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) de vouloir dicter aux partis quels candidats ils peuvent ou non accepter dans leurs rangs.
• À lire aussi: Ottawa interdit TikTok des téléphones du gouvernement dès mardi
• À lire aussi: La comparution de la cheffe de cabinet de Trudeau réclamée
« Dans une démocratie libre, ce n’est pas à des agents non élus des services de renseignement de dicter aux partis politiques qui peut ou non se présenter à une élection », a critiqué le premier ministre hier.
Il défendait ainsi son député Han Dong, élu dans Don Valley North (Toronto), en 2019, puis réélu en 2021, et qui aurait bénéficié de l’ingérence chinoise, selon Global News. D’après la chaîne, le SCRS a avisé le Parti libéral de ses inquiétudes à l’égard de M. Dong, trois semaines avant le scrutin, en vain.
Bombardé de questions, lundi, M. Trudeau a plutôt choisi de brandir l’épouvantail du racisme antichinois que les reportages des dernières semaines alimentent à ses yeux.
Le député Dong a, lui, nié en bloc et a déclaré qu’il soutenait « tous les efforts factuels des parlementaires » pour enquêter sur cette affaire. Pas un mot toutefois, ni de sa part ni de celle du premier ministre, en faveur d’une enquête publique indépendante.
Trudeau estime que les témoignages faits cette semaine en comité parlementaire de sa conseillère à la sécurité nationale et au renseignement, Jody Thomas, et de son ex-conseiller de la politique étrangère et de la défense maintenant sous-ministre aux Affaires étrangères, David Morrison, suffiront.
- Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h via QUB radio :
Enquête publique réclamée
C’est cependant insuffisant pour le NPD et le Bloc Québécois, qui réclament tous deux une enquête publique. L’opposition du gouvernement à une telle enquête est « injustifiée et déconcertante », estime le chef néodémocrate, Jagmeet Singh.
« La façon de mettre fin à la prétendue ingérence secrète de la Chine est de refuser de garder leurs secrets pour eux, a-t-il déclaré. Une enquête publique totalement indépendante et non partisane est le moyen de faire la lumière dans l'ombre. »
Les deux partis d’opposition rejoignent ainsi l'ex-chef du SCRS, Richard Fadden, l'ex-directeur général des élections Jean-Pierre Kingsley et l’ex-directeur général des opérations de renseignement au Centre de la sécurité des télécommunications (CST), Artur Wilczynski, qui ont tous réclamé une enquête publique.
Même l’ex-conseiller de Justin Trudeau, Gerald Butts, secrétaire principal du premier ministre jusqu’au scandale SNC-Lavalin, réclame désormais une enquête publique.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.