Indiana Jones et le cadran de la destinée: un hommage nostalgique à Indiana Jones

Isabelle Hontebeyrie
Le nouveau film de la série Indiana Jones, avec Harrison Ford effectuant son grand retour, a les défauts de ses qualités... ou les qualités de ses défauts.
Pas de doute, dès les premières images, on retrouve un Indiana Jones des années 1980: Harrison Ford, chapeau vissé sur le crâne faisant claquer son fouet contre des nazis. Même les rides ont disparu grâce (ou à cause) aux effets spéciaux de rajeunissement; pas tout à fait au point, avouons-le.
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L’intrigue, création des scénaristes Jez Butterworth, John-Henry Butterworth et David Koepp, avec un apport non négligeable du réalisateur James Mangold (Walk the Line ou Logan, pour ne citer que ceux-là), mélange agréablement tous les éléments qui ont fait d’Indiana Jones le héros moderne que l’on apprécie: des aventures archéologiques incroyables (et dans ce cas précis, un peu trop délirantes), de l’action, des méchants, un soupçon d’histoire d’amour, de l’humour, de l’autodérision et un rythme soutenu.
Tous les ingrédients sont donc là, mais James Mangold étire parfois un peu trop la sauce nostalgique, alors que ce Indiana Jones et le cadran de la destinée atteint quand même les 154 min!
Cette fois-ci, l’archéologue bourru s’est aperçu, en 1944, tout comme son rival nazi Jürgen Voller (Mads Mikkelsen, passé lui aussi à la moulinette informatique du rajeunissement), que la lance du Christ dérobée pour le führer était un faux. Quelque 25 ans plus tard, Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge), filleule d’Indy, le convainc de partir à la recherche d’un mystérieux cadran, la machine d'Anticythère, invention du mathématicien Archimède, laquelle possède des pouvoirs inexplorés... et dangereux.

En s’éloignant des intrigues «bibliques» tout en parsemant le long métrage de clins d’œil dirigés vers le premier film de la série, James Mangold semble hésiter entre hommage appuyé et nostalgie émue. La réflexion sur le temps qui passe, les regrets, la vieillesse et la mort est à la fois émouvante et répétitive, le cinéaste ne parvenant pas à s’extraire de ses adieux mélancoliques à ses héros d’enfance (Indiana Jones, Harrison Ford, Steven Spielberg et George Lucas) et jouant à fond sur l’aspect «fin d’une ère spielbergienne».
Car Indiana Jones n’évolue pas. Il traque les nazis, pourchasse les méchants à cheval dans le métro de New York, tempête contre ses jeunes voisins qui mettent les Beatles trop fort, et se complaît dans le renoncement et le regret d’une époque révolue.
Peut-être (sûrement) doit-on voir dans Indiana Jones et le cadran de la destinée un hommage teinté de chagrin à un héros dont on connaît la musique de film par cœur, à un style de réalisation en voie de disparition, à une intrigue classique, linéaire et sans (trop) de surprises, où le bien triomphe toujours du mal, et où le mal a la forme d’une croix gammée. Peut-être (sûrement) Harrison Ford dit-il «au revoir» à Indiana Jones avec tendresse. Et peut-être (sûrement), est-ce notre affection enfantine pour l’archéologue iconique qui nous fait éprouver un serrement de gorge à plusieurs reprises...
Note: 3,5 sur 5