Ingérence étrangère: des rumeurs, d’après le sous-ministre des Affaires étrangères

OTTAWA – Le sous-ministre des Affaires étrangères, David Morrison, discrédite les allégations d'ingérences chinoises dans nos élections indiquant qu'elle sont basées sur des «rumeurs». 

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M.Morrisson siège sur le panel de hauts fonctionnaires chargés de surveiller les menaces à l’intégrité de nos élections. Il reçoit tous les jours depuis cinq ans les rapports du Service canadien du renseignement et de sécurité (SCRS) au sujet de l’ingérence étrangère.

Devant le comité permanent de la procédure et des affaires de la chambre qui étudie le dossier en urgence, bien qu’il ait admis l’existence de tentatives d’ingérence, il a déclaré que les renseignements fournis par le SCRS ne sont qu'une source d'information parmi d'autres que le gouvernement consulte pour prendre des décisions.

«Le renseignement n'est pas la vérité», a-t-il dit ajoutant que les informations fournies par les services secrets sont souvent «imprécis, partiels, incomplets».

L’affirmation a fait sursauter la députée bloquiste Christine Normandin.

«Ça me donne presque l’impression que vous vous substituez à l’expertise du SCRS», a-t-elle réagi, interloquée.

Mais M.Morrisson n’a pas cillé faisant même plusieurs fois le parallèle avec la guerre en Irak, déclenchée sur la base de renseignements inexacts qui laissaient croire que le pays détenait des armes de destruction massive.

C’est en s’accrochant à ce type d’analyse que le panel chargé de surveiller les menaces à l’intégrité de nos élections a conclu que «les organismes de sécurité nationale ont constaté des tentatives d’ingérence étrangère en 2019 et en 2021, mais pas suffisamment pour remplir les critères selon lesquels l’intégrité de l’élection était compromise». 

Élection Canada enquête

Ceci n’a pas empêché Élection Canada d’ouvrir une enquête sur l’ingérence étrangère dans les deux derniers scrutins fédéraux.

Caroline Simard, commissaire aux élections fédérales, a indiqué qu’Élection Canada avait reçu 158 plaintes relatives au scrutin de 2019 et 16 concernant celui de 2021.

Mme Simard a souligné que l’enquête d’Élection Canada est menée de façon «impartiale et indépendante» du gouvernement. Elle déterminera s’il y a eu violation de la Loi électorale, ce qui constitue un acte criminel.

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Registre des agents étrangers

Le gouvernement maintient pour sa part prendre l’enjeu au sérieux et le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a réitéré qu’il envisageait la création d’un registre des agents étrangers, similaire à celui de l’Australie, une idée évaluée depuis 2021.

«Nous envisageons d’améliorer notre boîte à outils, et cela comprend un registre des agents étrangers», a déclaré M.Mendicino, en marge d’un point de presse à Halifax. 

En 2018, l’Australie a adopté le Foreign influence and transparency scheme act qui comprend un registre accessible au public. Les gens travaillants pour des gouvernements étrangers doivent obligatoirement s’y inscrire sans quoi ils peuvent être tenus criminellement responsables.

Devant le comité de la procédure et des affaires de la chambre, le directeur du SCRS, David Vigneault, a déclaré qu’un tel registre serait un outil «important», un «outil de plus pour la transparence», mais qu’il ne «règlerait pas tous les problèmes».

M.Vigneault a précisé que nous faisons face à une machine d’influence, de propagande, et d’ingérence gigantesque disposant d’un budget supérieur au ministère chinois des Affaires étrangères : le Département du Travail Front Uni chinois (DTFU).

Ce réseau international d’influence du Parti communiste chinois a été mis en place pour faire avancer les intérêts du régime dans le monde.

«Pékin se sert du DTFU pour étouffer les critiques et infiltrer les partis politiques étrangers, les diasporas, les universités et les multinationales, explique le ministère de la Sécurité publique. Diverses techniques sont utilisées, y compris les dons politiques, les voyages payés en Chine, la flatterie, ainsi que la cooptation de politiciens du monde entier.»