Ingérence chinoise: deux rapports font état d’un «large réseau de financement clandestin»
Raphaël Pirro
Justin Trudeau a nié en bloc, mercredi, les révélations de Global à l’effet qu’au moins deux rapports confidentiels préparés avant et après les élections fédérales de 2019 l’ont informé d’un «large réseau de financement clandestin» opéré par l’État chinois en faveur de certains candidats.
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«Nous n’avons aucune information sur quelconque candidat fédéral recevant de l’argent de la Chine, et cela continue d’être le cas», a indiqué le premier ministre en réponse au chef conservateur pendant la période de questions.
Un des deux rapports obtenus par Global, préparé par le Bureau du conseil privé en janvier 2022, suggère que le consulat chinois de Toronto contribuait financièrement à la campagne d’un candidat à travers un de ses employés.
Ce document a été spécifiquement préparé à l’intention de Justin Trudeau et de sa garde rapprochée, voulant dire qu’il est fort peu probable qu’il n’en ait jamais eu connaissance.
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«C’est impossible» qu’il n’a pas été informé, a rétorqué le chef conservateur Pierre Poilievre, «parce que non seulement son propre bureau a préparé un mémo pour lui, selon lequel des candidats ont reçu des fonds, mais même son comité de sécurité [qu’il a mis sur pied]» lui en a fait part.
M. Trudeau a martelé son point pendant près d’une heure, malgré les tirs groupés des conservateurs, des bloquistes et des néodémocrates.
Plus tôt en journée, le premier ministre a complètement évité les questions des journalistes et s’en est remis au «rapporteur spécial» qui doit être nommé prochainement.
«Comme j’ai dit, on est régulièrement mis à jour par nos services de renseignement et de sécurité sur les différentes menaces à la communauté chinoise, à nos institutions et nos démocraties, et on agit toujours quand c’est nécessaire», a déclaré M. Trudeau lors de la mêlée de presse relativement agitée.
Le député libéral de l’Ontario, John McKay, a tenu des propos tranchants à la ligne tenue par son chef, qualifiant la Chine de «menace existentielle pour le Canada à plusieurs niveaux».
«Nous devons, en tant que nation, faire face au désir du gouvernement chinois de nous transformer en États vassaux», a-t-il déclaré aux journalistes.
Le gouvernement Trudeau doit nommer d’ici peu le rapporteur spécial, un «éminent Canadien» qui aura la tâche de trancher si oui ou non le gouvernement doit mettre sur pied une enquête publique et indépendante.
Les partis d’opposition réclament tous la mise sur pied d’une telle enquête, mais l’option a été écartée par le gouvernement Trudeau jusqu’ici.